Le président du MSP, Abderzak Makri, a énuméré hier lors d’une conférence de presse tenue en son siège à Alger, les raisons ayant poussé le parti à opter pour voter contre le projet constitutionnel lors du référendum du 1er novembre prochain. Une position prise après un débat au sein du conseil consultatif, à savoir entre la consigne de boycotter, voter « Pour » ou « contre » la nouvelle Constitution. « Après un débat, les membres du Majlis echoura du parti, ont opté à la majorité pour la décision de voter contre le projet de la nouvelle Constitution. Ceux qui sont pour le boycott sont rares, et aucune voix n’a plaidé pour voter « Pour », a expliqué d’emblée, le chef de file de ce parti du courant islamiste.
Avant de s’adonner à lister les principales raisons de cette décision, le conférencier a affirmé qu’il y a un courant-sans donner plus de précision- qui se positionne en « apparence » pour le boycott du prochain référendum populaire, alors qu’au fond il souhaite le succès pour la nouvelle Constitution, pour la simple raison, a-t-il dit, que les idées qu’il (courant : Ndlr) véhicule sont émises et contenues dans le projet de la nouvelle Loi du pays.
Revenant sur le choix du parti de voter contre la nouvelle Constitution, l’intervenant, a estimé que « le projet constitutionnel n’est pas consensuel et la commission chargée de son amendement n’est pas représentative étant formée d’un seul courant, ainsi que son passage et adoption par une Assemblée d’allégeance ». De plus que les propositions formulées par le parti dans le cadre de l’enrichissement de la première mouture de l’avant-projet de révision de la Constitution ne sont pas incluses dans la nouvelle Constitution ». En effet, selon le successeur de Soltani, le Comité d’experts chargé de l’amendement de la Constitution n’a pas pris en compte les propositions du MSP dans le document final soumis à l’approbation populaire, notamment celles ayant trait à la définition de la nature du régime politique et la désignation d’un Premier ministre parmi la majorité parlementaire, et garantir l’indépendance de la justice. Outre ces deux questions, Makri reproche également au texte final de contenir des paragraphes qu’il qualifie « empoissonnés » qui menacent l’identité, dont la neutralité de l’école et les mosquées par rapport au discours politique. Pour l’École, l’article numéro 65, mentionné, dans le chapitre 1, indique clairement que « L’État veille à la neutralité des institutions éducatives et à la préservation de leur vocation pédagogique et scientifique en vue de les protéger de toute influence politique ou idéologique. L’école constitue la base de l’éducation à la citoyenneté ». Un article qui dérange tant, car les espaces pédagogiques sensés promouvoir le savoir et la science sont souvent exploités par les partis islamistes pour véhiculer leurs idées politiques et idéologiques partisanes. Idem pour les mosquées. « Toutes ces nouvelles dispositions répondent à un courant idéologique connu », a déclaré Makri. S’agissant de l’identité, le conférencier a affirmé que celle-ci ne doit pas sortir de son cadre révérenciel tiré de l’esprit de la déclaration du 1er novembre 1954, de la « nouvembrira badissia » dans son espace arabo-islamique comme mentionné, selon lui, dans cette déclaration. « Les rédacteurs de cette déclaration ont fait leurs choix en toute âme et conscience. Un choix rassembleur et unificateur », a-t-il souligné à ce sujet.
Sur la question de savoir s’il va mener campagne pour voter contre la Constitution, Makri a affirmé que le parti va exploiter tous les espaces possibles pour promouvoir la consigne de vote adoptée, avant d’appeler les Algériens à voter massivement « contre le projet», selon Makri, par « des lobbies financiers et médiatiques bien protégés et qui sont du courant des laïcs. » Le conférencier a par ailleurs, révélé concernant les élections législatives de 2017, qu’il a été informé à cette époque par l’ancien Premier ministre Sellal, et SG du parti FLN que ce n’est pas ce dernier qui avait truqué les élections mais le RND dont Ahmed Ouyahia était SG. Tous les deux sont en prison pour de nombreuses affaires de corruption sous le règne du président déchu.
Brahim Oubellil