Nul parmi les personnes présentes au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou n’aurait pu prédire un tel drame. L’ambiance qui a régné avant le coup d’envoi du match et aussi pendant les deux mi-temps, était celle des grandes fêtes. Tout d’un coup le rêve se transforma en cauchemar. Albert Ebossé, l’attaquant camerounais et buteur de la Jeunesse sportive de Kabylie a été atteint sur la tête par un projectile fatal à la fin de la rencontre. Il décède quelques minutes plus tard au niveau du service des urgences médico-chirurgicales du Centre hospitalo-universitaire «Nedir Mohamed», situé à proximité du stade du 1er novembre. C’est au moment où la victime était sur le point de regagner les vestiaires du stade après la fin du match qu’une pierre, parmi les dizaines d’autres qui étaient lancées par des supporteurs en furie, a fini par atterrir sur la tête d’Ebossé, l’auteur du seul but marqué par l’équipe de la JSK lors de cette « maudite » rencontre ayant opposé le club local à l’USMA. Transféré en catastrophe vers le CHU, les médecins n’ont rien pu faire devant l’état critique du joueur. La victime a succombé à un traumatisme crânien. Il était difficile de croire cette macabre nouvelle au tout début. D’aucun pensait qu’il s’agissait juste d’une rumeur suite aux heurts violents ayant succédé à la rencontre JSK-USMA. C’est alors que des centaines de supporteurs de la JSK, les joueurs et même des citoyens qui se trouvaient dans la ville de Tizi Ouzou en début de soirée ont pris d’assaut le CHU « Nedir Mohamed ». Des grappes de jeunes étaient agglutinées devant l’entrée principale du service des urgences médico-chirurgicales où le défunt a rendu l’âme. Désormais, Albert Ebossé n’est plus, apprend la foule. Une partie n’arrive pas à retenir ses larmes. Mais ceux qui ont été le plus accablés par cette triste et dramatique tournure prise par une banale rencontre de foot-ball, ce sont bien évidemment les joueurs et les dirigeants de la JSK qui n’arrivaient pas à contenir leur chagrin. Le wali de Tizi Ouzou, Abdelkader Bouazghi arrive à l’hôpital aux environs de 23 heures. Accompagné d’autres personnalités locales, tout le monde semblait avoir du mal à réaliser ce qui venait de se produire au moment où l’on s’attendait le moins. En effet, la victoire de la JSK face au Mouloudia d’Oran, il y a une semaine, avait revigoré les supporteurs de la JSK. Ces derniers ont afflué en dizaine de milliers vers le stade du 1er novembre qui était archicomble des heures bien avant le coup d’envoi de la rencontre. Personne n’a imaginé que celui qui a marqué tant de buts au profit de la JSK durant la saison précédente allait jouer son dernier match et vivre sa dernière journée.
Le dernier jour d’un buteur.« Mercredi dernier, je l’ai croisé par hasard. Nous venions de prendre le même fourgon de transport de la Nouvelle-Ville vers la ville de Tizi Ouzou, c’était un joueur très gentil et modeste », nous a affirmé un confrère juste après l’annonce de la nouvelle du décès d’Albert Ebossé. Et d’ajouter : «Je le connaissais parfaitement, il était d’un abord très facile et constamment souriant». C’est là l’un des témoignages reccueillis sur Ebossé peu après la survenue du drame. De son côté l’ex-entraîneur de la JSK, Azeddine Ait Djoudi, qui a côtoyé longuement Albert Ebossé, était complètement atterré après ce qui venait de se produire. Il a affirmé à la presse qu’Ebossé l’appelait familièrement «mon père», compte-tenu de l’ampleur et de la profondeur du respect qu’il y avait entre les deux hommes et surtout que lui vouait le défunt. «Il venait régulièrement chez-moi à la maison durant la saison dernière. Il avait une grande amitié avec mon fils Akram. Ils étaient inséparables. Je suis vraiment choqué d’apprendre son décès et surtout la manière avec laquelle il est mort», a ajouté Azeddine Aït Djoudi. Les témoignages concernant la bonté et la grandeur d’âme d’Ebossé sont nombreux. Ceci, en plus de son talent de joueur et d’attaquant. Pour rappel Albert Ebossé a fait ses premiers pas en tant que professionnel du football au club Coton Sport et ce, en 2008. Il reste dans ce club jusqu’à 2010. Il rallie par la suite l’équipe de Douala AC où il évolue durant deux autres années, jusqu’en 2012. La nouvelle escale d’Albert Ebossé a été le club de Perak F A en Malaisie avant d’atterrir à Tizi Ouzou. Il a permis au club kabyle de maintenir un tant soit peu le cap malgré les multiples tempêtes et les successives saignées ayant secoué la JSK depuis une vingtaine d’années. Avec la JSK, Ebossé joue la finale de la coupe d’Algérie en 2014. Mais surtout, Albert Ebossé a terminé la saison avec, à son actif, le titre de meilleur buteur du Championnat national 2013-2014 avec dix-sept buts inscrits. Samedi dernier, il venait de vivre son dernier jour. Le dernier jour d’un buteur.
Aomar Mohellelebi
