Tous les Algériens savent que l’ANP n’a jamais cessé de prouver qu’elle s’acquitte bien de ses missions inscrites dans le texte fondamental, et c’est pour cela que le président de la République ne veut pas limiter cette Institution à ses rôles traditionnels. Mardi, en visite au siège du MDN, il a insisté sur la nécessité d’accorder « une importance majeure » à la promotion des industries militaires « en vue d’intensifier davantage le tissu industriel national, de satisfaire les besoins des différentes composantes des Forces armées et du marché national et de contribuer au développement de l’économie nationale et à la création de postes d’emploi », et ce, à travers « des contrats de partenariat industriel sérieux entre les secteurs civil et militaire en y associant les universités et les centres de recherche et de développement ».
Les industries militaires jouent un rôle majeur dans le développement des armées, dans la mesure où elles participent de la réduction de leur dépendance vis-à-vis de l’étranger. La connexion des secteurs industriels civils et militaires n’est pas à prouver, d’autant que la Recherche et Développent (R&D) des armées est souvent en avance sur les recherches civiles, qui ne bénéficient de leurs découvertes et retombées que longtemps plus tard. En Algérie, les industries militaires disposent d’une direction auprès du ministère de la Défense, et leur intégration dans le tissu industriel national a débuté en 2012, à travers des partenariats entre les entreprises militaires économiques et des entreprises nationales. Ce partenariat a permis la relance de plusieurs sociétés nationales, dont certaines étaient au bord de la faillite, comme la Société algérienne pour l’industrie de la Chaussure à Sidi Bel Abbès et la Société algérienne de Textile.
Par ailleurs, le volet économique des industries militaires est important, comme le prouve le volume de l’investissement direct étranger dans ce secteur, soit près de 1 milliard de dollars. Le secteur militaire algérien est donc très attractif en matière d’IDE. Par ailleurs, ce secteur permet de répondre à des besoins du marché national en camions, véhicules et bus. Consciente des enjeux, l’ANP prévoit la création de zones industrielles dans les Hauts-Plateaux, de l’Est à l’Ouest du pays. En 2017, nos industries militaires employaient près de 25 000 personnes. L’objectif était d’atteindre un chiffre d’affaires de 100 milliards de dinars et d’augmenter le nombre des entreprises à travers le territoire national à 10 sociétés, douze sociétés par actions (SPA) et 12 usines. Une usine d’assemblage d’hélicoptères est d’ailleurs prévue à Aïn-Arnat dans la wilaya de Sétif, avec l’Italien Leonardo, en tablant donc sur la qualité pour pouvoir exporter.
Les défis de l’ANP sont en adéquation avec les besoins et les compétences du pays, mais aussi avec son expérience dans le domaine industriel, qui remonte à trois décennies au moins. Son savoir-faire lui permet aujourd’hui de s’engager dans de nombreux secteurs : explosifs et munitions, électronique, mécanique (dont automobile), industries de transformation dont le textile et, bien sûr, la R&D qui accompagne toutes ces filières. Ces objectifs sont légitimes, puisqu’il ne s’agit pas pour l’ANP de tomber dans une industrie de la guerre, une « warfare industry », ni dans l’hégémonie du complexe militaro-industriel, comme c’est le cas des puissances occidentales, mais de participer au développement tout en protégeant les frontières et la souveraineté nationales. L’ANP n’est pas la seule dans le monde musulman à se développer. L’armée égyptienne est à la tête du plus grand empire économique du pays. L’armée iranienne a, elle aussi, prouvé sa puissance et son autonomie. Tout comme eux, l’ANP ne veut plus compter que sur le financement étatique.
A.E.T.