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L’APRÈS-BOUTEFLIKA VU PAR LE MONDE UNIVERSITAIRE : «Le peuple veut choisir son gouvernement de transition et élire son assemblée constituante»

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Hier, c’était encore une fois le mardi, du monde universitaire. Avant la 7ème marche populaire citoyenne pacifique, à travers le pays, vendredi prochain, qui s’annonce déjà décisive, pour réaffirmer l’édification d’un État de droit , même en vacances de printemps hors calendrier habituel, l’affluence estudiantine constatée, hier, à la Grande Poste et à la Place Maurice Audin, à Alger, n’a pas du tout baissé. Outre la mobilisation simultanément des étudiants et de leurs enseignants des universités du pays, les discussions et les débats du monde universitaire sur la période de transition bat son plein, car ils considèrent que la phase actuelle est cruciale. Hier, leur mobilisation a réitéré leur refus du premier ministre et aussi de sa nouvelle équipe.
Un premier indice qui atteste, encore, l’engagement du monde universitaire présent au cœur d’Alger, davantage d’organisation en ce mardi, jour de protestation du monde universitaire, depuis le 22 février dernier, en leur 6eme mardi de mobilisation pacifique, pour exiger le changement du système politique en place, dans le sillage du mouvement populaire citoyen à travers le pays. Après la première marche pacifique, des étudiants et de leurs enseignants, le 26 février passé, pour exprimer leur soutien et leur engagement à porter la voix du peuple. Sur fond des dernières donnes survenues sur la scène politico-médiatique, le monde universitaire a rappelé, en portant une grande banderole dans laquelle on pouvait lire «le peuple veut choisir son gouvernement de transition et former son assemblée constituante». Une feuille de route qui traduit amplement un appel à l’application des articles 07 et 08 de la Constitution et la prise en compte d’un pouvoir légitime, incontournable, « le pouvoir du peuple » comme nous l’a lancé un des étudiants, rencontré, hier non loin de la Place Audin. Et pour le montrer la large banderole, précitée, était portée par des étudiants, en tête de leur mobilisation, en ce 6e jour, hier, empruntant le circuit devenu habituel pour le monde universitaire : le parcours, entre la Grande Poste et la Place Maurice Audin. Au niveau de cette Place, devenue un carrefour incontournable, des manifestations pour le changement du système politique en place, les étudiants et étudiantes et leurs enseignants venus des différentes universités, écoles supérieures et instituts d’Alger, et autres établissements universitaires, dont ceux de Boumerdès, Tizi-Ouzou ou de Blida, ont défilé encore une fois pacifiquement. Farouk un jeune rencontré parmi les manifestants, portant les couleurs nationales, il suit des études à l’université de Bouzaréah à Alger. À notre question de savoir si la phase de transition devrait connaître des élections présidentielles ou une Assemblée constituante, il nous lance d’emblée : «nous refusons, en tant que citoyen et étudiants, l’idée de négocier avec le gouvernement Bedoui, que le peuple rejette.» Avant de conclure que «  c’est au peuple de décider des mécanismes de la phase de transition, et pour ma part, je suis pour une constituante » nous répond-il.
Et c’est à Fatima, étudiante à l’université des Sciences et de la Technologie, Houari Boumedienne, de Bab Ezzouar,(USTHB), de se manifester et de nous dire que « c’est justement la présence des mêmes têtes dans le gouvernement de Bedoui qui révèle que l’application de l’article 102, sans les articles 7, 8, n’est que l’autoproduction du même système, alors que le peuple exige le changement politique profond du système en place ». À ce moment, en s’apprêtant à les quitter, Farouk, nous lance, avec détermination, «qu’ils partent tous !» a-t-il insisté. Reprenant la parole, Fatima rebondit« le peuple refuse les avancées annoncées par le pouvoir, dont celle relative à la mise en place dans l’immédiat d’une commission indépendante chargée de l’organisation de l’élection présidentielle, nous ne leur faisons pas confiance ». Pour une professeur en sciences politiques, l’avantage de l’application de l’article 102 de la Constitution, selon elle, est qu’il «  prévoit un ensemble de procédures juridiques parfaitement bien huilées devant aboutir, à très court terme, à une élection présidentielle.», sauf que cette option, poursuit-elle, «  risque de privilégier des changements de forme et non pas de fond ». Enfin, l’interlocutrice nous affirme que le monde universitaire s’est d’ores et déjà projeté dans l’après-Bouteflika, en nous indiquant que « la transition démocratique implique le retrait du Chef de l’État, pour que la transition se fasse de façon neutre, sereine et à l’abri des manœuvres du système finissant ». Le peuple, poursuit-elle, veut aller sur la voie «  de l’élaboration d’une législation garantissant l’État de droit, les libertés individuelles, collectives, la séparation des pouvoirs, de nouvelles lois sur les partis politiques, la loi électorale… etc ». Insistant sur l’amorce d’un débat national, à travers « une constituante » pour l’élaboration d’une nouvelle Constitution, suite à quoi, « nous irons vers des élections présidentielle, législatives, et locales dans la transparence et débarrassées de toute fraude. »
Mohamed Amrouni

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