Le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire reste intraitable sur la voie à prendre pour une issue à la crise politique qui mine notre pays depuis l’avènement du Mouvement populaire et citoyen du 22 février. En visite hier en 3e Région militaire à Béchar, Gaïd Salah campe sur sa position initiale. C’est-à-dire, toute solution doit suivre le chemin d’un dialogue suivi d’un processus pour l’élection d’un président de la République «dans les meilleurs délais possibles».
Encore une fois, le vice-ministre de la Défense nationale s’astreint au seul cadre que lui confère la Constitution et refuse toute solution passée par une période de transition. «Une des lignes de conduite que l’ANP veille à respecter est l’attachement résolu aux solutions légales et constitutionnelles pour résoudre la crise que traverse l’Algérie», montre comme chemin Gaïd Salah, qui ne considère pas pour autant l’annulation de l’élection présidentielle, prévue le 4 juillet, d’une limite à la solution constitutionnelle, et encore moins une impasse, pour justifier un changement de cap pour aller vers une période de transition, dont il s’interdit même de prononcer le mot.
Ainsi, tout en invitant de nouveau à un dialogue «inclusif» auquel prendrait part la classe politique, la société civile et les personnalités nationales, Gaïd Salah balise le terrain d’action pour privilégier ce qu’il considère d’une «unique voie vers une rupture effective, à laquelle ne cesse d’appeler le peuple algérien, avec tout ce qui est préjudiciable et néfaste, grâce à laquelle nous pourrons éviter tout ce qui va à l’encontre de l’intérêt suprême du pays».
D’ailleurs, et non seulement il rappelle une position «inflexible» de l’état-major, le vice ministre de la Défense critique les partisans, pour ne pas dire la classe politique de l’opposition, d’une période de transition passée par la nomination d’un gouvernement provisoire, la mise en place d’un présidium ou d’une personnalité pour gérer cette transition etc., avant de déboucher sur une élection présidentielle. Sur ce, Gaïd Salah s’en remet au peuple algérien. «Ce digne peuple à qui il appartient de faire attention et prendre ses gardes de certaines personnes et entités qui continuent à faire montre d’une opposition fondée uniquement sur le dénigrement d’autrui ou la formulation de nouvelles revendications et de propositions qui ne sont guère adéquates voire pas du tout objectives (…)», a-t-il suggéré.
«L’heure des comptes est arrivée»
L’autre chapitre sur lequel s’est attardé le chef d’état-major, et comme il fallait s’y attendre, est le dossier de corruption, marqué par des poursuites judiciaires qui ont abouti au placement en détention provisoire d’ex-hauts responsables de l’État, pour ne citer que les ex-Premiers ministre Ouyahia et Sellal. Tout en assurant que l’institution militaire continuera à «accompagner» la justice dans sa mission, Gaïd Salah promet de veiller sur la lutte contre la corruption. «L’heure des comptes est arrivée et le temps d’assainir notre pays de toute personne malhonnête tentée de troubler la vie quotidienne du peuple algérien», a-t-il mis en garde. Autrement dit, les responsables coupables de délits inhérents à la corruption et la dilapidation de deniers publics. Mieux encore, pour Gaïd Salah, «aucune exception ne sera faite à quiconque, cette voie sera celle que l’institution militaire veillera à entreprendre avec détermination (…)»
Farid G.