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Mémoires du combattant Abdelkader Blidi, du Commando Ali Khodja : Récit d’un vécu dans les maquis de la Liberté

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C’est à travers un livre, racontant, par des expressions simples, son vécu et ses souvenirs, sur ce qu’a été son combat, et à travers lui, celui des algériennes et algériens contre la nuit coloniale, que Abdelkader Blidi a voulu contribuer, à entretenir la mémoire collective de son peuple, la lanterne de celui-ci, comme le souligne-t-il, pour façonner son présent, afin d’aller à la rencontre de son avenir.

C’est ce qu’ a voulu transmettre, Abdelkader Blidi, dit Si Mustapha, en livrant son vécu individuel et son témoignage sur son parcours de combattant du commando Ali Khodja, dans son livre «Dans les maquis de la Liberté» ses mémoires recueillis, par notre confrère Ait Mouhoub Mustapha et parus ,samedi dernier aux Editions, Rafar. À 77 ans,Si Mustapha Blidi se souvient comme hier, des réveils de sa mère, avant el fadjr, (l’aube :ndlr) pour aller rouler des quintaux de couscous chez Ricci, un fabricant de pâtes alimentaires, un colon établi à Blida. De son père, qu’il n’a connu que son ombre, il ne garde que le colonisé trimant, sans relâche, chez le colon, qui ne lui assurait ni gite ni logis, mais bien plus, un salaire de misère et dormait à même le sol qu’il neige ou il qu’il pleuve. De ses souvenirs des dures conditions de la nuit coloniale, dans lesquelles était plongée sa famille, il raconte, que son père « dut un jour, affronter une meute de chacals pour une portion de territoire», un père qui ne pouvait s’offrir des moments avec ses enfants, dont Abdelkader ou de les câliner. Et pour cause, raconte Mustapha, «il venait une fois par quinzaine, voire une fois par mois. Je ne l’ai donc pas suffisamment connu pour lui dire les mots que les enfants disent à leur père, ni entendre de lui la voix grave qui apaise les tourments enfantins. ». Autre fait marquant, qui met à nu, encore une fois, à travers ce récit, la laideur du visage des bienfaits de la colonisation, discours que persistent à entretenir, de l’autre côté de la Méditerranée les nostalgiques de «l’Algérie-Française», la gifle du policier Raymond, représentant les autorités coloniales françaises en Algérie. Privé des heures d’instructions comme du savoir et aussi des cris et jeux d’enfants dans les cours de récréation, l’enfant Abdelkader, s’est vu collé par ce flic , une gifle, pour l’avoir tutoyé, lui qui ne connaissait pas les règles des bonnes expressions de politesses en langue française, pour lui répondre, quand il lui demanda ses papiers. Une gifle qui, à la lecture de cet épisode de sa vie, nous laisse découvrir et sentir la profondeur blessure, qu’elle a laissée en lui, comme il ne cesse de l’exprimer. « Cette gifle m’a donné à réfléchir sur le comment et le pourquoi » pour que cesse les souffrances que fait subir la nuit coloniale, sur lui et sa petite famille ainsi que sa grande famille, le peuple algérien. Et c’est toujours, dans un style attrayant et captivant choisi par notre confrère , le journaliste Ait-Mouhoub Mustapha, pour raconter, l’enfance d’Abdelkader Blidi, puis son adolescence, marquée par sa prise de conscience de sa condition de colonisé, le plongeant dans les bras du militantisme du mouvement nationaliste, puis dans la révolution algérienne. N’étant pas à sa première expérience, connu pour sa passion et de l’intérêt particulier qu’il porte à l’Histoire du mouvement national algérien et de la Guerre de libération, notre confrère, Ait-Mouhoub a eu, à recueillir, avec le journaliste Zoubir Khelaïfia, les mémoires de Mohamed Boudaoud, plus connu sous le nom Si Mensour, responsable de l’armement et logistique au Malg, dans un livre, titré «Les rames de la Liberté», paru, en 2015, aux Editions Rafar. Ouvrage très intéressant et riche de faits historiques, qui a été précédé par un autre, sur les mémoires d’Aït Mehdi Mohamed Amokrane, titré « le dur et invraisemblable parcours d’un combattant», paru en 2012, et recueillis aussi par Mustapha Ait-Mouhoub, Et même si l’expérience est bien là, Si Mustapha a tenu à repartir sur les lieux, témoins de son histoire et celles des autres combattants et martyrs, avec celui qui allait écrire son histoire, « pour qu’il (Mustapha Ait-Mouhoub ndlr) pétri de ce qui se dégageait de ces lieux » comme nous l’a souligné, Si Mustapha Blidi, samedi dernier, à l’occasion de la sortie de son livre. Des lieux, encore témoins de l’histoire individuelle de chaque combattant de la révolution algérienne, martyr où encore vivant, lesquelles histoires individuelles font la Grande histoire de la lutte du peuple algérien pour son indépendance. Le Militant et combattant, Adelkader Blidi, n’a cessé de relever samedi dernier, à l’occasion de la sortie officielle de ses mémoires « dans les maquis de la Liberté » qu’il avait apporté sa «modeste» contribution, dans sa lutte, avec bravoure et parfois aussi avec faiblesses, d’un homme combattant, comme tant d’autres moudjahidine, dans les différentes régions d’Algérie, pour atteindre le soleil de la liberté. Et c’est en se dressant arme à la main, face à l’occupation française, que les glas ont sonné la fin de la nuit coloniale, en Algérie, et la plus grande gloire revient, comme l’a souvent rappelé, notre interlocuteur, «aux martyrs connus et anonymes tombés aux champs d’honneur, de la liberté et la dignité» selon les propos de Si Mustapha Blidi.

Du colonisé au maquisard combattant dans le Commando Ali Khodja
Ayant été dans une famille pauvre, un enfant éveillé et observateur de son environnement direct, celui qui a refusé d’être traiter par une gifle, du simple fait qu’il ne connaissait pas la langue de Molière, car le système colonial français lui a fermé les portes de l’école au nez, lui, l’enfant indigène, et comme l’écrit le poète et homme politique martiniquais, Aimé Césaire: «Il n’y a pas de colonialisme sans racisme», peu de temps après, Blidi est militant dans les rangs du PPA, il passe à l’action dans sa ville natale, Blida, dans une opération «périlleuse», comme il le raconte. Avec un rappel précis des détails de cette opération au centre de la ville des Roses, précisément au Palais de Justice, il mène son attaque contre un militaire français, l’étrangla puis s’empara de son arme.
Si-Abdelkader Blidi entame, par la suite, une autre étape de son chemin, vers la liberté et l’indépendance de l’Algérie, celle du maquis, là où allait naître le commando Ali Khodja. Né en 1935 à Blida, Mustapaha Blidi a fait son apprentissage du nationalisme auprès de Souidani Boudjemâa et Tayeb Djoughlali, et intégra vite les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) de la Zone VI, pour rappel, future Wilaya IV, conduite par le colonel Amar Ouamrane, et connaîtra les péripéties du combat avec le commando Ali Khodja.
Étant l’un des derniers survivants du commando Ali Khodja, Abdelkader Blidi a rendu un vibrant hommage au martyr Ali Khodja, plaidant par la même occasion pour l’«entretien de la Mémoire», notamment par sa transmission aux générations d’aujourd’hui et celles de demain, exhortant les actrices et acteurs encore vivants de la guerre de la Libération du pays à communiquer leurs histoires et souvenirs respectifs, afin, outre de l’écriture de l’Histoire du pays, mais aussi à perpétuer la mémoire de ceux qui ont sacrifié ce qu’ils avaient de plus cher, la vie, pour que le soleil de la liberté et de l’indépendance rayonne sur l’Algérie et son peuple. Dans son livre «Les Maquis de la Liberté» Blidi évoque certes ses compagnons d’armes dont des figures emblématiques et leaders de la Révolution algérienne, martyrs ou encore vivants, illustrant son ouvrage par des photos-documents, à l’instar colonel Hassan, chef de la Wilaya IV historique, Youssef Khatib, Lakhdar Bouregâa, commandant de la Wilaya IV, l’officier supérieur de l’ALN et responsable de l’armement et ravitaillement général pour la région ouest durant la Révolution, Mohamed Boudaoud, la moudjahida Baya El-Kahla et aussi Rabah Zerari, dit commandant Azzedine. Si le livre de Si-Mustapha Blidi nous plonge, à travers le récit de sa vie au cœur de la nuit coloniale glaciale, il raconte avec des mots simples les combats qu’il a menés avec ses compagnons d’armes, notamment dans les durs moments, où l’espoir et le rêve de voir l’Algérie indépendante ne leur ont jamais fait défaut.
Estimant que le témoignage de chacun «permettra d’apporter les informations nécessaires à même de faire des éclairages en rapport avec des périodes données», il a ajouté: «Et aux historiens de consigner toute cette mine de données dans des livres», lors de sa présentation de son livre, samedi denier à Alger. Celui qui a été privé des bancs d’école, durant la nuit coloniale, est convaincu «que faire connaître notre glorieux passé et notre combat pour se libérer du joug colonial passe par les établissements scolaires», nous a-t-il déclaré, citant notamment les lycées et les universités.
Il est nécessaire, selon lui, de «relater tout ce qui s’est passé aux jeunes, même ce qu’on considère comme des erreurs», car, a-t-il poursuivi, «ce sont des hommes et des femmes qui ont écrit les pages de cette Histoire, notre Histoire commune», a-t-il tenu à souligner.
La cérémonie officielle de la sortie du livre «Dans les Maquis de la Liberté», samedi dernier, a été un moment fort, notamment en émotions et des retrouvailles de ses compagnons d’armes figures emblématiques de la Révolution, encore parmi nous, à l’instar de Rabah Zerari dit « commandant Azzedine » et de Youssef Khatib, colonel Hassan, chef de la Wilaya IV historique, Lakhdar Bouregâa, commandant de la Wilaya IV, l’officier supérieur de l’ALN et responsable de l’armement et ravitaillement général pour la région ouest, Mohamed Boudaoud, la moudjahida Baya El-Kahla et des rescapés du commando Ali Khodja, ainsi que des personnalités médiatiques et des universitaires.
Karima Bennour

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