La patronne du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a fait appel, hier, aux mêmes crédos habituels, afin de critiquer la politique d’«austérité», décidée par le gouvernement. Elle a aussi réagi aux recommandations du FCE, remises au Premier ministre, qu’elle qualifie d’«ultralibérales». Évoquant Benghebrit et les attaques, dont elle a fait objet, Hanoune l’assure de son soutien, aussi bien, d’ailleurs, que son projet de réforme. Ainsi, lors d’une énième conférence qu’elle a animée, hier, au siège de son parti, Hanoune est revenue sur le «Plan d’émergence de l’économie algérienne», remis par le FCE au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le 27 juillet dernier. Ce document qui renferme, rappelons-le, des mesures pour la construction d’une économie prospère, selon les indications de ses initiateurs, a été passé en revue par l’oratrice, tout au long de son discours. «C’est une politique criminelle», a-t-elle qualifié ce document, après avoir décortiqué son contenu, où elle a relevé que toutes les mesures, proposées par le FCE, appellent davantage, selon ses propos, au tarissement de la dépense publique au détriment des couches sociales défavorisées. Comment parle-t-on dès lors d’un développement axé sur «l’entreprenariat populaire ?», a-t-elle interrogé. Même si elle a affirmé n’avoir rien contre la petite personne d’Ali Haddad, président de lOrganisation patronale, elle n’a pas manqué de le considérer de «prétentieux». Et pour cause, Haddad s’«est targué» que son Plan a été accepté par Sellal, alors que ce dernier, qui s’est exprimé à travers un communiqué de son gouvernement, a précisé «étudier le document», a-t-elle accusé. En étoffant sa plaidoyerie contre le Plan de croissance du FCE, elle a affirmé ne pas être d’accord sur la proposition appelant le gouvernement à la création d’un fonds d’investissement, en faveur de l’entreprise privée, doté notamment d’une enveloppe de 10 milliards de dollars, comme l’indique le même document. Ce n’est pas tout, puisqu’elle a cité d’autres points tels que : la réforme fiscale, la levée des subventions de l’État des produits agricoles et de large consommation, la restructuration du secteur des hydrocarbures, des recommandations qui visent, selon elle, «à enrichir les entrepreneurs et à paupériser davantage les démunis». S’agissant des mesures arrêtées dans la LFC-2015 (Loi de finances complémentaires), la leader du PT a renouvelé les mêmes griefs à travers lesquels elle n’a cessé de déblatérer les choix du gouvernement. Des orientations économiques, qui, au moment où Sellal rassure mener un plan de restriction des dépenses publiques, Hanoune récuse ses propos en soutenant, quant à elle, qu’il s’agit bel et bien d’un programme d’austérité. Benghebrit «chahutée», le PT à sa rescousse Louisa Hanoune s’est exprimée sur la situation du secteur éducatif et la polémique née des réformes annoncées par Nouria Benghebrit, laquelle ministre, qui, faut-il le dire, n’a pas échappé aux critiques virulentes de ses détracteurs que la conférencière a qualifiées d’une «campagne féroce». D’ailleurs, elle a tenu à exprimer son soutien suite aux attaques, dont Benghebrit a essuyé, en raison de ses réformes «osées et courageuses», a-t-elle indiqué. En effet, entre autres mesures visant à la réforme du système éducatif, prônées par la ministre, il y a celle relative au volume horaire, annuel, fixé à 36 semaines, l’enseignement de l’arabe dialectal, dès le cycle primaire, ainsi que l’annonce de la généralisation de l’enseignement de tamazight à travers 20 autres wilayas du pays. Ce sont les quelques recommandations que l’on retrouve dans une liste de plus de 200 recommandations, issues notamment de la Conférence nationale de l’Éducation, tenue il y a une dizaine de jours. Pour Louisa Hanoune, le projet de la ministre est judicieux, sachant qu’il est basé sur des propositions émanant des experts et spécialistes du domaine et non pas d’essence «idéologique», comme l’ont qualifié certains acteurs politiques, a-t-elle argumenté. En ce sens, le débat autour de ces questions, impératives pour la réforme éducative, doit être ouvert aux spécialistes, habilités à traiter de ce sujet, a ajouté Hanoune. D’ailleurs, ces derniers préconisent des programmes scolaires, inspirés des recommandations de l’Unesco, mettant en avant, notamment, le principe de l’importance pour un enfant d’entamer sa scolarité avec sa langue maternelle, a-t-elle expliqué. Hanoune a révélé qu’elle a rencontré Benghebrit, il y a quelques jours. La ministre lui avait expliqué la teneur de son projet de réforme, telle que la question inhérente à l’enseignement des dialectes qu’elle défend bec et ongles.
Farid Guellil