Le début de ce mois de juin aura été marqué par une activité médiatique intense du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui, quelques jours après l’entretien de l’hebdomadaire français Le Point, la célèbre chaine qatarie Al Jazeera l’a interviewé sur les questions, régionale, internationale et locale.
C’est ainsi que dans un contexte géopolitique et sécuritaire tendu à nos frontières immédiates, le chef de l’Etat a été amené, encore une fois, a exprimé la position immuable de l’Algérie par rapport aux questions sahraouie et palestinienne, ainsi que l’instabilité politique au Mali et en Libye. « L’Algérie porte le flambeau de la Palestine, du Sahara occidental et des peuples opprimés », a d’emblée asséné Tebboune, comme pour aborder la raison derrière laquelle le pays qui n’a pas céder aux chants des sirènes paye le prix fort de son soutien sans faille aux peuples opprimés. « C’est pour cette raison qu’ils veulent faire taire sa voix, mais « ça n’arrivera pas », a-t-il assuré, ou mieux encore, « l’Algérie jouit de stabilité grâce à la force de son Armée » et « celui qui a dit que l’Algérie tombera après la Syrie s’est trompé ». Interrogé par le journaliste de la chaine qatarie sur les relations de l’Algérie avec le voisin marocain, le Président a déclaré: « nous n’avons pas de problème avec le Maroc, mais c’est le Maroc qui a un problème avec nous ». Quant à la question du Sahara occidental, Tebboune a rappelé qu’elle, est depuis quatre décennies, inscrite comme dossier de décolonisation par les Nations Unies. « Nous entretenions par le passé de bonnes relations avec le Maroc et les frontières étaient ouvertes malgré le dossier du Sahara occidental », a-t-il fait savoir, réaffirmant la position constante de l’Algérie à l’égard de la question, par dire que l’Algérie « n’acceptera pas le fait accompli quelles que soient les circonstances ».
Une ceinture de feu autour de l’Algérie
Concernant l’instabilité en prévalence en Libye qui n’était pas sans conséquences sur la situation au Mali et au Sahel, le Président a tenu une révélation pour mieux convaincre du plan ciblant la région en général et l’Algérie en tête. « Des caravanes chargées d’armes lourdes et légères ont été repérées par satellites en direction de la région du Sahel sans être interceptées ». « De tels actes visaient à cerner l’Algérie pour faciliter son infiltration et c’est pourquoi nous œuvrons à renforcer davantage notre armée », a expliqué Tebboune. Sur ce, il a précisé que les dernières manœuvres militaires de l’ANP avaient pour objectif d’« assurer l’état prêt des troupes en cas d’urgence » à l’effet de faire face à toute éventualité. Interrogé sur les relations algéro-françaises, le chef de l’Etat revient pour distinguer trois lobbies qui ciblent fréquemment l’Algérie. « Le premier est celui des anciens colons qui ont quitté l’Algérie après l’indépendance et transmis leur rancœur à leur descendance, le deuxième est le prolongement de l’Armée secrète française et le troisième, comprend des Algériens qui ont choisi de soutenir la France». Enfin, concernant l’affaire de l’Editorial du Monde sur l’Algérie, le Président Tebboune a déclaré que l’Algérie, dont ce journal français a parlé, « n’est pas l’Algérie que nous connaissons ».
« Des centaines de milliards USD transférés à l’étranger »
Abordant les questions internes à l’Algérie, le président de la République a affirmé d’abord que « le Hirak authentique béni a sauvé l’État algérien de la déliquescence » et que notre pays était soumis au diktat de la « issaba », laquelle volait, pillait et « transférait à l’étranger des centaines de milliards de dollars ». Cette même bande qui allait « prendre » le pouvoir lorsque l’ancien président Bouteflika était malade. Sur la lutte contre la corruption, Tebboune a précisé que « son ampleur est si importante que nous continuons, à ce jour, à découvrir ses ramifications apparentes et occultes », ajoutant que « le monopole de l’importation était entre les mains d’une cinquantaine de personnes, qui avaient un pouvoir absolu pour décider qui pouvait investir en Algérie ». Au titre des résultats de cette lutte, la justice a saisi et récupéré, au profit du Trésor public, « tous les biens connus de la « issaba », fait savoir le chef de l’État. Quant à l’argent détourné, « l’Algérie œuvre avec les pays amis en Europe et à travers le monde à la découverte des avoirs détournés pour les récupérer ».
« Fin de l’idéologie islamiste »
Pour le Président Tebboune, « 13 millions d’Algériens ont sauvé l’Algérie du 5e mandat et du prolongement du 4e, et l’Algérie a pu, grâce à la conscience du peuple, sortir de la zone du danger ». L’Algérie, a-t-il estimé, « a vécu, la 1ere, le printemps arabe après les évènements d’Octobre 1988 ». Interrogé sur les courants islamistes en Algérie, Tebboune a été d’une réponse tranchante. « L’Algérie s’est débarrassée irrémédiablement de l’islam idéologique » et « le courant islamiste actif dans le pays est différent des courants islamistes d’autres pays ». Il a estimé, par ailleurs, que « grâce à son pacifisme, le Hirak authentique est sorti victorieux sous la protection des services de sécurité et de l’armée » faisant remarquer cependant que « les parties derrière les récentes marches étaient inconnues et ces manifestations ne sont plus unifiées en termes de revendications ou de slogans ». « Cinquante wilayas algériennes n’enregistrent aucune marche ces derniers temps », a-t-il fait savoir. Enfin, à propos du rapport entre la Présidence et Armée, le chef de l’État a affirmé que la relation entre les deux institutions « est une relation, somme toute, naturelle », assurant que « l’ANP est une institution constitutionnelle qui sacralise la Constitution de l’État ».
Farid Guellil