Le Maroc a tout fait pour entraver le plan de règlement du conflit du Sahara occidental avant de procéder à son acte « imprudent » à El-Guerguerat, a déclaré l’expert mauritanien des affaires sahelo-sahariennes, Souleiman El-Cheïkh Hamdi, qui assure, que « la Mauritanie ne s’embourbera sûrement pas dans les manœuvres politiques marocaines », si la guerre venait à s’intensifier dans la région.
Dans un entretien au site « SH24H », paru samedi, Souleiman El Chikh Hamdi, a soutenu que « le Maroc est resté coincé dans le conflit du Sahara occidental, et cette question (sahraouie) sera la cause de la fin de son régime », concluant que les Mauritaniens « sont convaincus » que le parachèvement du processus de décolonisation du Sahara occidental, « va former une barrière impénétrable contre les ambitions expansionnistes marocaines » dans la région. Cette conviction, d’après lui, « bénéficie du soutien de la majorité des tendances, populaires et officielles, en Mauritanie ». Tout en montrant comment le Maroc nourrissait ses idées expansionnistes depuis les revendications du Parti Istiqlal, et les sorties de certains hommes politiques marocains à cet égard, M. Hamdi, a déclaré que « la Mauritanie est exposée de temps en temps à des campagnes hostiles de la part du Maroc ». S’exprimant sur les derniers développements dans la région, M. Hamdi a expliqué que « la situation actuelle nous a ramenés à la case départ, c’est-à-dire à la guerre, la transgression du plan de règlement qui a stagné depuis ses premiers instants, à commencer par l’opération de recensement, l’identification, le cessez-le-feu, la détérioration des droits de l’Homme et l’échec à créer les conditions nécessaires à l’organisation d’un référendum d’autodétermination (au Sahara occidental) ». Pour lui, le Maroc a tout fait pour entraver le travail des Nations unies en raison notamment du soutien français, en violation flagrante des résolutions de l’ONU jusqu’à ce qu’il procède, le 13 novembre 2020, à son acte « imprudent », celui de l’agression militaire contre des civils sahraouis dans la zone tampon d’El-Guerguerat (Sud-ouest du Sahara occidental). Cela dit, est le résultat de sa (du Maroc) « stupidité politique » qui s’était traduite par la violation du cessez-le-feu de l’ONU, vieux de 30 ans. En revanche, le chercheur mauritanien a souligné que « la position mauritanienne concernant la question sahraouie est restée constante, car les relations mauritano-sahraouies sont ancrées dans l’histoire, sur le plan social, économique et politique, car, dit-il, « les deux peuples en font un mais dans deux États ». Notant à cet égard, que la fin de la guerre entre les deux peuples frères en 1978 et le retrait de la Mauritanie de cet épisode « injuste », était « une position saine », mais la plus solide des positions (de la Mauritanie) a été, selon lui, la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique en 1984 (RASD). Il a en outre, mentionné que « le Maroc sait pertinemment que la Mauritanie a beaucoup enduré en raison des circonstances et des positions difficiles que le pays a dû adopter afin de maintenir une position de neutralité positive ». Il a estimé, par ailleurs, que malgré l’emploi par le Maroc, du trafic de drogues comme moyen pour attenter aux relations entre les deux peuples, « les relations sahraoui-mauritaniennes ne sont pas affectées, bien au contraire, elles sont devenues plus solides ». Dans ce sillage, il a prévenu que si la guerre venait à s’intensifier dans la région, « la Mauritanie ne s’embourbera sûrement pas dans les manœuvres politiques marocaines ».
R. I.