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L’ÉTAT TIENT À RÉCUPÉRER SES FONDS VOLÉS OU DÉTOURNÉS VERS L’ÉTRANGER : 20 milliards de dollars déjà dans les caisses

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Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réitéré, jeudi soir, l’engagement de l’Etat à poursuivre la lutte contre la corruption et à récupérer l’argent détourné en dépit, a-t-il dit, de la « complexité de l’opération », affirmant par la même qu’une partie de cet argent a été déjà récupérée en interne.   « Vingt (20) milliards de dollars ont été récupérés à l’intérieur du pays et nous poursuivrons l’opération de recouvrement du reste des fonds détournés », a indiqué le chef de l’Etat, précisant que les fonds récupérés feront l’objet d’une autre issue. Dans le même contexte, le chef de l’État a fait état de « sommes faramineuses détournées (à l’étranger) en 10 à 12 ans », tout en réaffirmant son engagement à récupérer ces fonds en dépit de la complexité de l’opération.
S’agissant de la coopération avec l’Algérie des pays où il est placé cet argent, et qui sont destinataires de commissions rogatoires dans le but de le récupérer, le premier magistrat du pays a affirmé que « La majorité des pays européens ont prêté la main à l’Algérie à ce sujet et affiché leur disponibilité à coopérer avec elle pour le recouvrement de ces fonds et leur restitution au Trésor de l’Etat algérien, pour peu que les procédures légales soient respectées ». Le président Tebboune a également fait savoir que d’autres biens sous forme d’hôtels 5 étoiles et autres seront récupérés et que les autorités algériennes ont été officiellement saisies, dans ce sens, particulièrement par les pays vers lesquels ces fonds ont été détournés et ceux qui étaient source de surfacturation.

Une décennie de détournements vers une dizaine de pays
« Des fonds ont été déposés dans des coffres privés, notamment en Suisse, au Luxembourg et aux Iles Vierges », a-t-il ajouté, rappelant, par ailleurs, que l’ère de l’investissement et des marchés publics comme vecteur de corruption est révolue. Dans ce contexte, il faut rappeler, que les autorités nationales avaient déjà installé, dans le cadre de la lutte anti-corruption et la moralisation de la vie publique, un organisme appelé la « Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption ». Son secrétaire général, Chaâlal Moulay Larbi, a rapporté à l’occasion de la journée internationale de lutte contre la corruption qui coïncide avec le 9 décembre de chaque année que l’Algérie a adressé plus de 200 commissions rogatoires aux autorités judiciaires de plusieurs pays afin de récupérer l’argent placé illégalement à l’étranger.
Elles étaient envoyées aux autorités concernées en France, en Suisse, en Espagne, en Italie, au Luxembourg, au Panama, en Grande Bretagne, en Irlande du nord, en Chine, aux Etats-Unis, au Canada, ou aux Emirats arabes unis entre autres. Cette question a été aussi évoquée par le chef de l’Etat, le 14 novembre dernier, au cours d’un Conseil des ministres. Il a, à l’occasion, instruit, les ministres à enrichir et à finaliser un texte de loi pour améliorer et renouveler l’Agence nationale de gestion des biens saisis, ou gelés. Le Président a exigé à ce que ces textes soient plus souples en vue de récupérer les biens publics et l’argent dilapidé. Il convient de souligner également que l’opération de récupération de cet argent est des plus complexes à réaliser comme elle est semée d’embûches et d’épreuves juridico-politiques, et ce, pour de nombreuses raisons de l’aveu même des autorités.
La demande de commission rogatoire est par définition une demande adressée par le juge d’instruction du pôle spécialisé au juge d’instruction du pays, où est supposé être logé l’argent transféré illégalement, lui demandant des renseignements sur les avoirs de la personne qui les détient. Il est ainsi question de recueillir des informations sur les faits, les biens acquis, de recenser les biens immobiliers et les comptes bancaires dont la finalité est de demander le gel de ces biens. Chemin faisant, il s’est avéré, que ces procédures sont très complexes pas seulement pour l’Algérie mais pour tous les pays du monde cherchant à récupérer des fonds leur appartenant et détournés vers l’étranger. Les résultats sont attendus à long terme en général eu égard à plusieurs obstacles dont notamment l’absence d’accord bilatéral de coopération judiciaire avec certains pays, les différences entre les systèmes juridiques des pays.

Le circuit informel, l’autre front de lutte
Évoquant, par ailleurs, l’économie parallèle, le Président Tebboune a réitéré son engagement à œuvrer à son élimination, compte tenu de ses dangers sur l’économie nationale, notamment en matière d’inflation et de monopole, tout en soulignant l’existence de mécanismes qui sont en cours de mise en œuvre pour absorber la liquidité et l’utiliser pour la création de la richesse et des postes d’emploi, indiquant qu’il y a aussi  d’autres méthodes pour venir à bout de ce fléau. A ce sujet, le président de la République, a estimé, en septembre 2021, le volume des fonds circulant hors circuit officiel à 10.000 milliards DA, soit 90 milliards Usd. Le chef de l’Etat a d’ailleurs avancé le même chiffre jeudi dernier devant les journalistes nationaux. A relever également que les déclarations du chef de l’Etat portant sur la lutte contre le fléau de la corruption qui a gangréné l’Etat algérien du temps de l’ancien système dirigé par une puissante oligarchie interviennent au moment où les députés au Parlement débattaient un projet de loi sur la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Le projet présenté par le ministre e la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, vise justement à renforcer les mécanismes de protection de l’économie nationale et le système financier et bancaire contre cette dangereuse forme de criminalité.
Brahim Oubellil

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