La situation en Libye étant montée d’un cran, depuis l’annonce, le 26 décembre dernier, par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, de l’envoi de ses troupes militaires, le parlement d’Ankara, d’ailleurs sans surprise, (la majorité étant acquise au président turc), a donné son aval pour le déploiement militaire, dans un pays, déjà ravagé, depuis 2011, par des tensions, des conflits armés et des actes terroristes, depuis l’intervention de l’Otan, dans ce pays, en mars 2011.
L’Algérie a réaffirmé son refus, jeudi dernier, de voir son voisin libyen, sombrer dans une guerre, contestant toute ingérence ou intervention étrangère en Libye, en insistant, sur la voie du dialogue inter-libyen, comme unique solution, pour sortir ce pays de la crise à laquelle il est confronté, depuis plus de huit ans. Réaffirmant, en effet, que la situation de crise et de conflits en Libye, ne pouvait avoir qu’une solution inter-libyenne, le ministre des affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a soutenu, jeudi dernier, que notre pays n’acceptait « la présence d’aucune force étrangère, quelle qu’elle soit », en Libye. Pour Alger «la voie des armes ne peut guère être la solution », qui souligne, le ministre Boukadoum «réside dans la concertation entre tous les Libyens, avec l’aide de l’ensemble des pays voisins et en particulier l’Algérie», il a tenu à rappeler pertinemment que notre pays est resté à équidistance des parties en conflit en Libye, et a développé une position de « solidarité » avec le peuple libyen, depuis le début de la crise, dans ce pays. Les déclarations du ministre des Affaires étrangères ont été tenues, en marge de l’opération de l’envoi, jeudi dernier, de plus de 100 tonnes d’aides humanitaires, via le Croissant rouge algérien (CRA), constituées de denrées alimentaires et de médicaments, sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avec la contribution de l’Armée nationale populaire (ANP), via un pont aérien reliant l’aéroport militaire de Boufarik à celui de Djanet. Pour une large opinion libyenne, régionale et internationale, qui craint de voir leur pays être le théâtre d’une guerre entre les acteurs influents sur la scène libyenne, après avoir été des années durant, une guerre par procuration et de conflits armés entre les frères libyens, la Turquie devra assumer toutes les conséquences gravissimes que générera une guerre, en Libye, si celle-ci venait à éclater, entre acteurs étrangers. Ces derniers, en course pour avoir le contrôle sur les richesses naturelles de ce pays et sur les voies d’approvisionnement de l’Énergie, sur fond notamment de la position géostratégique de la Libye, pèsent sur le cours des évènements sur la scène libyenne, risquant de faire plonger le pays dans l’enfer d’une guerre, en plus de plonger l’ensemble de la région, l’Afrique, notamment la région du Sahel et le bassin méditerranéen dans davantage d’instabilité et d’insécurité. Craignant de voir ce scénario désastreux se produire, l’Algérie s’est exprimée, jeudi, dernier, jour de la tenue de la réunion du parlement d’Ankara, pour avaliser, la décision du président Erdogan, de l’envoi, en Libye, des troupes militaires de la Turquie, mais aussi, à la veille de la tenue de la Conférence de Berlin, sur la crise libyenne, à laquelle, œuvrent les autorités allemandes et les Nations unies, en la personne de Ghassan Salamé, en charge du dossier libyen, par l’Institution onusienne. Si les propos du ministre Boukadoum ont été amplement clairs à l’adresse d’acteurs étrangers, à travers notamment la teneur des déclarations précitées, d’autres messages ont bien été adressés, d’une manière indirecte, entre les 26 et 30 décembre derniers, aux acteurs va-t-en en guerre en Libye. Il s’agit de la réunion du Haut Conseil de sécurité (HCS), du 26 décembre dernier, sous la présidence du président de la République, Abdelmadjid Tebboune où des mesures ont été prises, notamment pour la sécurisation davantage de nos frontières avec notre voisin libyen, qui sont, faut-il le rappeler, ces dernières années, sous l’œil de nos troupes mobilisées, dans cette région de notre pays, notamment depuis le basculement de ce pays, dans l’instabilité et l’insécurité, en 2011. À la suite de la réunion du HCS, s’est tenue, quatre jour après, le 30 décembre dernier, la réunion du général-major Saïd Chengriha, chef d’état-major par intérim, de l’Armée nationale populaire avec les hauts gradés de l’ANP, lors de laquelle, il a affirmé que l’ANP était prête à faire face «à n’importe quel danger» a indiqué un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN). Ayant de tout temps, depuis et après l’éclatement de la crise en Libye, défendu l’idée d’un dialogue entre les libyens, comme solution pour une sortie de crise, en vue de prémunir la Libye du pire scénario qui guette ce pays, depuis notamment l’intervention de l’Otan, l’Algérie a de tout temps condamné en même temps « toute tentative d’ingérence étrangère » dans ce pays et ailleurs, faut-il le rappeler, l’Algérie a, aussi de tout temps, prôné et insisté sur le respect du principe de non-intervention en dehors de ses frontières, un des principes fondamentaux de sa politique étrangère.
Karima Bennour