Dans un Tweet publié sur sa page, le président français Emmanuel Macron a rappelé que : « À Paris, il y a 61 ans, la répression d’une manifestation d’indépendantistes algériens faisait des centaines de blessés et des dizaines de morts. Des crimes inexcusables pour la République. La France n’oublie pas les victimes. La vérité est le seul chemin pour un avenir partagé ».
Ces propos traduisent amplement la volonté du président Macron d’adopter une nouvelle vision sur l’histoire de la Guerre d’Algérie. Or, à ce jour, cette volonté, que doivent traduire des gestes forts, est toujours contrariée par l’attitude rétrograde de certains cercles français où se retrouvent les nostalgiques de l’Algérie française, des fascistes, des néo-fascistes et tous ceux qui gravitent autour de l’extrême droite incarnée par Le Pen et Éric Zemmour.
Les évènements du 17 octobre 1961 sont un crime contre l’humanité et un crime de guerre qui sont imprescriptibles avec le temps. Et cela le président français le sait parfaitement bien lui dont le pays a envoyé devant la Cour européenne et la Cour pénale internationale des responsables serbes ou encore rwandais pour soupçons de crimes contre l’humanité.
Il y a quelques années, le ministre de l’Intérieur de l’époque, Maurice Papon, responsable des massacres d’Algériens qui manifestaient pacifiquement pour l’indépendance de leur pays, avait bien comparu devant un tribunal. Officiellement, il était poursuivi pour sa supposée complicité dans la déportation de juifs vers les camps de concentration. Mais lors de son procès, on avait tout fait pour éluder sa responsabilité dans les massacres commis contre les Algériens le 17 octobre 1961. Même les tentatives des avocats des parties civiles d’utiliser cet argument dans leurs plaidoiries avaient été rejetées par le président du tribunal. L’attitude du président Macron, qui est encore à mille lieues de la repentance, mais qui constitue quand même une avancée considérable dans la perception, par la France officielle, de l’histoire de la Guerre d’Algérie. Sa volonté exprimée lors de sa dernière visite en Algérie de mettre sur pied des commissions communes pour exploiter les archives, aujourd’hui accessibles aux chercheurs est à saluer car elle permet d’avancer vers le chemin qui mènera vers une histoire commune libérée du poids des rancœurs et des douleurs.
Aujourd’hui, il s’agira pour la France officielle d’assumer son vœu d’aller vers l’ouverture d’une page d’amitié et de respect mutuel avec l’Algérie. Mais pour montrer sa bonne foi, il lui faudra dompter les voix de la haine qui continuent de pérorer, outre-mer et de considérer la présence française en Algérie et les crimes qui ont accompagné cette colonisation comme une œuvre de civilisation de tribus indigènes. Le 17 octobre 1961, des Algériens avaient manifesté pacifiquement à Paris pour l’indépendance de leur pays. La police française sur ordre de Maurice Papon n’a pas hésité à tirer à balles réelles sur les manifestants. Certains de ceux qui avaient tenté d’échapper au massacre ont été poursuivis jusque dans les bouches de métro et abattus de sang-froid. Et le pire de la sauvagerie a été atteint quand certains Algériens ont été jetés vivants dans la Seine où ils ont péri noyés. Ces crimes contre l’humanité, la France officielle et celle de droite les ont toujours considérés comme une simple opération de maintien de l’ordre. Emmanuel Macron a exprimé sa volonté d’ouvrir une nouvelle page dans les relations avec l’Algérie et pour construire un avenir partagé. Il a condamné les crimes coloniaux. Ce sont des gestes forts qu’il a fait mais ils restent encore insuffisants tant les blessures subies par les Algériens sont encore vivaces.
Slimane B.