L’ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika est décédé vendredi à Alger, à l’âge de 84 ans. Retiré, depuis sa démission au mois d’avril 2019, il s’est éteint entouré de ses proches, ont indiqué des sources familiales.
À cette occasion, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune a décidé la mise en berne du drapeau national à travers le territoire national, pendant trois jours, à compter du samedi 18 septembre, indique un communiqué de la présidence. Abdelaziz Bouteflika, dont l’arrivée au pouvoir, en 1999, avait suscité de vifs espoirs pour une grande partie du peuple, a fini déçu, après près de vingt ans de règne , par le refus du peuple pour un cinquième mandat présidentiel et à le pousser à partir, grâce à un vaste mouvement populaire, pacifique du 22 février 2019. Lors de son arrivée, le pays vivait en plein marasme. Meurtri par une décennie sanglante, croulant sous le poids d’une faillite économique et isolé sur le plan international, l’Algérie avait nourri de grands espoirs, quand il avait prêté serment devant les deux chambres réunies du parlement. Il faut rappeler que le scrutin qui lui avait permis de se faire élire pour un premier mandat avait connu le retrait de six candidats à la veille du début du vote. L’homme qui avait exercé le pouvoir depuis l’indépendance du pays en occupant plusieurs postes de ministres avant de connaitre une période de disgrâce durant la période 1981-1987, le poussant même à s’expatrier pour vivre en exil, était présenté comme le messie qui allait sortir le pays du marasme. Son arrivée à connu la défaite du terrorisme sur le plan militaire réduisant à une proportion gérable sa capacité de nuisance. Mieux encore, sur le plan politique, le terrorisme a été vaincu par la promulgation de la loi sur la réconciliation nationale. Et son élection pour un premier mandat a surtout coïncidé avec un bond du marché des hydrocarbures qui a provoqué une forte augmentation du prix du pétrole brut. Les réserves de change ont connu une forte augmentation et tous les indices économiques étaient au vert. Ce sont des atouts qui auraient pu lui permettre d’engager le pays vers la voie du progrès et du développement. Mais ses promesses électorales ont commencé à fondre. Durant cette période, un premier AVC le contraindra à de lourds soins à l’étranger ce qui avait permis à des forces, extraconstitutionnelles de lancer une OPA sur les institutions du pays et de s’installer comme la source et le détenteur du pouvoir. Son frère conseiller, devenu l’homme fort du pays, a constitué une oligarchie qui a fait main basse sur les richesses du pays et sur ses institutions.
Un quatrième mandat de trop…
Et alors que tous les Algériens s’attendaient à son renoncement, pour raison de santé, à briguer un nouveau mandat, , il s‘est représenté pour la quatrième fois et son élection est passé comme une lettre à la poste. Son entourage avait tout fait pour lui organiser un vote plébiscite. Durant cette période, des hommes forts de son entourage furent éclaboussés par des scandales mais cela ne l’a pas poussé à tenter de reprendre en main la situation et de se réapproprier ses attributions régaliennes. Fatigué sur le plan physique, et usé par la maladie, il avait disparu de la scène se contentant d’adresser au peuple des messages, laconiques, que certains de ses ministres lisaient à l’occasion de leur sortie. C’est durant ce mandat qu’il avait lancé à Sétif son fameux « Tab Djenani (nous avons fait notre temps) », qui avait laissé penser qu’il n’allait pas briguer un nouveau mandat et qu’il allait enfin permettre la concrétisation de ses promesses de démocratisation des institutions et consacrer l’alternance au pouvoir. Ce n’était qu’un leurre puisqu’il se présentera et se fera élire pour un quatrième mandat malgré sa maladie. Le pays est tombé alors comme un fruit mûr aux mains d’une mafia compradore qui s’est non seulement enrichie mais qui s’est approprié le pouvoir et l’autorité en Algérie. La fin de ce mandat allait signifier pour lui la fin d‘un règne. Ses partisans et courtisans craignant pour leurs intérêts ont tout fait pour le présenter comme l’unique solution aux nombreux problèmes que connaissait le pays qui avait résisté à la tentation des forces occultes et certaines puissances occidentales à lui offrir son printemps arabe. La volonté du cercle de ses proches de lui faire briguer un cinquième mandat a poussé le peuple à sortir dans la rue, pacifiquement, pour crier son rejet de la manœuvre suicidaire de l’oligarchie et surtout d’exiger un changement. Malgré toutes les manœuvres de son frère, Said Bouteflika et ses proches de s’accrocher au pouvoir, en avançant l’idée d’une prolongation de la durée du quatrième mandat, puis en proposant transition « douce », orchestrée et menée par les forces extraconstitutionnelles, le peuple a eu gain de cause, puisque le 19 avril 2019, Bouteflika, affaibli sur le plan physique et le visage marqué par la douleur, a fini par remettre sa démission signifiant ainsi sa fin sur le plan politique et donnant surtout le clap de fin pour le règne d’une oligarchie qui a mis à mal le pays et surtout hypothéqué toutes ses chances de salut par une corruption érigée en système de gouvernance, la prévarication, le faux et usage de faux et surtout l’utilisation des biens publics et l’autorité à des fins personnelles. .
Slimane B.