Dans sa dernière livraison, le site d’information Lefigaro.fr, a indiqué que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a proposé un travail de mémoire sur toute la colonisation française, soit de 1830 jusqu’à 1962.
Le journal français a affirmé que le président de la République algérien a fait cette proposition lors d’un entretien avec l’historien Benjamin Stora, qui avait remis à Emmanuel Macron en 2021, un rapport très critiqué dans notre pays sur la mémoire de la colonisation française. Il faut préciser, dans ce cadre, que l’Algérie a toujours plaidé pour une écriture de l’histoire de la colonisation, sans partie pris et surtout objective et non viciée par les manipulations politiciennes, surtout celles émanant des groupes d’extrême droite et de nostalgiques de l’OAS et des harkis qui continuent de parasiter les tentatives de rapprochement entre l’Algérie et la France et surtout de celles visant à écrire une histoire partagée, qui satisferait les deux parties. Il faut souligner, dans ce cadre, que c’est une réponse claire au chef de l’État français qui manifeste une volonté d’ouvrir une nouvelle page dans les relations entre l’Algérie et la France mais qui se refuse toujours, concernant sa politique mémorielle, à préconiser ni excuses ni repentance, ce qui est critiqué en Algérie en raison de la nature abjecte du colonialisme et de ses crimes contre l’humanité.
L’historien Benjamin Stora, qui estime qu’il y a un changement de ton dans les discussions entre Alger et Paris, affirme toutefois qu’un grand travail de mémoire doit être fait pour ouvrir une nouvelle page assumée par les deux pays et surtout qui garantirait des relations de respect pour un avenir meilleur pour les deux peuples. Le Président Tebboune lui avait expliqué, lors de l’entretien, qu’il lui avait accordé «l’importance majeure d’un travail de mémoire sur toute la période de la colonisation», au-delà de la seule guerre d’Algérie (1954-1962), un avis qu’il partage d’ailleurs.
«La guerre de conquête a été très longue et très meurtrière. Elle a duré pratiquement un demi-siècle», de 1830 à 1871, rappelle Benjamin Stora. Elle a été marquée par une «dépossession foncière et identitaire» -«lorsque les gens perdaient leur terre, ils perdaient leur nom» – et par la mise en place d’une «colonie de peuplement», avec au final un million d’Européens sur neuf millions d’habitants », a-t-il précisé.
Toutefois, et au-delà de la volonté affichée par le président Macron, la démarche française reste prisonnière de luttes qui traversent la classe politique depuis les dernières législatives qui ont secrété une assemblée nationale où le parti du président français n’est plus majoritaire. Il devra composer avec les deux extrêmes, gauche et droite, d’où sa marge de manœuvre très réduite quand il s’agit d’évoquer le dossier de la mémoire et la guerre d’Algérie. L’Algérie a exprimé sa volonté d’ouvrir une nouvelle page dans les relations entre les deux pays, une page libérée du poids du passé douloureux, mais empreinte de respect. Reste à la France de montrer que sa démarche est en phase avec la volonté exprimée par Macron.
Slimane B.