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LES MOSQUÉES PAS CONCERNÉES PAR LES MESURES DE FERMETURE : Fatwa pour un suicide collectif

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Comme si on voudrait faire de l’Algérie une exception mondiale devant la menace de la pandémie du coronavirus qui, chaque jour que Dieu fait, charrie son lot de nouveaux cas, et de morts surtout parmi ceux qui n’ont pas eu la chance d’en sortir indemnes. Sinon, comment expliquer la fatwa émise, dimanche soir, par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs qui, contre toute attente et à la surprise générale, a exempté la fermeture des mosquées, qui connaissent pourtant une importante concentration de fidèles, et sont donc, du point de vue purement sanitaire, un facteur de risque pour la propagation du Covid-19. Dans son communiqué sanctionnant les travaux de la réunion de la commission de la fatwa, le MARW le dit pourtant de lui-même, autrement que les mosquées ne sont pas à l’abri des dangers de ce virus. Mais, paradoxalement, il appelle à des mesures d’allégement portant et sur la durée de la khotba de l’imam-qui ne doit pas dépasser dix minutes- et sur le nombre des fidèles dont les personnes présentant des symptômes de la maladie, les enfants, les femmes, les personnes âgées et les malades, sont interdits d’entrée à la mosquée. Aussi, a-t-il été décidé par le conseil religieux, la fermeture des lieux de culte aussitôt la prière prenne fin, oublieux que le Covid-19 peut frapper à n’importe quel moment sans prendre en compte les horaires de la prière, et guette n’importe quelle personne qu’elle le soit à l’heure convenue ou non. N’est-il pas dès lors plus judicieux, ou plutôt plus patriotique à considérer la vie humaine des Algériens, de déclarer la fermeture des mosquées, à côté d’autres établissements et structures publiques, comme le sont les écoles, universités, lieux publics, jardins, ou encore l’annulation de manifestations économiques, sociales, sportives et le report d’autres ? Le Hirak, en tant que mouvement populaire, dont il n’est pas question ici d’évoquer les péripéties depuis le 22 février 2019, a été amené à surseoir à ses marches pour éviter le scénario d’une contamination à grande échelle. Or, en pareille grave atteinte à la santé publique, il était attendu que les lois de la République priment sur toute autre fetwa, de surcroît lorsque la question est d’ordre de santé publique, voire de survie de toute la population. Disons-le sans ambages : une telle décision irresponsable porte le risque gros de provoquer d’autres foyers de coronavirus, après ceux déclarés à Blida et Boufarik. Imaginons un seul cas atteint du Covid-19, même lorsque le virus ne s’est pas manifesté encore chez lui, qui se retrouve parmi les fidèles dans la mosquée : c’est tout le monde qui sera porteur du virus qui, pire encore, sera transmis à d’autres. Il n’y a qu’à prendre l’avis des spécialistes pour le savoir, à moins qu’on veuille jouer la politique de l’autruche. Et dire que dans sortie faite, avant-hier, sur les ondes de la Radio chaîne 3, le Premier ministre Djerad a donné l’impression d’une réaction magistrale de l’État face à le menace de santé publique numéro une, pas uniquement dans notre pays, mais dans le monde entier. Hélas, la décision confiée au Conseil de la fetwa laisse penser à une primauté qui outrepasse les lois de la République qui, pourtant, sont intraitables sur le devoir de protéger la santé et la vie des Algériens. Bien que la décision de l’État devra prévaloir en cette situation de crise, et même au-dessus de toute autre conjoncture pour un État républicain, la fatwa émise aurait eu au moins le mérite de se pencher en prime sur la santé publique, et d’épargner la vie des fidèles en les invitant à accomplir la prière chez soi et de-là éviter de contaminer d’autres personnes avec lesquelles ils seraient en contact. Voudrait-on par-là se distinguer d’autres pays qui ont pris la décision de fermer leurs mosquées pour ne citer que les plus immédiats, comme le Maroc, la Turquie, l’Égypte ou encore la France et d’autres encore où la communauté musulmane est importante ? A-t-on encore oublié que même les Lieux Saints de l’Islam sont fermés par l’Arabie saoudite ? N’est-t-il pas plus « courageux » et « audacieux » que le gouvernement décrète une telle décision pour les mosquées alors qu’il l’a fait pour les établissements et institutions publiques ? Il y va de la santé et de la vie des Algériens !
Farid Guellil

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