C’est ce que révèle l’Association nationale des médiateurs judiciaires, faisant état de l’existence de près de 2 500 médiateurs au niveau national, dont 1 200 adhérents à l’Association. Le concept intégré dans le cadre de la réforme de la Justice reste encore, pour Ali Boukhelkhal, méconnu des Algériens. Étant à l’origine de 80% de litiges réglés aux états-Unis, et existant depuis 1982 en France, la médiation juridique, estime en effet le président de l’Association nationale des médiateurs judiciaires, Ali Boukhelkhal, n’a pas trouvé encore sa place en Algérie. S’exprimant hier au Forum du quotidien El-Moudjahid, il a souligné que seulement 18% des affaires sont traités par la médiation en Algérie, alors que certains pays voisins, comme le Maroc, sont beaucoup plus avancés dans ce domaine. Ce retard incombe, explique dans ce sens Boukhelkhal, aux années de braise et à la Décennie noire qu’a connues le pays. La Tragédie nationale nous a laissé parmi les derniers de la classe, laisse-t-il entendre. Ayant toutefois été intégrée, poursuit-il, dans le cadre de la réforme de la Justice, le recours à la médiation reste timide, mais connaît une évolution sensible comparativement aux années précédentes. Il a rappelé à l’occasion que le médiateur est celui qui règle des litiges entre deux parties, ou plus, à travers la communication. La médiation peut être, explique-t-il dans ce cadre d’idées, libre quand c’est les justiciables qui choisissent le médiateur, et judiciaire quand c’est imposé par le juge. En Algérie, c’est le deuxième cas qui est le plus fréquent. La médiation libre n’existe pratiquement pas, souligne l’hôte du Forum. Pour la désignation du médiateur, c’est le juge qui s’en occupe, après avoir informé les parties concernées. Un délai de trois mois est par la suite donné à ce médiateur pour trancher dans son affaire qui sera conclue par l’élaboration d’un procès-verbal qui sera déposé chez le juge. Après quelques jours, une semaine au plus tard, le juge apportera son approbation finale. Pour ce qui est du profil du médiateur, Boukhelkhal explique que celui-ci peut être un avocat, un médecin, un professeur à l’université et même un imam. Le médiateur complète le travail de la Justice, et n’est pas un concurrent, soutient-il, dans ce sens. Pour être médiateur, il faut avoir un agrément du ministère de la Justice, après que celle-ci eut diligenté une enquête approfondie du dossier. Abordant, par ailleurs, le volet de la formation, le président de l’Association l’a qualifié de «colonne vertébrale» de cette noble mission. En effet, il estime que pour réussir à bien cette mission, il faut être bien formé et c’est dans cette optique qu’une session de formation de deux mois a été dispensée à la fin de l’année 2013. Boukhelkhal évoque également la question de formation des formateurs qui est aussi nécessaire et répondra à la demande au niveau national. Pour cette fin de l’année 2016, l’Association s’est fixée un objectif de former la plupart des médiateurs exerçant dans ce domaine.
Ania Naït Chalal