Alors que les opérations de distribution de logements, sous les différentes formules, se multiplient, depuis plusieurs mois, le prix de l’immobilier reste toujours élevé. Et pour cause, le déséquilibre entre l’offre et la demande reste important malgré les multiples chantiers lancés par l’État.
Ainsi, selon le fondateur du site spécialisé en annonces de location de logements, «Lkeria.com», Lotfi Ramdani, le total de 200 000 logements livrés annuellement n’arrive pas à couvrir la demande estimée à 300 000 unités/an. «En Algérie, on n’arrive toujours pas à avoir une offre qui corresponde à la demande. Malgré toutes les formules lancées, telle que AADL, LPP, logement rural …etc. Le nombre de logements construits ne couvre pas la demande », a affirmé, hier, Lotfi Ramdani, dans un entretien téléphonique.
Pour lui, «en moyenne, l’Algérie construit 200 000 logements/an, mais la demande est estimée à plus de 300.000 par an». Affirmant que ce chiffre est basé sur le nombre de mariages annuels. Il a précisé, à cet effet, que le déficit est de 100 000 logements/an. Néanmoins, le déficit peut atteindre parfois les 150 000 unités en raison des retards de réalisation. Pour y remédier, notre interlocuteur a précisé que l’état ne peut plus être le premier promotteur immobilier. «Il faut réduire la pression sur l’État en œuvrant à accompagner le privé», a-t-il défendu, en estimant que «l’État n’arrivera jamais à satisfaire tout le monde». Donnant plus de détails sur la manière avec laquelle il faut accompagner le privé, le fondateur du site «Lkeria» a précisé qu’«il n’est pas question de l’accompagner financièrement, mais plutôt de faciliter l’accès aux crédits et au foncier». «Il n’est pas question d’aider le prometteur privé financièrement, mais plutôt de revoir la réglementation», a-t-il soutenu en citant l’exemple de la France où «il y a 400 000 logements construits annuellement, dont 350.000 sont réalisés par des promotteurs privés». Laisser le champ aux promotteurs privés permettrait, selon l’expert du marché immobilier, de «booster l’investissement dans le secteur et d’accroître le nombre de logements réalisés».
Redynamiser la formule location
De surcroît, Lotfi Ramdani a précisé qu’il est nécessaire de redynamiser le segment de la location, et ne pas se focaliser sur l’accès à la propriété, afin de réduire la pression sur le marché. Interrogé, d’autre part, au sujet du logement social, notre interlocuteur a estimé que celui-ci doit rester la propriété de l’état.
«Les couches les plus défavorisées sont toujours appuyées par l’aide de l’état, et ce, même dans les pays capitalistes», a-t-il jugé en considérant que le problème, en Algérie, est le fait que ce type d’aide au logement peut être «vendu, cédé et même hérité». Or que, la situation financière de l’individu change d’un jour à l’autre. «Une fois que le bénéficiaire n’est plus en détresse, il faut céder la place à d’autres», a-t-il argumenté.
Autrement, «le logement social doit rester la propriété de l’état»
Interrogé sur la crise du logement, Ramdani a refusé d’évoquer une «crise d’accès au logement» et préfère la designer comme étant une crise d’«accès à la propriété». Selon une étude réalisée par son site, «70% des Algériens se considèrent en crise de logements parce qu’ils ne sont pas propriétaires». Autrement, l’Algérie a beaucoup axé sur la propriété, tandis que le marché locataire peut être très attractif. Pour ce qui est des crédits immobiliers, notre interlocuteur a affirmé que «le seul problème dans ce dossier est la solvabilité de la personne». «Les prix de l’immobilier ont beaucoup augmenté et les salaires n’ont pas suivi», a-t-il noté en précisant, à cet effet, que «les chances de contracter un crédit sont très limitées en Algérie».
Lamia Boufassa