La recherche se met au service du développement de la production céréalière nationale, pour peu que l’État mette les moyens à sa disposition. Les compétences nationales du domaine agricole sont même prêtes à propulser le pays au rang d’exportateur de blé, d’ici les cinq à dix années à venir.
L’enjeu n’est pas des moindres, puisqu’il s’agira pour le pays, au-delà de développer la production du blé dans ses deux espèces, dure et tendre notamment, à même de s’auto-satisfaire en la matière, de s’affranchir de la dépendance aux importations qui continuent d’affaisser les ressources de la Trésorerie du pays.
De surcroît, au moment où l’Algérie fait face à une conjoncture de crise financière. Pour un secteur aussi stratégique que l’agriculture, dans la mesure où celui-ci figure-t-il parmi les cinq piliers sur lesquels repose en partie l’objectif de diversifier l’économie productive hors-hydrocarbure, il est vraiment temps de placer la recherche au centre de la politique agricole à des fins de modernisation.
Si tel est le cas, faut-il encore doter les établissements nationaux opérant dans la recherche, liée à la sélection et au développement de nouvelles variétés de semences du blé. L’appel vient de l’INRAA (Institut national de la recherche agronomique d’Algérie). Son directeur, Fouad Chehat, a formulé aux pouvoirs publics une demande de révision à la hausse du budget affecté à la recherche agricole. Ceci devra permettre, selon ce responsable, de financer les travaux menés par les chercheurs autour du développement de nouvelles variétés de graines du blé dur et tendre. Une nécessité édictée par le souci de développement céréalier, à croire le même responsable qui a présenté un argumentaire scientifique à travers des déclarations rendues publiques, hier, par l’Agence nationale de presse. À ce titre, il en sort des explications du même responsable qu’une bonne production de qualité du blé passe nécessairement par une variété de semence qui s’adapte le mieux à la nature des terres agricoles de l’Algérie. Ainsi, à la faveur d’une recherche appuyée sur le plan financier, les chercheurs du domaine ont-il la possibilité de développer, dans les trois prochaines années, une variété de blé «très performante» qui est en mesure de générer une production avec en prime un rendement conséquent. Passée cette période consacrée aux travaux d’études qui visent la recherche et le développement technique d’une variété nouvelle qui sied le mieux à l’Algérie, il en sera question, durant deux années supplémentaires, de produire à grande échelle du blé à partir de cette même variété, a expliqué le responsable de l’INRAA.
Donc, selon lui, à l’horizon 2020, le pays peut même aspirer passer au stade d’exportateur, une fois le marché local satisfait. S’agissant du blé tendre, le dirigeant de cet établissement dédié à la recherche agricole fait savoir que s’agissant du développement de nouvelles variétés concernant le blé tendre nécessite une dizaine d’années, à même de généraliser la production de cette espèce.
Et pour cause, selon l’expert agricole, l’Algérie n’a pas connu cette variété avant la période coloniale, contrairement au blé dans sa version dure. D’où, selon ses recommandations, l’impératif de développer des variétés parmi celles qui résistent le plus à la nature du sol cultivable, d’autant plus que les semences y afférentes présentent des besoins importants en matière d’eau. Même si le même responsable apprend que les Algériens ont tendance à adopter un nouvel mode de consommation, lequel est orienté de plus en plus vers les produits alimentaires fabriqués à base du blé tendre. C’est ce que commande, selon lui, l’importante nécessité de développer des variétés de semences pour ce qui est de cette espèce céréalière, à même de répondre aux besoins croissants des Algériens.
Chiffres en appui, le directeur de l’INRAA fait savoir que la production de l’Algérie en blé tendre enregistre 600 000 tonnes/an. Un volume situé bien en deça des besoins réels exprimés par la population qui sont de l’ordre de 3,5 millions de tonnes chaque année.
Pour renverser la balance, quoi de mieux, donc, pour les pouvoirs publics, de consentir des efforts à même de doter la recherche agricole par des financements supplémentaires, dans l’objectif d’arriver à une autosuffisance alimentaire en la matière est un objectif réalisable, comme l’a fait dire le même responsable. Ceci est valable également pour ce qui est de la production du blé dur, dont les besoins restent tout aussi importants. En effet, le pays en produit annuellement 1 million de tonnes contre un besoin allant jusqu’à 16 millions de tonnes.
Des raisons donc assez suffisantes pour aller davantage en direction d’une budgétisation conséquente de la recherche agricole. Par ailleurs, pour permettre le stockage de la production de la semence du blé, l’INRAA plaide pour la réalisation de silos spécialisés pour chaque variété.
Farid Guellil