Le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire, Ahmed Gaïd Salah, a pris la voie constitutionnelle pour prendre option d’une solution à la crise politique que traverse l’Algérie, dans un contexte de contestations populaires sans précédent.
Un contexte sur lequel, d’ailleurs, le général-major de l’ANP est revenu en prélude à son annonce, avant d’appeler à l’application de l’article 102 de la Constitution sur le président Bouteflika, qui est dans l’incapacité d’exercer ses fonctions à la tête de la Magistrature suprême.
«Dans ce contexte, il devient nécessaire, voire impératif, d’adopter une solution pour sortir de la crise, qui répond aux revendications légitimes du peuple algérien, et qui garantit le respect des dispositions de la Constitution et le maintien de la souveraineté de l’État. Une solution à même d’aboutir à un consensus de l’ensemble des visions, et faire l’unanimité de toutes les parties, à savoir la solution stipulée par la Constitution dans son article 102», déclare Gaïd Salah dans un discours présenté lors d’une visite de travail et d’inspection dans la 4e Région militaire à Ouargla. Il va sans dire que l’intervention de Gaïd Salah, en ce timing précis, aura son pesant sur la suite des événements à venir dans le pays, sachant que la déclaration de l’état d’empêchement du président Bouteflika est une option, sinon la seule option, s’inscrivant dans le cadre constitutionnel. Lequel processus ouvrirait la voie, une fois la vacance du poste de Président vérifiée par le Conseil constitutionnel et confirmée par le Parlement national sous ses deux chambres réunies, à la nomination de fait du président du Conseil de la nation pour assumer la charge de l’intérim du Chef de l’État pour une période de 45 jours, selon les dispositions de l’article 102.
«Le peuple saura mettre en échec les manœuvres douteuses»
Dans son discours Gaïd Salah, et encore une fois, a évoqué les manifestations populaires pacifiques des Algériens, qui étaient à leur 5e marche de protestation vendredi dernier, à travers le pays. «La situation de notre pays est marquée, en ces jours, par des marches populaires pacifiques organisées à travers l’ensemble du territoire national, revendiquant des changements politiques», dira le vice-ministre de la Défense nationale dans un énième clin d’œil adressé au peuple algérien auquel il n’a cessé de rendre hommage depuis le début de la première marche de vendredi.
Mieux encore, le haut gradé de l’ANP dit être convaincu que le peuple algérien saura déjouer toutes les tentatives de manipulation du mouvement populaire. « En dépit du caractère pacifique et du civisme qui caractérisent ces marches jusqu’à présent, qui démontre la grandeur du peuple algérien, sa conscience et sa maturité, et qui a tenu à préserver l’image de marque dont jouit l’Algérie parmi les nations, il est de notre devoir de souligner que ces marches pourraient être exploitées par des parties hostiles et malintentionnées, aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur, qui usent de manœuvres douteuses visant d’attenter à la stabilité du pays. Des desseins abjects que ce peuple conscient et éveillé saura mettre en échec», constate le chef d’état-major de l’ANP.
De ce fait, et afin de prévenir notre pays de toute situation incertaine, «il est du devoir de tout un chacun d’œuvrer avec patriotisme et abnégation, et de privilégier les intérêts suprêmes du pays afin de trouver, dans l’immédiat, une solution de sortie de crise. Une solution qui s’inscrit exclusivement dans le cadre constitutionnel, qui constitue l’unique garantie pour la préservation d’une situation politique stable», suggère Gaïd Salah, qui venait de prendre option pour une solution ne sortant pas du cadre constitutionnel.
Farid Guellil