Alors que de plus en plus de pays commencent à faire marche arrière et renoncer à l’exploitation des énergies non-conventionnelles (le gaz de schiste), le Gouvernement algérien s’apprête à mettre en place un nouveau cadre législatif pour «une politique énergétique incluant l’ensemble des énergies à exploiter dont celles alternatives ».
Il s’agit, bien-sûr, d’aller vers les énergies non-conventionnelles pour compenser le recul des réserves de la production en hydrocarbures traditionnelles et permettre par la suite le maintien des revenus fiscaux. Critiqué partout dans le monde en raison de son impact nocif sur l’environnemental immédiat, (populations humaines et animalière et la flore) des pays ont dû interdire et suspendre l’exploitation du gaz de schiste sur leur territoire comme le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et récemment la Colombie. Il faut noter que des associations et activistes en environnement dans les pays de l’Europe et autres nations développées, y compris les ÉTats-Unis, militent toujours pour faire pression sur leurs gouvernements afin de suspendre l’exploitation du gaz de schiste, malgré le prétexte que cette énergie renforce l’indépendance énergétique nationale.
Un argument développé par le gouvernement algérien pour arguer l’option d’aller sur cette voie, suscitant ainsi des d’inquiétudes et interrogations. Y a-t-il assez de garanties pour que l’Algérie évite le désastre d’une catastrophe écologique engendrée par cette énergie non-conventionnelle ? La précipitation « inexpliquée », reprochent plusieurs experts algériens en énergie, vers l’exploitation de cette énergie ne trouve malheureusement pas de réponses.
Dans le nouveau texte de loi sur les hydrocarbures adopté récemment, le gouvernement veut agir sur plusieurs fronts : les ressources conventionnelles, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique et investir d’avantage dans la digitalisation de ce secteur.
Le but est de « donner une vision claire des ambitions et des objectifs tracés », a estimé le commissaire aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE), Noureddine Yassaâ. Dans un entretien accordé à l’APS, Yassaâ a défendu cette vision en expliquant que l’Algérie doit disposer d’un cadre législatif à travers « une politique énergétique incluant l’ensemble des énergies à exploiter dont celles alternatives ». Une politique qui définit le modèle de production/consommation de l’énergie de notre pays sous toutes ses formes y compris les mesures d’économie et de maîtrise d’énergie et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, a-t-il expliqué.
Ainsi, le même responsable estime nécessaire de mettre en place un cadre législatif attractif pour les investisseurs « qui soit stable et facilitant l’implication de l’ensemble des acteurs sur les programmes de déploiement des énergies renouvelables ». De plus, au vu de la consommation énergétique importante du secteur résidentiel, le responsable du CEREFE juge important l’actualisation de la réglementation thermique dans le bâtiment afin d’y intégrer voire d’y renforcer les aspects du renouvelable et de l’efficacité énergétique.
Selon Yassaâ, le renouvelable va également induire la maïtrise et l’économie d’énergie auprès du citoyen à travers l’encouragement de l’autonomie énergétique et l’autoconsommation qui constitue une principale attente des citoyens. Celui-ci pourra, dit-il, constater l’évolution de sa consommation en essayant de réaliser un surplus de production par rapport à sa consommation, devenant ce qu’on appelle un éco-citoyen. «Cela amènera le pays vers la modernité d’autant que la digitalisation est indissociable de la transition énergétique », souligne Yassaâ, appelant à investir dans la digitalisation de ce secteur pour bénéficier de plusieurs avantages dont l’adaptation de la consommation du citoyen à travers les systèmes digitaux pourvoyeurs d’information.
Pour Yassaâ, enfin, l’Algérie doit relever les défis de la double transition énergétique et numérique, de la décentralisation électrique et de l’adaptation des réseaux électriques au déploiement à grande échelle du renouvelable.
Hamid Mecheri