En termes de stratégie de lutte contre le cancer du sein, tout le monde s’accorde à dire que le dépistage précoce est la seule voie à même d’augmenter les chances de guérison, vu qu’elle permet d’agir très tôt sur la cellule cancéreuse avant son développement. Mais pour le président de la conférence des doyens des facultés de médecine et membre du comité de coordination du plan national anti-cancer, le professeur Salah-Eddine Bendib, il est impératif que ce dépistage soit suivi d’une prise en charge effective et réelle de la patiente, pour donner un vrai sens au dépistage.
Le professeur Bendib souligne qu’«en cas de diagnostic positif, le dépistage d’un cancer doit être systématiquement» a-t-il précisé «suivi d’une prise en charge thérapeutique du patient», lors de la deuxième journée de formation continue en cancérologie, samedi, à Tizi-Ouzou.
Cette rencontre-formation, rappelons-le a été consacrée à la prise en charge et la lutte contre le cancer, dont celui du sein, en particulier, par le diagnostic et le dépistage précoce. Il dira à ce propos, qu’il est question de «faute éthique grave», quant au terme d’un examen de dépistage, s’adressant à un patient laquelle ou lequel on a découvert cette pathologie, on lui lance «vous avez un cancer du sein, débrouillez-vous pour vous soigner» invitant à promouvoir dans ces rapports, des liens plus responsables et humains, en rappelant que le patient en est déjà dans une phase d’inquiétude, à sa venue à l’examen de dépistage et de «choc» à la minute quand il est informé qu’il est atteint d’un cancer. Poursuivant, il a invité les professionnels traitant le patient atteint du cancer, dont celui du sein à «communiquer les informations utiles au patient» pour que celui-ci puisse accepter l’idée qu’il soit touché par cette maladie pour ensuite pouvoir affronter les étapes à suivre, celles des soins, en l’occurrence.
Ce qui l’amène à évoquer, plus loin, le rôle du médecin, en charge des cancéreux, le professeur Bendib, insiste sur l’éthique, les soins à prescrire, le suivi, mais pas seulement, l’accompagnement et le soutien psychologique sont de mise. En effet, souvent après le dépistage, les malades sont confrontés à des parcours du combattant, dès le résultat positif de l’examen de dépistage et des multitudes de contraintes, de carences dans la prise en charge, de manque de médicaments et la liste est longue et celle des souffrances d’avantage. La réalité du terrain, en effet, continue de révéler, le problème épineux des rendez-vous, difficiles à décrocher, et quand c’est possible, il faut attendre des mois, alors que la cellule cancéreuse, elle n’attend pas, y compris après une opération, qui doit être suivie, à moins d’un mois après, de séances de chimiothérapie, dans la majorité des cas.
À cela s’ajoute aussi le traitement du cancer en radiothérapie, dont les centres existants peinent, encore à répondre au nombre élevé des malades pour ne citer, que les 12 000 nouveaux cas de cancer du sein qu’enregistre notre pays annuellement. La course contre la montre débute, dès le dépistage positif, pour assurer le maximum de possibilité de guérison notamment aux patientes atteintes par le cancer du sein. Il est à noter que le programme national dénommé «Dépistage organisé» a été officiellement lancée, début mois courant, à partir de Biskra, et sa généralisation, selon le Pr Bendib, «sera lancé incessamment sur l’ensemble du territoire national» a-t-il indiqué.
Mohamed Amrouni