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LA FRATRIE RISQUE ENTRE 10 À 20 ANS DE PRISON FERME : Lourd réquisitoire contre les frères Kouninef

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L’un des plus importants dossiers de corruption ouvert, mercredi dernier au tribunal de Sidi-M’hamed, le procès des frères Kouninef, hommes d’affaires proches de la famille des Bouteflika, aura démontré toute l’étendue du phénomène de siphonage de l’argent public.

Accusés de « trafic d’influence », « blanchiment d’argent », « obtention d’indus avantages », « détournement de fonciers et de concessions », et « non-respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics », la fratrie composée de Réda, Abdelkader-Karim, Tarek-Noah et Souad-Nour (en fuite à l’étranger) risque entre 10 à 20 ans de prison ferme, selon le réquisitoire du parquet, annoncé, hier, au quatrième jour des auditions.
Ainsi, le procureur de la République près le tribunal de Sidi-M’hamed a requis 18 ans de prison ferme à l’encontre de Réda, 15 ans à l’encontre de Tarek-Noah et Abdelkader-Karim et 10 ans à l’encontre de Keddour Ben Tahar, en sus d’une amende de 8 millions de DA pour les quatre frères. Souad-Nour, quant à elle, étant en fuite à l’étranger et sous le coup d’un mandat d’arrêt international, risque quant à elle 20 ans de prison ferme.
Pas que, des peines allant de 3 à 6 ans de prison assorties d’amendes d’un million de DA ont été requises à l’encontre de 10 autres prévenus impliqués dans l’affaire. Il s’agit de cadres des ministères de l’Industrie, de l’Agriculture, de l’Hydraulique, de l’Énergie et des Télécoms ainsi que d’autres secteurs où le groupe KouGC a obtenu des marchés. Au titre des pertes financières causées au Trésor public, elles sont, selon la partie civile, de l’ordre de « plus de 260 milliards DA, dont 186 milliards de DA dus aux crédits injustifiés octroyés au groupe par des banques publiques, et 75 milliards de DA aux indus privilèges obtenus par le même groupe ».

Récit du troisième jour d’audition
Le procès des frères Kouninef s’est poursuivi, hier, avec l’audition des représentants des 54 sociétés du groupe KouGC.
Leur sœur, dénommée Souad-Nour, qui se trouve en fuite à l’étranger, ainsi que Keddour Ben Tahar, gérant du groupe KouGC appartenant à la fratrie des Kouninef, sont également impliqués dans cette affaire. D’emblée, la juge du tribunal s’est adonnée à une longue série de questions-réponses avec ce beau monde – personnalités morales- des sociétés de l’empire économique des Kouninef.
Le gérant du groupe KouGC était le premier à être auditionné. « Qu’en est-t-il du crédit contracté pour le lot de terrain d’une superficie de 4000 mètres carrés prévu à la construction d’un siège pour l’entreprise ? » Au prévenu de répondre : « Quand je suis arrivé je n’étais pas au courant du montant des crédits contractés. Je ne savais rien ». Et à la juge de le relancer : « Qu’en est-t-il de la rondelette somme des 130 millions de dinars de crédits dont a bénéficié l’entreprise KouGC ? »
Le gérant : « Je ne sais rien ».
La juge : « Est-ce que vous avez une copie du contrat, des cahiers des charges » ? « Oui »répond le représentant du KouGC.
La juge passe en suite au représentant juridique de la Sarl « Traks », Moussa Slimani. La juge : « Vous êtes poursuivi pour les mêmes griefs. Qu’avez-vous à nous dire sur les avantages obtenus par l’entreprise auprès du Conseil national de l’investissement CNI ? ». « L’entreprise activait dans le domaine de la construction bâtiment », a répondu le prévenu. La juge : « Est-ce qu’elle a bénéficié d’un crédit bancaire ». Le représentant de la Sarl : « Je ne sais rien ».
Selon le dossier en ma possession, réplique la juge, il est mentionné une somme de 92 milliards de crédit. Qui est le gérant ? ». « C’est Tarik-Noah Kouninef », a-t-il répondu.
La juge : « Est-ce que l’entreprise honorait les salaires des employés » ?
« L’entreprise était ouverte mais n’assurait aucune activité », a-t-il répliqué.
Le procureur de la République : « Depuis quand vous êtes administrateur au sein de l’entreprise » ?
« Depuis janvier 2014 », a-t-il répondu.
L’avocate questionne le prévenu : « Est-ce que vous êtes passé devant le juge d’instruction pour être entendu» ?
Et de répondre : « non : je n’ai pas été entendu », avant que le juge d’instruction n’appelle à la barre le représentant de la Sarl Mobinil.
« Les mêmes charges sont retenues contre vous. Qu’avez-vous à dire », a lancé la juge à l’adresse du prévenu. « Elle n’assurait aucune activité économique », a-t-il assuré.
La juge : « L’entreprise a contracté un crédit de 166 milliards de centimes auprès de la Banque de l’agriculture et du Développement rural BADR. Est-ce que vous étiez au courant » ?
« Non je ne savais rien. Ni des crédits contractés ni des assiettes immobilières, ni du capital de l’entreprise », a répondu le prévenu.
Le procureur de la République : « Est-ce que vous étiez au courant des marchés signés par l’entreprise » ? « Je ne savais rien », a-t-il répondu.
La juge appelle à la barre le représentant juridique de la Sarl « General Magrébin Construction ».
« Qu’avez-vous à dire à propos de cette Sarl ?
« Je ne la connais pas et je n’ai aucun lien avec elle. Et je n’étais pas passé devant le juge d’instruction pour m’entendre », a-t-il dit.
La juge passe au représentant juridique de la Sarl » Coninental ».
La juge : « Vous travaillez dans quelle entreprise » ?
Le prévenu : « J’ai travaillé pour KouGC avant de rejoindre l’entreprise « Notrice » appartenant aux « Kouninef ».
Le procureur : « En tant que représentant juridique de l’entreprise. Connaissez-vous votre rôle au sein de la Sarl Coninental» ?
Le prévenu : « Non je ne sais pas puisque je ne travaille pas au sein de cette entreprise »

Des crédits bancaires astronomiques
Pour l’entreprise « Notrice », enchaîne la juge, « est-ce que vous êtes au courant des crédits contractés par l’entreprise et à combien ils s’élèvent».
Le prévenu : « Oui je savais que l’entreprise a bénéficié d’un crédit de 2 000 milliards de centimes »
La juge d’instruction appelle la partie civile représentée par des témoins, dont Chikhaoui Mohamed entre autres.
La juge : « Chikhaoui Mohamed avec des liens de parenté avec les accusés »
« Non je n’ai aucun lien familial avec eux », répond le témoin.
« Et que diriez-vous à propos de ces faits » relance le juge.
Chikhaoui : « KouGC a travaillé avec la Sonelgaz en 2002, 2003 et 2006 à travers des contrats, en plus des sommes d’argent supplémentaires avancées pour finir les travaux. Il y a des travaux réalisés et d’autres non comme c’est le cas de ceux de la Kabylie. Pour ce qui est du projet ligne Bouira-Derguina, l’entreprise à contracté un crédit de 140 millions de dinars sans qu’il ne soit réalisé. Et celui de Jijel-Kasr Derguiba en 2007, elle a bénéficié d’un crédit de 135 millions de dinars qui n’a pas été réalisé dans les délais », a-t-il témoigné. La juge appelle à la barre Sihem Aboura, représentante de la Sarl « ITBA ». « Cette entreprise a été dissoute le 26 octobre 2018. Son gérant était Keddour Ben Tahar, gérant du groupe KouGC », a-t-elle répondu à la juge.
D’autres responsables au sein des multiples entreprises des Kouninef ont passé, successivement, à la barre en cette journée du samedi, troisième jours du procès Kouninef, à savoir, les représentants des entreprises Hydro-construction company, Imo Sarl entre autres.

Saïd Bouteflika « auditionné » jeudi
Parmi les prévenus, en liberté, figurent, également des cadres des ministères de l’Industrie, des Ressources en eau, de l’Énergie, de l’Agriculture, des Télécommunications pour l’octroi de marchés publics ; dans un procès qui a tenu en haleine l’opinion publique de par les sommes faramineuses révélées, les personnes impliquées, mais aussi et surtout en raison de la proximité connue de la famille Kouninef avec celle des Bouteflika depuis l’époque de leur défunt père. Aux dernières nouvelles, et selon plusieurs médias nationaux, Saïd, le frère-conseiller de l’ancien Président, qui se trouve actuellement à la prison militaire de Blida, « a été auditionné, jeudi, par une commission rogatoire au sujet de ses relations avec les frères kouninef, notamment Réda ».
Brahim Oubellil

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