La SCHPM poursuit sa descente aux enfers par l’entremise de son nouveau directeur général Athmane Benslimane pris en otage par son indigence managériale et les coups de boutoirs sournois de syndicalistes plus enclin à arrondir leur fin de mois que soucieux d’assurer la pérennité de cette entreprise publique.
En effet, ce gestionnaire, grisé probablement par un poste inaccessible à ses compétences vient d’attenter gravement à la souveraineté de l’entreprise en remplaçant, en date du 17 septembre 2018, son directeur des finances et de la comptabilité, cadre dirigeant de surcroît, par un employé s’occupant accessoirement de la comptabilité de l’hippodrome du Caroubier, au motif de «divulgation d’informations revêtant un caractère de secret professionnel ». Cette supposée faute professionnelle grave aux yeux du DG de la SCHPM n’est pas en fait pas si faute que cela. Car, le reproche fait à M. Yahou, le DFC, est tout simplement d’avoir alerté son directeur général en même temps que le ministère de tutelle à travers l’inspection générale, sur les voyants des finances de l’entreprise passés au rouge suite à la décision chevaleresque du DG, mais tout aussi inopportune que stupide, de procéder à une augmentation des salaires de 20%. Dans sa correspondance, le DFC, rappelle à son responsable hiérarchique que l’entreprise « présente des bilans comptables pour les années antérieures déficitaires, à juste titre le déficit de l’exercice 2017 représente le montant de 51 653 251,00 DA » et suggère le gel « de toutes les augmentations de charges de gestion ». Pour la petite histoire, cette doléance syndicale irresponsable n’a jamais eu l’écho escompté auprès du précédent DG qui estimait, à juste titre, qu’elle était de nature à compromettre la gestion financière de la SCHPM.
En l’occurrence, n’est-il pas pour le moins abusif de suspendre un cadre dirigeant, pour un tel motif, sans l’aval du Conseil d’administration (dissous à peine installé) ou du ministère de tutelle ?
Aux origines de la décision incongrue de procéder à un réajustement des salaires comme se complait à le claironner le syndicat UGTA de la SCHPM, une grève illégale, sans préavis, déclenchée par ces représentants des travailleurs et qui aura coûté à l’entreprise la bagatelle de près de 3 milliards de centimes en raison de l’absence de mises au pari mutuel urbain. D’ailleurs, dans sa réponse au syndicat d’entreprise qui l’accusait de « tentative de déstabilisation», le directeur général de la SCHPM, reconnaissait lui-même, que le « mouvement illicite et sournois (…) instauré auprès des travailleurs et des parieurs est inacceptable (…) et risque d’hypothéquer les salaires des employés puisqu’il provoque quotidiennement un manque à gagner très important »
PMU : la boîte de Pandore
Mais pourquoi donc, ce DG n’a-t-il pas recouru à la justice face à ce « mouvement illicite et sournois »? Qui devrait rembourser ce « manque à gagner très important » dont il parle dans sa missive au syndicat et qui est, en grande partie, en cause de la cessation de payement dans laquelle se trouve actuellement la SCHPM ? En vérité, cette grève cache un mal profond, endémique de la SCHPM, à savoir les malversations et les détournements qui grèvent régulièrement et quotidiennement les recettes du PMU. En procédant au remplacement d’un chef d’agence, celle communément appelée 1er Mai, en date du 21 novembre 2018, le DG de la SCHPM ignorait totalement qu’il venait de fourrer son nez dans un marécage nauséabond celui-là même qui freine tout développement durable de cette entité économique publique. Selon des documents en notre possession, il en ressort que les malversations y sont monnaie courante. Au point que les précédents responsables de la SCHPM, préféraient fermer les yeux afin d’éviter de démasquer les nombreux bénéficiaires et Dieu seul sait combien ils sont nombreux. D’autre part, le responsable de l’agence en question se trouve être un membre du bureau du syndicat d’entreprise ce qui, l’un dans l’autre, a poussé le syndicat UGTA à monter au créneau et contraint le DG à faire machine arrière. Parmi les agissements de ce chef d’agence, on peut citer les grandes lignes d’un rapport d’une commission d’audit où il reconnaît que les recettes du journal La Course, des mois de juin et de juillet 2018 étaient bloquées à son niveau et s’engage à les verser, au plus tard le 6 septembre 2018. Comme justification, il admet avoir « donné des avances aux travailleurs qui n’ont pas perçu leurs salaires d’avant l’Aïd El Adha» : 101 125,00 DA sur les recettes de ventes du mois de juin et 114 900,00 DA sur celles de juillet. À titre de rappel, les recettes engrangées par le journal La Course durant la période août septembre n’avaient pas été versées au moment de l’audit interne effectué le 28 novembre denier. Cette pratique est légion à la SCHPM. De tout temps, responsables et subalternes se servent de ce cash, à leur guise, dans une impunité manifeste. Une sorte d’omerta existe parmi cette faune puisque les audits internes n’ont jamais abouti à démasquer les auteurs de malversations ou de détournements et l’astuce, puérile, est toute simple : exemple, un trou de caisse apparu au niveau d’une agence quelconque est vite «colmaté» en reversant le solde depuis une autre agence et ainsi de suite.
Dans un autre compte-rendu au précédent directeur général, daté du 8 juillet 2018, on peut lire notamment : (…) des bordereaux ont été purement et simplement falsifiés, à titre d’exemple, le bureau auxiliaire N°16 relevant de l’agence PMU du 1er Mai, des mises engagées ont été supprimées lors de plusieurs journées PMU, ce qui implique qu’elles ont été détournées, de même que le bureau auxiliaire N°19 qui a, quant à lui réduit des grosses mises engagées (…) un ticket été joué à 2650,00 DA, mais le buraliste n’a porté sur le ticket de contrôle que la somme de 60,00 DA (…)» . Manque de pot, ce ticket s’avéra «gagnant » lit-on encore dans cette correspondance élaborée par un assistant du directeur général chargé de la reconstitution des recettes.
Dans un autre rapport, ce dernier parle des «innombrables malversations dont ne cesse de s’illustrer l’agence PMU du 1er Mai dont le chef use et abuse de son autorité pour transgresser en toute impunité les lois et les règlements qui régissent la bonne gestion(…) et qui vient de récidiver en gonflant les commissions revenant aux buralistes, qui ont dégagé un écart positif de 5 503,40 DA et de 27 490,00 DA pour les mois de janvier et de février 2018, (…) cela s’appelle un détournement purement et simplement, car en aucun cas il ne devrait avoir lieu d’un excédent dans le montant à verser, car ces commissions obéissent à des critères bien définis(…)» Et le chargé de la reconstitution des recettes de s’interroger : «comment se fait-il qu’on ait procédé aux payements des commissions des buralistes, alors que le chef d’agence et le directeur du PMU sont tenus comptables de la vérification minutieuse des ces opérations ? ». On peut y voir clairement une collusion entre le directeur du PMU et le chef d’agence, mais les choses ne sont pas si simples que cela. Sur la vingtaine d’agences PMU de la SCHPM, la majorité écrasante de leurs responsables (chefs d’agences) font partie des organes du syndicat d’entreprise UGTA.
Et Athmane Benslimane, l’actuel directeur général n’est pas sans savoir l’embrouillamini instauré autour de la gestion des agences PMU et le truchement du syndicat UGTA dans cette opacité ambiante. Son revirement, en se déjugeant et en maintenant le chef de l’agence du 1er Mai à son poste après l’avoir dégommé une vingtaine de jours auparavant, est explicite quant à sa complaisance, malgré lui, avec ces pratiques frauduleuses. Au point où il déclara, un jour, devant ses cadres : je ne suis ni flic, ni gendarme pour les arrêter. Rien que cela ! Un protecteur, alors ? Gravissime, un directeur général méconnaissant affreusement son rôle à la tête d’une entreprise publique ! À telle enseigne qu’il co-signa, le 20 décembre dernier, une note de service destinée à la direction de l’administration générale conjointement avec…le secrétaire général du syndicat d’entreprise ! Un mode de gestion inédit «importé» probablement de la fédération équestre algérienne où il sévissait depuis plusieurs années déjà avant d’atterrir à la SCHPM.
Pour preuve, un scandale relatif à l’agence PMU de Sidi-Bel-Abbès, survenu à peine avant sa nomination à la tête de la SCHPM et dont il a été informé en date du 18 novembre dernier, semble connaître le même dénouement que les précédents, à savoir, silence radio et extinction des lumières. Dans sa correspondance à son DG, le responsable de la cellule de contrôle et reconstitution des recettes explique au sujet du bureau auxiliaire N°1 de l’agence de Sidi-Bel-Abbès «qu’un écart important dans le montant arrêté (…) sur 23 jours» a induit, «après un état de rapprochement, un préjudice financier de 56 850,00 DA, et cela s’entend avec la complicité du service de contrôle en raison d’une gestion catastrophique dans le suivi des séries des carnets PMU(…)». Et de s’inquiéter un peu plus loin : «si pour une micro agence(ndlr : celle de Sidi-Bel-Abbès) de tels cas frauduleux sont enregistrés, qu’en est-il des autres agences qui brassent des sommes d’argent plus importantes ?».
Au rythme où vont les choses, il y a tout l’air de penser que la liquidation financière et judiciaire de la SCHPM n’est pas loin. Et le sort des 700 travailleurs est plus que compromis. Vont-ils aller cultiver le kiwi sur le champ exotique de la ville de Corso ?
Ali Douib