Accueil ACTUALITÉ Gaz de schiste : la situation dégénère à In Salah

Gaz de schiste : la situation dégénère à In Salah

0

Le climat de contestation sociale qui prévaut dans le sud du pays, depuis le début de l’année en cours, suite à l’annonce de l’exploitation du gaz de schiste dans la région de Tamanrasset, a connu une nouvelle tournure. En effet, samedi dernier, la tension a monté d’un cran à In Salah, bastion de lutte et de mobilisation. La situation a dégénéré en affrontements violents, surgis entre les manifestants anti-gaz de schiste et services de la Gendarmerie nationale. Les heurts se sont étalés jusqu’à hier, dimanche, où la « place Somoud» lieu de rassemblement et de mobilisation des militants anti-gaz de schiste depuis 2 mois, s’est transformée en arène de combat, après que les forces de l’ordre y ont donné assaut, dans la nuit d’avant-hier, apprend-on auprès de Said, jeune militant. Il qualifie l’opération des forces de l’ordre « d’une véritable chasse à l’homme et un coup de fouet » pour une mobilisation sans relâche, maintenue depuis début janvier dernier, et caractérisée par des manifestations pacifiques, où femmes et hommes se sont levés contre le gaz de schiste. Les forces anti-émeute qui se sont déployées autour du siège de la daïra ont lancé une opération de délogement des citoyens, en tirant des obus de gaz lacrymogène en direction des manifestants qui ripostent par des jets de pierres. Environ 5 000 manifestants ont investi la rue, fait savoir notre interlocuteur, joint, hier, par téléphone, qui ajoute que le siège de la daïra est en proie à des flammes. Le site de la firme Halliburton, une société américaine spécialisée dans le domaine des hydrocarbures, a connu le même sort, puisqu’il a été rangé par des feux, précise en outre Said. Jusqu’à l’après midi d’hier, quelques vingt personnes ont été blessées, dont l’une d’entre elles, se trouve à l’hôpital de In Salah, indique une autre source locale.

La première étincelle
Tout a commencé dans la matinée de samedi dernier, lorsque les protestataires ont investi une base de vie située à In Salah, appartenant à la firme américaine Halliburton, sise à environ 10 km du chef lieu de cette daïra, pour crier leur mécontentement. Et pour cause, les manifestants ont reçu des informations qui font état de l’arrivée d’équipements composés de produits chimiques et de matériel, destinés, selon eux, à l’exploration non conventionnelle du gaz, apprend-on après d’un citoyen ayant pris partie à cette action. Des dizaines d’entre eux ont été arrêtés par un escadron de la Gendarmerie nationale, chargé de la sécurisation du site, qui a dressé une haie devant le même site. Devant leur persistance de vouloir y accéder, les éléments de ce service sont intervenus pour les empêcher d’entrer, de peur de commettre l’irréparable. Cette opération « coup de poing » s’est soldée par l’interpellation de quelques citoyens sur place. Dans un élan de colère, les protestataires ont rebroussé chemin et se sont dirigés vers la brigade de la Gendarmerie, sise à la ville de In Salah. Les agents de ce service ont dressé, là encore, un cordon de sécurité infranchissable devant la furie des manifestants, où ils ont tiré des bombes chargées de gaz lacrymogène en direction de ces protestataires, afin de les repousser et les disperser, ajoute notre interlocuteur. Les heurts entre les deux parties se sont poursuivis durant toute la journée d’avant-hier. Les scènes de violences se traduisent par l’obstruction de la voie publique donnant accès au siège de la Gendarmerie, cerné par des centaines de militants anti-gaz de schiste, qui semblent ne pas prêts à courber l’échine devant la détermination des pouvoirs publics à aller jusqu’au bout de leur projet d’exploitation du gaz non conventionnel.
Des pneus brûlés dégageant une fumée noire, et autres objets hétéroclites jonchent partout et pullulent les environs immédiats de cette ville, en plus des nuages de gaz lacrymogène, visible loin de là. Le tout forme un cliché d’une ville en ébullition, comme le montre des photos et des vidéos diffusées via les réseaux sociaux. Notre source a indiqué que les affrontements ont persisté durant toute la nuit. Durant le feu de l’action, une centaine de jeunes ont été interpellés, parmi lesquels des blessés ont été enregistrés. Ces manifestants lancent des pierres en direction des forces anti-émeute de la Gendarmerie, criant à gorge déployé des slogans tel que: «Samidoune, samidoune, lil ghaz assakhri rafidhoune», qui exprime en langue arabe leur mobilisation et leur rejet du gaz de schiste.

«Place Somoud» : un coup de pied dans la fourmilière
Durant la nuit de samedi, les forces de l’ordre ont procédé à l’incinération des tentes installées par les manifestants sur la « place Somoud», nous apprend-on sur place. Sur son compte facebook, le Comité populaire contre le gaz de schiste, fait état de l’arrivée à In Salah, hier matin, de trois avions qui acheminent plus de mille gendarmes, indique-t-on, tout en dénonçant ce qu’il considèrent d’une répression contre des manifestants pacifiques. En effet, les inquiétudes de la population du Sud ne font qu’accentuer. Dans une longue déclaration publiée sur les réseaux sociaux, hier, le même comité souligne que « c’est avec stupéfaction et regret qu’il apprend la repression violente qui s’est abattue sur des citoyens pacifiques, dont leur seul tort est d’avoir demandé de vivre une vie digne…» Notons qu’à l’heure où nous informons, les affrontements se poursuivent à In Salah. Signalons également que la route nationale n° 1 est fermée à la circulation. Une marche de protestation et de soutien est annoncée pour demain dans la ville de Tamanrasset. Cette initiative émane de la communauté estudiantine de cette wilaya, apprend-on auprès d’un étudiant de cette région.
Farid Guellil

Article précédentAccord préliminaire de paix et de réconciliation au Mali
Article suivantSept dealers arrêtés à Tizi Ouzou

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.