Alors que l’industrie pharmaceutique a connu une croissance de 17% durant les dernières années, la facture d’importation de ces produits classés dans le groupe des biens de consommation non alimentaires reste quant-à-elle salée! Selon un bilan établi par les services des douanes durant la période s’étalant de janvier à novembre 2018, cette facture s’est établie à 1 942 mds usd.
Comparant le montant de la facture à la même période de 2017 établi à 1 723 mds usd, la même source fait état d’une hausse de 219 millions usd soit de +12,7%. Une hausse qui intervient pourtant dans une conjoncture économique caractérisée par des mesures prises visant à réduire les factures d’importations, notamment, celles des médicaments. Cela intervient, aussi, au moment ou l’industrie pharmaceutique a atteint une croissance de 17%, passant de 473 millions de dollars américains en 2008 à près de deux milliards de dollars en 2017. À noter que la facture d’importation des médicaments a été réduite à deux milliards de dollars américains au lieu de cinq milliards de dollars en 2018. En vue de réduire la dépendance aux laboratoires étrangers, les autorités publiques se sont, également, fixées comme objectif d’atteindre 70% de couverture des besoins nationaux en médicaments en développant la production locale de tous les types de médicaments. Dans ce cadre d’idée, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mokhtar Hasbellaoui avait fait état début décembre de l’enregistrement de 354 projets en cours de réalisation, dont 92 destinés à la production de médicaments, ajoutant que 74 parmi ces projets sont à un stade très avancé de la production. Ces unités fabriquent, selon Hasbellaoui, des médicaments innovants et biotechnologiques, ainsi que d’autres médicaments destinés pour le traitement du cancer. Ces unités pharmaceutiques produisent également quelque 2 500 classes de médicaments, soit l’équivalent de 60% du total des médicaments enregistrés en Algérie. Le ministre de la Santé avait imputé l’essor de l’industrie pharmaceutique dans le pays aux facilitations mises en place par l’État. Selon lui, grâce à cette politique adoptée dans ce domaine, l’Algérie a réussi à couvrir 53% de ses besoins nationaux en termes de valeur, d’autant plus que dix producteurs nationaux sont parvenus à exporter vers des pays africains, voire même vers d’autres pays. Plus optimiste Hasbellaoui avait estimé que l’Algérie deviendra, en poursuivant cette cadence de production, un pôle pharmaceutique par excellence en matière de médicaments, sur le plan africain et que l’intérêt que porte l’État algérien pour le siège de l’Agence africaine des médicaments (AMA) en Algérie, n’en est que la concrétisation de cette démarche. À souligner que sur le terrain, toutefois, les beaux discours sont difficiles à croire, car la pénurie de médicaments reste la plus grande préoccupation des patients. La croissance de la production locale, d’un côté, et la hausse de la facture d’importations de l’autre, n’ont pas permis de résoudre ce problème, ce qui laisse l’opinion publique perplexe et la pousse à se poser milles et une question.
Ania Naït Chalal