Par Mâalem Abdelyakine
Il y a vraiment quelque chose de navrant dans ces grèves de l’éducation, où les seuls victimes sont les élèves. Au moment où la ministre martèle et persiste à dire que les portes du dialogue sont ouvertes, l’Intersyndicale fait la sourde oreille, et maintient sa grève de deux jours, tout en promettant de durcir son action, si les revendications ne sont pas prises en charge, c’est ce qu’on appelle de la surenchère. Alors qu’avec un dialogue, sérieux et constructif, on peut éviter bien des déboires. Cela dit, et au lieu de recourir à la grève, il faut se pencher sur une refonte de l’École algérienne, parce que le sinistre a fait beaucoup de dégâts, et la descente aux enfers du système scolaire n’est plus une vue de l’esprit, elle est réelle et palpable, et cela ne servira à rien de se voiler la face, le mal est profond, n’en déplaise à ceux qui aiment les chiffres et se faire entendre que tout va bien dans le meilleur des mondes. Pour preuve, les résultats de la session 2014 du baccalauréat n’ont pas fait que des heureux.
240 000 candidats ont échoué à cet examen. Mais ce n’est pas tout, sur ces 240 000 candidats recalés, près de la moitié n’ont pas le droit de refaire l’année scolaire. Ils sont, ainsi, doublement pénalisés : ils ont échoué au Bac, mais ils perdent aussi leurs places en troisième année secondaire. L’échec des réformes, initiées par l’ex-ministre de l’Éducation nationale, durant ces quinze dernières années sur l’Ecole algérienne, n’est plus à démontrer. Si des voix s’élèvent pour dénoncer le naufrage de tout le système éducatif algérien, qui est devenu incapable de garantir un avenir pour des centaines de milliers d’élèves qui se retrouvent, du jour au lendemain, rejetés dans la rue. Cela est aussi vrai. Alors, pourquoi ces Syndicats prompts à faire les grèves ne réfléchissent pas à trouver des solutions et les soumettre à la tutelle pour sortir l’École de ces chemins sinueux. Face à l’ampleur de l’échec, où plus de 240 000 élèves ont échoué au baccalauréat 2014, en dépit du seuil des programmes, un examen à la portée de tout le monde a été organisé avec des sujets au choix et une correction avantageuse. Ce chiffre fait peur, mais il n’est pas surprenant qu’il aurait été beaucoup plus grand, si toutes les conditions d’examen étaient réunies. Il faut reconnaître que le constat est amer et dangereux pour les futures générations, et ces recalés sont venus renforcer les cohortes des exclus de l’école, et les nombreux étudiants qui ont abandonné leurs études à l’université, après plusieurs échecs. Si, maintenant le mal de l’École algérienne qui reste profond a été sérieusement «diagnostiqué» par les enseignants expérimentés et qui travaillent sur le terrain, cela pourrait sauver l’École. À commencer par solutionner les problèmes de discipline, de surcharge des classes, surcharge des programmes et des horaires , le manque d’encadrement, surcharge de travail de l’élève, mal orientation des lycéens etc. Alors, on est tenté de dire halte, à l’aventurisme ! Ce dialogue de sourd entre les Syndicats de l’éducation et la tutelle doit cesser, et les protagonistes doivent avoir la sagesse pour extirper les maux qui gangrènent l’École, afin de la sortir de son marasme. Pour cela, il faut que l’intérêt des élèves soit au-dessus de toutes considérations. Cela engage l’avenir des nouvelles générations.
M. A.