Abdallah Benkirane, le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD) Maroc se livre à un véritable jeu de funambule pour tenter de garder la tête hors de l’eau entre la colère des Marocains qui continuent, chaque jour un peu plus, de rejeter la normalisation avec l’État hébreu et le palais royal auquel il apporte son soutien.
C’est la danse du ventre pour rester dans les bonnes grâces du palais et le surf sur la vague de la contestation pour ne pas perdre l’électorat qui l’avait pourtant sanctionné lors des dernières législatives. C’est à croire que ce parti est affublé d’une direction bicéphale qui dit la chose mais fait son contraire. Cela rappelle une phrase culte restée dans les annales de la politique qui consiste à mettre le clignotant à droite pour bien virer à gauche.
Il faut revenir au processus de normalisation avec l’Etat hébreu pour comprendre que le parti islamiste marocain a négocié les clauses de l’accord Abraham, signé au mois de décembre 2020, et c’est lui qui a reçu les diplomates israéliens à leur arrivée à Rabat. C’est lui également qui a applaudi quand Benny Gantz, le ministre israélien de la guerre a menacé l’Algérie à partir de Rabat. C’est bien son chef du gouvernement El-othmani qui a suivi et mis en œuvre tout le processus de normalisation avec l’État hébreu. Vouloir aujourd’hui s’en démarquer est aujourd’hui et pour l’histoire un véritable parjure. Le gouvernement du PJD a été emmené, par le makhzen et sa soumission à un terrain marécageux d’où il ne pourra plus s’extraire. Le palais royal dans son jeu pervers de quête de soutiens à son annexion des territoires sahraouis occupés a poussé le parti de Benkirane à se brûler les doigts. C’est bien au gouvernement qui a négocié les accords de normalisation, accrédité les diplomates israéliens affectés au Maroc et c’est également le parlement, où il détenait la majorité qui a avalisé les accords de normalisation. On ne sait pas si Benkirane a agi par roublardise, par ruse ou par cécité politique, mais sincèrement affirmer sa loyauté au roi tout en soutenant le rejet de la normalisation par de larges couches de la société marocaine est une invention purement « Benkiranienne». En affirmant lors d’une rencontre de son parti à Rabat qu’il comprenait l’attitude de l’État marocain, qu’il ne condamnerait pas, et qu’il n’allait pas entraver les intérêts suprêmes du Maroc, il n’a fait que rappeler que c’est bien le gouvernement de son parti qui est l’artisan des relations diplomatiques avec l’État hébreu. Et le loufoque dans cette histoire et les propos du secrétaire général de ce parti est le fait qu’il raille et qu’il dénonce ceux qu’il a accusé d’accourir pour saluer cette normalisation. Il a affirmé que la position de son parti qui condamne Israël, ses exactions, ses crimes contre le peuple palestinien n’a pas changé. Mais dans le fond, il croit berner le peuple marocain en faisant sien son rejet de tout rapprochement avec l’État hébreu. Cette démarche semble dictée par ses mentors du makhzen et du palais. Son discours n’est qu’un élément dans la stratégie mise en branle par le palais et le Makhzen ; pour tenter de fédérer les forces qui rejettent la normalisation pour mieux les contrôler et les maîtriser. Cette contestation qui va s’accentuer dans les prochains jours à la faveur de la mal-vie qui frappe de larges couches de la société marocaine, du sentiment de frustration que ressent une large partie du peuple et la détérioration du pouvoir d’achat. Israël a mené des frappes hier dans la bande de Ghaza. L’État hébreu, fidèle à sa nature criminelle n’a pas hésité à larguer des bombes sur des populations civiles. Cela n’a suscité aucune réaction du commandeur des croyants, le roi M6, président du comité El-Qods, tout comme il n’a suscité aucune condamnation par le PJD qui a continué sa danse du ventre et à fredonner la litanie de la soumission au roi, à ses lubies et à tous ses écarts qui l’ont poussé, à trahir la cause palestinienne
et à hypothéquer l’avenir et la souveraineté de son pays qu’il a livré pieds et poings liés à la finance internationale contrôlée depuis des années par les lobbies juifs.
Slimane B.
