La mise en marche de la machine judicaire, qui s’est soldée par la mise sous détention provisoire d’hommes d’affaires, d’ex-Premiers ministres et d’ex-ministres, est « une obligation dictée par la justice populaire», commente Me Abdelmadjid Sellini, bâtonnier au Barreau d’Alger, dans une déclaration, livrée avant-hier, au Courrier d’Algérie. «La mise en marche de la machine judicaire est un discours nouveau qui est prononcé par la justice. Cette dernière attendait qu’elle soit réconfortée dans son indépendance et sa liberté», nous a-t-il confié en marge de la cérémonie d’installation des nouveaux Premier président de la Cour suprême et Procureur général près la même instance judiciaire. Confiant quant à la crédibilité de la démarche entamée par les magistrats, Me Sellini explique qu’ «il est tout à fait normal que la justice se mette en marche. Il faut que toute personne impliquée dans des affaires de dilapidation de l’argent public soit traduite devant la justice». Autrement dit, la justice ne pourrait rester les bras croisés dans une situation où les personnes s’étant rendues coupables, ont causé «beaucoup de dommage à ce pays alors qu’ils étaient dans des postes de confiance et de responsabilité», dénonce notre interlocuteur. à noter, en ce sens, que les Algériens ont exprimé massivement, durant ces dernières semaines, leur désir de voir ceux qui sont responsables de détournement ou de dilapidation de l’argent public traduits devant la justice. Sur ce registre, pour Me Silini, «c’est normal que la machine judiciaire puisse faire exécuter les demandes de la justice du peuple», estime-t-il, ajoutant qu’«il appartient maintenant aux magistrats d’assurer leur mission en toute justice, équité et indépendance, puisque tous le monde est d’accord sur le fait qu’il y a eu des pratiques de dilapidation, de détournement et de mauvaise utilisation de l’argent public.»
Toutefois, le bâtonnier suggère que « le jugement des personnes présumées impliquées dans des affaires de corruption ou de dilapidation de l’argent public ne doit pas se faire dans la précipitation sous une quelconque pression.» C’est-à-dire, explique-t-il, «d’une part, la justice est aujourd’hui appelée à faire son devoir. Ce devoir doit se faire en toute indépendance et conscience des hommes de justice. Ils doivent assumer leur responsabilité pour que les véritables auteurs, ayant réellement volé, détourné, et même donné ou bénéficié des faveurs, pour dilapider l’argent du peuple, soient sanctionnés. De l’autre, nous demandons le respect de l’innocence de la liberté de ceux qui ne sont pas impliqués, d’une façon ou d’une autre. Et là, je pense que le peuple préserve et respecte leur innocence», a-t-conclu ce chapitre. Sur une autre préoccupation de la justice, le bâtonnier de l’ordre des avocats d’Alger a plaidé la recherche des voies et moyens judiciaires possibles en vue de récupérer l’argent public détourné. «La lutte contre la corruption est une question de première importance. La priorité c’est de récupérer l’argent du peuple car l’emprisonnement des coupables n’est pas une fin en soi. L’État doit maintenant chercher les meilleurs moyens pour récupérer ce qui a été détourné», a-t-il recommandé.
Mohamed Amrouni
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