L’Algérie doit définir une stratégie de développement à long terme pour pouvoir tirer profit des opportunités de l’initiative chinoise OBOR (One blet, One road-la Ceinture et la Route) qu’elle a rejoint fin 2018, préconise Abdenour Kachi, expert en intelligence économique. Selon cet expert, à l’aube du nouveau plan quinquennal 2019-2023 de coopération sino-algérien, la dynamique des nouvelles routes de la soie présente des opportunités certaines et de nombreux avantages pour l’Algérie. Toutefois, a-t-il souligné, l’Algérie doit se doter d’un plan stratégique à long terme (15 à 20 ans) afin de définir par elle-même ses propres axes stratégiques de développement. Ce travail, poursuit-il, permettra à l’Algérie d’identifier quels partenariats stratégiques conclure avec ses partenaires, dont la Chine. Rappelant les avantages liés au positionnement politique de l’Algérie notamment les relations historiques d’amitié avec la Chine et les positions communes sur les principales questions internationales, l’expert a appelé à optimiser les relations entretenues avec le géant asiatique en cherchant une place privilégiée dans la stratégie de redéploiement mondial de la Chine. « L’Algérie, qui n’a que très récemment et trop timidement marqué son intérêt à cette initiative, doit proposer un projet qui lui permet de tirer profit de ses formidables leviers de développement », a noté Kachi citant en particulier, le positionnement dans le bassin méditerranéen, la proximité de l’Europe, la profondeur africaine ainsi que la disponibilité de ressources énergétiques et minières et de ressources humaines formées. Pour lui, il ne s’agit pas pour l’Algérie d’engrener une liste de projets à faire par ou avec la Chine, mais plutôt s’inscrire quelque part dans le redéploiement tentaculaire des routes mondiales du commerce. évoquant la place du secteur énergétique dans ce projet, l’expert a estimé que devant les défis énergétiques qui attendent l’Algérie (relance de la production industrielle, grosse consommatrice d’énergie, augmentation annuelle de la population, augmentation de la consommation interne…), l’initiative de la Nouvelle route de la soie peut porter des solutions qui visent également à développer un réseau électrique intercontinental. «L’Algérie aura sûrement intérêt à examiner les conditions dans lesquelles un axe stratégique fort et une synergie pourraient être construits autour du potentiel solaire algérien. Elle devrait mener une réflexion en profondeur et développer un argumentaire convaincant de manière à sortir du schéma de la Chine qui destine la production d’énergie renouvelable de l’Algérie au seul marché européen», a-t-il souligné. Concernant les domaines de partenariats avec la Chine dans le cadre de l’initiative (OBOR), l’expert recommande de s’intéresser à la zone transfrontalière de Tamanrasset et à d’autres points de passage transfrontaliers, la constitution d’un rempart vert pour lutter contre la désertification, la création d’écoles des métiers en partenariat et une université de la technologie et du numérique.
Cependant, l’expert préconise, de recourir aux appels à la concurrence internationale dans les domaines des études, de la réalisation, des choix technologiques, des équipements, et des financements qui seront «vitaux » pour les projets de partenariat dans lesquels l’Algérie s’inscrira. «Le FMI et les experts internationaux ont dès le mois d’avril 2018 alerté sur les risques de la spirale d’endettement générée autour des alternatives chinoises des routes de la soie. L’institution rappelait alors que les projets conclus depuis 2013 étaient majoritairement financés et réalisés par la Chine, aggravant de ce fait le taux d’endettement de nombreux pays et constituant une menace réelle et sérieuse de déséquilibres nationaux », a-t-il averti.
Ania Nch