Le leader du Mouvement pour la société de la paix (MSP), Abderrezak Makri, s’en prend au gouvernement, les partis de l’opposition et du pouvoir, avec de plus en plus de violence avec la presse. Au point de semer des incertitudes dans son propre camp.
Boudjerra Soltani, ancien président de MSP, a dû répéter à qui voulait bien l’entendre que sa nouvelle démarche, en l’occurrence le Forum mondial pour le juste milieu, n’est pas venue pour perturber les affaires internes du MSP, ni celles de Makri, il n’en a rien fait. Et Makri persiste toujours de le tenir responsable de son propre échec à gérer le parti. Que les deux hommes aient moins d’affection l’un contre l’autre, c’est un secret de Polichinelle. Mais, ce qui est nouveau, c’est ce changement subit d’humeur du président du parti islamiste. L’homme n’apprécie guère le traitement réservé à son initiative dans la presse, aussi l’initiative de ses frères ennemis, à savoir la Conférence nationale d’Amar Ghoul et le Forum mondial du Juste-milieu de Boudjerra Soltani. Certes, Abderrezak Makri est formellement opposé à la ligne politique défendue par ces derniers, lui qui se considère toujours dans l’opposition. Mais, il y a plus, il y a de la vexation dans sa colère, voire même de l’outrance. L’accueil froid et la manière dont la presse a traité son initiative de «Consensus national» l’ont mis hors de soi. Par ci et par là, on s’interroge sur le timing de cette initiative et ceux réellement qui sont derrière. Dimanche dernier, Makri réagit sur son bloc Facebook en écrivant ceci : «Parmi les méthodes rusées utilisées par les journalistes sans professionnalisme et crédibilité et dont le seul but est de harceler et semer la zizanie entre personnes, est de dire “que telle personne a attaqué telle personne” sans le citer par le nom et sans avancer d’argument valable ». En s’attaquant à des écrits dans la presse, Makri veut se dédouaner des accusations portées contre lui par Abdellah Djaballah, président de la formation islamiste du FJD qui l’a accusé d’abandonner sa position dans l’opposition et d’être un relais du pouvoir à travers son initiative. Récemment, lorsqu’il a reconnu avoir tenu des rencontres, loin des yeux des journalistes, avec des hautes personnalités de l’État, Makri a essuyé une valse de critiques de tous bords, face auxquelles il s’est montré abasourdi. «La direction du parti ne vendra pas et n’achètera pas, malgré le nombre d’abondant des offres. Oui, nous avons rencontré récemment toutes les personnalités, celles qui viennent à l’esprit et d’autres qu’on y pense même pas, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, des dirigeants fictifs et réels», s’offusque le MSP dans un communiqué hier. Cette fois-ci le coup est parti lorsque des partis ont dénoncé «un double jeu» mené par le MSP en «négociant avec le pouvoir tout en gardant un discours pro-opposition». À la fin de la semaine dernière, Makri a insinué, dans un entretien à un quotidien national, que son initiative était même à deux doigts d’être acceptée par le «régime», attribuant l’échec de «report des présidentielles» aux partis de l’opposition. Il renvoie aussi «le manque de confiance» de l’opposition en son initiative par «cette histoire de Conférence nationale [d’Amar Ghoul] qui a court-circuité notre initiative et qui a alimenté davantage la peur de l’opposition».
Hamid Mecheri