La corruption est un crime qui est la conséquence d’une gestion politique. Elle sape la démocratie et l’État de droit, entraînant une violation des droits de l’homme, des droits civiques et sociaux. Pour connaître les démarches et mesures qui peuvent être prises afin de lutter contre ce fléau, en cette conjoncture particulière qui dessine l’avenir de l’Algérie de demain, maître Noureddine Benissad, président de la LADDH, a indiqué, hier, au Forum du Courrier d’Algérie, que « la corruption doit être vigoureusement combattue, car elle a des effets désastreux sur le développement de la société. Les fonds qui devraient servir à financer des écoles, des hôpitaux et d’autres services publics se retrouvent entre les mains de la mafia. C’est l’argent du peuple, il faut qu’il soit récupéré. »
D’emblée, et au-delà des personnes coupables, notre invité pointe du doigt certains textes de lois actuels portant sur la lutte contre la corruption. «Vous savez, si vous prenez des milliards et des milliards, vous n’aurez que dix ans de prison. C’est-à-dire vous pouvez encore en prendre !», analyse Me Benissad, qui poursuit : «Alors qu’auparavant, et avant que le président de la République ne change cette loi, c’était l’emprisonnement à perpétuité pour une somme d’un million de dinars détourné. Ces lois et le système politique sont basés sur la corruption», explique notre invité, qui explique de façon ironique cette pratique. Comme pour dire : «enrichissez-vous de quelque manière que ce soit, mais laissez-moi m’enrichir aussi ! C’est la même chose pour la corruption dans la politique. Aujourd’hui, il y a une intrusion de l’argent sale dans la politique. On achète des sièges pour devenir sénateur ou député, voire ministre.»
L’orateur est allé même plus loin, lorsqu’il a répondu à cette question, il a souligné qu’aujourd’hui « c’est avec l’argent sale qu’on finance les campagnes électorales. Il y a même des nominations de ministres avec l’argent sale», a-t-il dénoncé, avant d’ajouter que «pour lutter contre la corruption, il faut être propre. Donc, il faut éviter la chasse aux sorcières, car il ne faut pas qu’on refasse les pratiques de l’ancien système», dira dans ses propos l’avocat aux récentes opérations entamées contre des hommes d’affaires et qui ont été frappés d’une ISTN (Interdiction de sortie du territoire national). En plus, il faudrait que la procédure soit respectueuse de la voie juridique, sinon «il faut qu’on cesse d’emprisonner des gens avec un coup de téléphone pour lutter contre toutes formes de fraude et de corruption. Le système autoritaire produit des lois que lui-même ne respecte pas. Donc il ne faut pas qu’on tombe dans le piège. Le mouvement populaire doit être vigilant à tous les niveaux, vu que ce système est basé sur la corruption. Comme il est la négation de l’opposition et la négation du contre-pouvoir», a-t-il dit. En outre, interrogé sur les arrestations opérées parmi des jeunes manifestants lors de la marche historique du 22 février dernier, Noureddine Benissad souligne qu’effectivement il y a eu des cas dans la circonscription de Sidi M’hamed, à Alger, où 43 personnes ont été arrêtées pour attroupement avant le 22 février dernier, et non pour rassemblement qui est un droit autorisé par la Constitution. Mais après le 22 février, il n’y a eu aucune personne poursuivie pour attroupement », affirme notre interlocuteur, allusion à des marches grandioses auxquelles ont ne peut plus opposer une interdiction vu le nombre important d’Algériens et Algériennes qui manifestent depuis plus d’un mois maintenant.
Med Wali