L’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump a, une fois de plus, déconstruit les mensonges du lobby marocain aux USA en affirmant que le Front Polisario est le représentant légitime du peuple sahraoui. Dans une interview accordée au média espagnol El Independiente, Bolton livre son avis et son analyse …
Le Makhzen continue de se bercer d’illusions dans le dossier du Sahara occidental. Son prétendu plan d’autonomie, malgré des soutiens occultes et controversés, est buté sur la force du droit international qui confère au peuple sahraoui son droit inaliénable à l’autodétermination. À cela s’ajoute la résistance du Front Polisario face aux forces d’occupation marocaines depuis la rupture du cessez-le-feu dont Rabat s’était rendu responsable le 13 novembre 2020. Le double échec essayé sur le plan diplomatique et sur le terrain de combat a contraint Rabat à se rabattre sur les coups bas. C’est ainsi que depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, Rabat a réactivé ses réseaux aux États-Unis dans un but précis : discréditer le Front Polisario et amener le Congrès américain à voter une proposition pour le classer comme une organisation terroriste.
Toutefois, ce mensonge est tellement grotesque que la supercherie marocaine n’a pas obtenu l’effet escompté. Seuls quelques rares élus du Congrès se sont aventurés sur ce terrain miné. Comme l’élu républicain Joe Wilson, qui siège à la Chambre des représentants, et lequel a annoncé, avril dernier, son intention de déposer une proposition de loi en vue d’inscrire le Front Polisario sur la liste noire des organisations terroristes du Département d’État. Mais, cette initiative a fini en pétard mouillé. N’empêche, le Makhzen s’y est accroché cahin-caha en continuant à se bercer d’illusions en criant … victoire. Rabat croit-il pouvoir influencer les décisions du Congrès américain ? Des hommes politiques américains bien placés pour avoir été, à un moment donné, dans l’entourage très restreint de l’actuel locataire du Bureau ovale, tiennent une réponse cinglante à l’égard du Makhzen, ses relais et ses ouailles qui tentent de ternir l’image du représentant légitime du peuple sahraoui qui lutte pour l’indépendance.
« Le référendum est la seule solution »
Ainsi, à la question de connaitre son avis sur la tentative du Congrès américain de faire passer une proposition classant le Front Polisario comme organisation terroriste, la réponse du 26e conseiller à la sécurité nationale des États-Unis (2018 – 2019) a été tranchante et incisive. « Je ne pense pas que ce soit adopté. C’est une (proposition, ndlr) erreur. Même si elle était adoptée par la Chambre des représentants, elle ne le serait pas par le Sénat. Elle repose sur des mensonges selon lesquels le Polisario se serait allié à l’Iran, au Hezbollah et au Hamas, ce qui est totalement faux. Il existe des organisations non gouvernementales américaines qui travaillent dans les camps de réfugiés, dans l’éducation, et certaines d’entre elles sont des groupes religieux, mais elles mènent des actions profanes, dans les domaines de la santé et de l’éducation. Elles verraient immédiatement s’il y a une quelconque influence iranienne, du Hezbollah ou de toute autre nature dans les camps. Il n’y a tout simplement aucun fondement à cela. C’est de la pure propagande ».
Telle est une réponse en mesure de faire tomber le Makhzen de haut pour qu’il se rende à l’évidence que le Front Polisario est un mouvement de libération à l’instar de tous ses homologues qui ont lutté pour recouvrer leur indépendance. À propos de la solution qu’il estime juste et équitable pour le règlement du conflit entre le Maroc et le Front Polisario, Bolton ne sort pas du cadre du plan onusien et des résolutions de son Conseil de sécurité. Bien que, et une fois de plus, il s’en est pris au Maroc qu’il désigne comme une source de blocage pour le règlement du dossier. « (…) Le Maroc tergiverse … Un référendum aurait été facile à organiser », a-t-il martelé. « Le Maroc a effectivement pris possession de la majeure partie du Sahara occidental. L’administration Trump, lors de son premier mandat, a reconnu sa légitimité au pouvoir, ce qui est contraire à la position américaine de longue date. Je continue de penser que la seule solution est d’organiser un référendum. La situation s’inscrit désormais dans un contexte international régional plus large, avec des différends entre l’Algérie et le Maroc et bien d’autres choses encore. Mais les Sahraouis eux-mêmes se trouvent toujours dans les camps de réfugiés de Tindouf, en Algérie, et méritent de pouvoir rentrer chez eux. Personne ne le conteste. La question est de savoir sous quelle souveraineté ? Je continue de penser que ce n’est pas une question difficile », a répliqué Bolton.
« Le référendum fait peur au Maroc »
Par ailleurs, l’influent Républicain pense que le Royaume marocain ne laisserait pas faire à cause du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui qui continue à lui faire peur. « Le Maroc ne veut pas risquer de perdre le référendum. Ils ont eu, comme vous le savez, plusieurs « Marches vertes », comme ils les appellent, de Marocains se rendant au Sahara occidental », a-t-il souligné exprimant ses regrets quant à la communauté internationale qui n’assume pas ses responsabilités, à commencer par le Conseil de sécurité qui doit faire respecter le droit international en vue d’organiser le référendum d’autodétermination. « Elle démontre la véritable faiblesse de l’ONU, qui adopte une résolution simple et facile à mettre en œuvre, acceptée par tous, puis change d’avis et tout s’écroule. »
« Trump pourrait soutenir le référendum »
Concernant la position de Donald Trump qui, durant son premier mandat, a parrainé la signature des Accords d’Abraham entre Rabat et Tel-Aviv, avant de reconnaitre la « Marocanité » du Sahara occidental, Bolton ne pense pas moins que l’actuel président américain pourrait changer de cap. Trump pourrait-il revenir sur cette décision prise lors de son premier mandat ?
Bolton répond sans ambages : « Bien sûr qu’il le pourrait s’il le voulait. J’ai été surpris que l’administration Biden n’ait pas modifié sa politique à son arrivée au pouvoir. Et je pense toujours que les États-Unis peuvent dire : « Écoutez, nous reconnaissons marocanité de facto, mais nous pensons quand même qu’il devrait y avoir un référendum. » C’est là l’essentiel. Si un référendum a lieu, la question peut être résolue d’une manière ou d’une autre ». Toutefois, Bolton dénonce encore une fois le blocage du Maroc qui craint pour l’issue du référendum d’autodétermination.
Farid Guellil