Même si, en langage diplomatique les formes ont été respectées, il ne fait absolument aucun doute que c’est la Russie, de plus en plus impliquée dans la zone MENA, qui a décidé d’intervenir pour éviter qu’un nouveau brasier ne soit allumé dans cette zone, particulièrement sensible sur le plan géostratégique. Toujours est-il qu’au lendemain du discours belliqueux et guerrier fait devant sa soldatesque, menaçant même d’envahir la Libye si d’aventure le gouvernement d’union nationale, face à un maréchal Haftar en pleine déroute, venait à mettre pied dans la ville de Syrte. En dépit du soutien immédiat reçu de la part de l’Arabie saoudite, l’Égypte semble bel et bien avoir rétropédalé par rapport à cette folle et irréfléchie initiative. La chose a eu lieu subrepticement, si l’on peut dire, à la suite d’un entretien téléphonique entre les représentants des diplomaties russe et égyptienne. Ce revirement a, comme de juste, été soigneusement enveloppé dans des formules diplomatiques balancées à l’emporte-pièce. Il est ainsi rapporté que « dans le cadre d’une conversation téléphonique à l’initiative de l’Égypte, le ministre russe des Affaires étrangères a discuté avec son homologue de la situation actuelle en Libye, ainsi que du processus de paix israélo-palestinien et des relations entre l’Égypte et l’Éthiopie», fait savoir son administration. Et d’enchaîner pour dire que « le ministre russe des Affaires étrangères a discuté avec le chef de la diplomatie égyptienne de la situation en Libye, lors d’un entretien téléphonique. Ils ont réfuté toute solution militaire concernant la crise libyenne et dénoncé l’absence d’alternative à la cessation des hostilités», fait savoir le ministère russe des Affaires étrangères. «Les ministres ont échangé des vues sur la situation en Libye, soulignant une impossibilité de toute solution militaire et l’absence d’alternative à la cessation immédiate et durable des hostilités par les parties en conflit et l’ouverture d’un dialogue avec toutes les parties libyennes pour négocier des accords universellement acceptés sur tous les aspects du règlement, dans le cadre des conclusions de la conférence de Berlin», indique le message du ministère russe. À suivre…
Kamel Zaidi