Le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale a décidé, lundi, de suspendre sa participation au dialogue parrainé par l’ONU pour tenter de trouver une solution au conflit en Libye. Il a annoncé sa décision sur sa page Facebook, en précisant qu’il en expliquerait ultérieurement les raisons. Mais il a précisé qu’elle intervenait «après les attentats terroristes de vendredi à Al-Qoba (est)» qui ont fait plus de 40 morts et ont été revendiqués par la branche libyenne du groupe État islamique (EI). «La Chambre des représentants a voté en faveur de la suspension de sa participation au dialogue», a annoncé le député Issa al-Aribi sur sa page Facebook, sans plus de précisions. Un autre député, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, a expliqué cette décision par la crainte de pressions de la part de la communauté internationale pour intégrer des islamistes dans un futur gouvernement d’union. Un nouveau round de discussions était prévu jeudi au Maroc, à l’invitation de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), entre représentants du Parlement élu et reconnu et ceux de son rival, le Congrès général national (CGN), le Parlement sortant qui a été réactivé par la coalition Fajr Libya. Livrée aux milices et plongée dans le chaos, la Libye est dirigée par deux Parlements et deux gouvernements rivaux, l’un est proche de la coalition de milices Fajr Libya qui contrôle la capitale Tripoli et l’autre est reconnu par la communauté internationale et siège à Tobrouk (Est). Des représentants des deux Parlements avaient tenu, le 11 février à Ghadamès, dans le sud libyen, des discussions «indirectes» sous l’égide de l’ONU, les premières du genre depuis le lancement du dialogue national fin septembre 2014. Le chef de la Manul, Bernardino Leon, avait consulté séparément les délégations, soulignant que le but était de parvenir à un accord sur la formation d’un gouvernement d’union. À Washington, la porte-parole du département d’Etat, Jen Psaki, a affirmé lundi que les Etats-Unis continuaient de soutenir «avec force les efforts de l’ONU pour faciliter la formation d’un gouvernement d’union et trouver une solution politique régler à la crise» en Libye. «Nous réitérons notre appel à toutes les parties concernées à participer au dialogue parrainé par l’ONU. Ceux qui choisissent de ne pas le faire s’excluent de négociations qui sont décisives pour combattre le terrorisme, comme pour rétablir la paix et la stabilité», a-t-elle dit. «Seules les Libyens peuvent régler leur conflit à travers le dialogue (…)» et le processus lancé par l’ONU «est le meilleur espoir pour les Libyens» en vue d’une sortie de crise. Profitant de l’anarchie en Libye depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi fin 2011, l’EI, qui s’est emparé de larges pans du territoire syrien et irakien, a étendu son emprise à la Libye, où il multiplie les exactions et les attaques suicide meurtrières.