Le peuple algérien ne cesse d’impressionner aussi bien par ses capacités de mobilisation que la qualité de ses protestations contre le pouvoir en place et son appel au changement du système. Ils étaient encore hier, pour le 4e vendredi de suite, des milliers à battre le pavé des cités et des grandes villes du pays.
Alger, à elle seule, aura accueilli plus de deux millions de manifestants qui, tôt dans la matinée de ce vendredi ensoleillé, ont commencé à affluer vers les places du 1er Mai, Maurice Audin et la Grande-poste. Outre ce qu’il conviendrait, désormais, à appeler le «Vendredi de la manif», le discours, tenu la veille, par le Premier ministre Bedoui et son vice-Premier ministre Lamamra, a accentué davantage la mobilisation populaire et pacifique des Algériens, qui ne jurent que par le départ du régime en place et le changement radical du système. Contrairement au vendredi du 22 février dernier, les manifestants n’ont pas attendu la fin de la prière pour se rassembler, à plus forte raison que des citoyens issus des wilayas limitrophes, et même lointaines, ont rejoint Alger, dès la matinée. Toutefois, la grande marche a été entamée aussitôt les fidèles sortaient de la mosquée. Ainsi, les images vues et diffusées en live à travers les canaux de communication ont atteint les quatre coins du monde, tant est que, les Algériens ont décidé plus que jamais à mener leur lutte pacifique jusqu’au départ du régime, comme l’ont fait savoir à travers des pancartes brandies, des slogans exprimés de leurs voix, ainsi que leur attitude et leur maturité politique qui marquera une nouvelle ère qui s’ouvre pour le pays. On pouvait ainsi lire et écouter lors de cette marche encore plus grandiose, qui a atteint son summum de mobilisation à la place de la Grande-poste, «Non au prolongement du 4e mandat !», «Régime dégage !», «Système dégage !» etc. Le Premier ministre en a également pour son compte : «Bedoui dégage !», scandaient les manifestations dans le centre d’Alger, après avoir emprunté et affluaient depuis la Rue Hassiba Ben Bouali, le somptueux boulevard Didouche Mourad, alors que d’autres citoyens des quartiers environnant ont rejoint la manifestation, à tel titre que la place de la Grand-Poste était bondée de monde.
L’esprit Larbi Ben M’Hidi dans la foule
Au cours de cette manifestation qui marquera davantage le mouvement pacifique des Algériens, des chefs de partis, personnalités nationales et figures historiques, pour ne citer que la plus remarquable du lot : Drifa Ben M’hidi, sœur du héros et leader de la Révolution algérienne Larbi Ben M’Hidi, dont la mémoire historique planait sur la marche d’Alger.
Côté encadrement sécuritaire, il y a à observer une présence policière, toujours aussi mobilisée, un peu plus timide que d’ordinaire. Il est clair en effet, après les trois premières marches des vendredi passés, les Algériens ont démontré leur esprit de civisme et de pacifisme auquel s’ajoute une dose de patriotisme qui n’a pas d’égal. Dans pareille attitude donc, les éléments des services de l’ordre se sont contentés d’encadrer les marches et de se rassembler autour des bâtiments abritant des institutions officielles. Exception faite aux rues qui mènent vers les hauteurs d’Alger, où, des escarmouches ont éclaté entre jeunes manifestants et forces de l’ordre au niveau du quartier Telemly.
Synthèse/Farid Guellil et Mohamed Wali