Il y a lieu de s’attendre à l’impact de la portée de la sortie médiatique de l’ambassadeur saoudien à Washington, indiquant, dimanche soir, que des concertations ont eu lieu entre américains et saoudiens, des mois avant le début la semaine dernière, de l’offensive militaire « opération décisive » que dirige l’Arabie saoudite contre le Yémen.
C’est dans un entretien qu’il a accordé à la chaîne américaine CBS, dimanche soir, jour de la clôture des travaux de la 26eme session du Sommet arabe, à Charm el-Cheikh, Egypte, par l’adoption de la création d’une force militaire conjointe, que le diplomate Adel Eljoubeir a annoncé l’information précitée. Après que le roi saoudien et son ministre des Affaires étrangères ont discouru lors du sommet en question que les raids aériens de « l’opération décisive » contre le Yémen visent « le rétablissement de la légalité » l’ambassadeur du royaume saoudien soutient dans l’entretien précité, que l’offensive militaire vise « les miliciens d’Ansar Allah » qui selon lui sont « des alliés de l’Iran et du Hezbollah ». Insistant plus loin dans ses propos, que l’opération que mène la coalition militaire que dirige Riyad, « n’est pas une guerre par procuration », en la qualifiant de « guerre de nécessité ». Le timing choisi pour ce diplomate de faire cette annonce n’est pas fortuit, au regard du cours des événements sur les scènes, yéménite, régionale et internationale, notamment sur fond de la teneur des négociations en cours à Lausanne en Suisse, entre les 5+1 et Téhéran, sur le nucléaire iranien. À son cinquième jour, hier, depuis le début des raids militaires aériens de «l’opération décisive» contre le Yémen, les raids de l’aviation militaire saoudienne ont fait plusieurs victimes. Le ministère de la Défense yéménite a annoncé hier, en fin de matinée, que « les quatre bombardements de l’aviation saoudienne visant le camp des déplacés -Mezrek, de Hadja à l’ouest du Yémen- ont fait 40 victimes et plus de 250 blessés ». Le camp de Mezrek abrite les déplacés des conflits armés et des guerres précédentes qu’a vécu le pays vers lequel se sont réfugiés d’autres yéménites depuis le début des bombardements de «l’opération décisive» dirigée par l’Arabie saoudite.
Par ailleurs, Human Rights Watch (HRW) a fait état, hier, dans un communiqué, que les 26 et 27 mars derniers, les raids aériens de « l’opération décisive » ont causé la mort de pas moins de 11 civils et bléssés 38 autres au Yémen. La région de Dalea est depuis hier, sans électricité et eau, où les conditions des populations, sont déjà difficiles. Les appels au retour à la voie du dialogue n’ont cessé d’être lancés, par des capitales arabes et étrangères, pour ne citer que Bagdad, Alger, Moscou et Pékin, en vue de prémunir les risques d’embrasement du Yémen et éviter à la région de s’enliser dans un chaos, qui ne profitera qu’au groupes de djihadistes. Des appels dont ceux d’Alger et de Bagdad ont été traduits par des propositions soumises lors du Sommet arabe de Charm el-Cheikh, sans pour autant avoir eu l’écho favorable, notamment des États membres de la Ligue arabe qui prennent part militairement à « l’opération décisive » que dirige Riyad contre le Yémen. Par ailleurs, des cadres, représentant la scène politique, académique et la société civile ont tenu une conférence hier à Sanaa, au terme de laquelle ils ont annoncé la formation de « l’alliance nationale de résistance à l’agression contre le Yémen ». Les participants ont soutenu à l’adresse d’Abd Rabbo Mansour Hadi, qui se trouve à Riyad après avoir pris part au Sommet de la Ligue arabe, que ce responsable « a commis des erreurs à l’encontre du peuple yéménite, dont le plus grave est celui d’avoir demandé l’intervention étrangère» ont-ils précisé. Le chef de la diplomatie yéménite a exclu, dimanche dernier, lors du sommet de Charm el-Cheikh, tout dialogue avec les rebelles avant leur reddition, Il n’y aura pas « de négociations ou de dialogue, tant que le gouvernement légitime n’aura pas regagné le contrôle de tout le territoire yéménite » a indiqué Riyad Yassine.
La coalition composée des armées des monarchies du golfe, hormis Oman, celle du royaume marocain, de l’Égypte et du Soudan est dirigée par l’Arabie saoudite. Les raids de l’aviation sur le Yémen se sont intensifiés, hier, et à l’heure ou nous mettons sous presse, les différentes régions de Sanaa sont sous ces bombardements.
Karima Bennour
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