Ayant pris goût, comme à l’accoutumée, d’entretenir le suspense -parfois le flou artistique- autour de ses positions par rapport à des questions brûlantes de l’actualité politique, le parti d’Aït Ahmed a finalement décidé de répondre à l’invitation de Ouyahia qui orchestre, au nom du président de la République, les consultations sur le projet de révision de la Constitution.
Le FFS ira donc, demain, chez le directeur de cabinet de la Présidence pour donner son avis sur le projet en chantier. Son premier secrétaire, Ahmed Betattache aura attendu les ultimes instants pour faire part de cette décision. L’on notera que le plus vieux parti d’opposition s’est astreint à un black-out médiatique ces derniers temps faisant que la moindre information émanant de son QG prenait valeur de scoop. Le fait donnait libre cours aux spéculations d’usage où les «négociations et surenchères» toutes FFsiennes avec le pouvoir occupaient bonne place. À rappeler également le «casting –vedette» tenu à la conférence nationale de la CNLTD, la semaine passée, quand Betatache attendit le dernier moment pour affranchir de sa participation au conclave de l’opposition et récolter ainsi à son bénéfice les dividendes d’un effet d’annonce théâtral. Mais au-delà de telles attitudes de parade, peut toujours se profiler une stratégie subliminale -où l’intelligence et la sagacité ne font pas défaut, il est vrai- dont le parti se trouvera, en définitive le plus grand bénéficiaire. En effet, l’on peut légitimement s’interroger si le FFS ne s’est pas adjugé – ou alors investi- de la mission de servir de courroie de transmission entre une opposition , piégée par son allant radical et un pouvoir dans les habits «d’un bon seigneur». Tant il est vrai que le second a toujours la posture de la main tendue et la première, susurré parfois à demis mots, parfois ouvertement l’association du pouvoir à toute recherche du sacro-saint consensus national. À ce titre, l’esprit du texte du communiqué du FFS, rendu public hier, apparaît édifiant dès ses premières lignes : «Dans un esprit de consensus et dans le cadre des contacts politiques engagés pour la reconstruction d’un consensus national, le FFS décide de répondre favorablement à cette invitation, pour donner son point de vue sur la situation politique et institutionnelle dans le pays ».
À bien des égards, il transparaît cette volonté du FFS de se placer au niveau de toute contingence pour accéder à une action historique : celle, à défaut d’accorder les violons entre le pouvoir et l’opposition, de rapprocher les deux parties en vue d’entériner le smig en matière de consensus. Une autre thèse pourrait faire de la démarche du parti d’Aït Ahmed une caution lourde pour un pouvoir avec lequel il est accusé parfois d’avoir des accointances politiquement incorrectes, mais tient si peu la route eu égard, justement , à l’envol sérieux pris réellement cette fois par l’opposition.