Les premières estimations à la sortie des urnes donnent le Front national en position de premier parti de France à l’issue de ce premier tour des élections régionales 2015, avec près de 30% des voix. Les Français se sont davantage mobilisés qu’en 2010. Mais l’abstention s’élève tout de même à un peu plus de 50% selon les dernières estimations (53,6% en 2010). Pour ces régionales 2015, les dernières élections avant la prochaine présidentielle, les résultats placent le Front national en tête du scrutin, confirmant les tendances des sondages publiés ces derniers jours. Le parti de Marine Le Pen arrive en effet en tête avec près de 28% des suffrages exprimés, selon les chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur. Le parti frontiste enregistre ainsi une forte progression par rapport au premier tour des départementales, au cours desquelles il avait recueilli près de 25% des voix. Suit le parti Les Républicains, à un peu plus de 27%, et le Parti socialiste, attendu à environ 23%.
Les Le Pen loin devant
Parmi les régions qui ont obtenu le plus fort taux de participation, on retrouve notamment celles où le Front national a les moyens de l’emporter au second tour. Le parti arriverait en tête dans six régions ce dimanche. Les regards étaient particulièrement tournés aujourd’hui vers les régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où se présente Marine Le Pen, et Provence-Alpes-Côte-d’Azur, avec Marion Maréchal Le Pen. Toutes deux ont confirmé leur capacité à sortir vainqueurs dans leurs régions respectives. Toutes deux se sont arrogées 40,6% des suffrages exprimés
Dans le nord, Marine Le Pen se trouve loin devant Xavier Bertrand (25%) et Pierre de Saintignon, le candidat socialiste (18,1%). Au cours de sa conférence de presse, Marine Le Pen n’a pas parlé une seule fois du Front national. Elle parle désormais de «mouvement national». Les prémices d’un changement de nom du parti? En PACA, la situation est sensiblement proche. Marion Maréchal Le Pen arrive en tête avec 40,6% des voix, devant la droite (26,5%) et le parti socialiste (16,6%). Le Front national arrive également en tête en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, avec Florian Philippot, en Bourgogne-Franche-Comté, dans la région Centre-Val de Loire et en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.
Le PS malmené
François Hollande s’est détourné de la campagne. Qu’importe, ces premières estimations révèlent un véritable camouflet pour la gauche. Depuis 2012, le Parti socialiste accumule les contre-performances. Au global, les estimations donnent ce dimanche le PS un peu plus haut que lors du premier tour des départementales. Le parti socialiste devra donc se contenter des résultats obtenus notamment en Bretagne, où le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian est crédité de 34,9% des voix, devant le candidat Les Républicains Marc Le Fur (23,5%) et Gilles Pennelle, le candidat frontiste (18,2%). Le PS arriverait également en tête en Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (30,4%), devant les listes LR-centre (27,2%) et le Front national (23,2%).
Sarkozy veut la jouer solitaire
Les doutes subsistaient avant ce premier tour pour savoir si oui ou non la possibilité d’une fusion des listes deviendrait crédible. L’alliance des Républicains et du centre n’a permis de ne finir en tête que dans quatre régions. Mais ce dimanche, Nicolas Sarkozy a réaffirmé son opposition à «toute fusion et tout retrait de liste» de son parti pour le second tour. Mercredi, à Orléans, il tenait le même discours, estimant qu’une fusion «laisserait à penser que pour sauver un siège on est capable de laisser le monopole de l’alternance au socialisme», rapportait notamment BFMTV. Une voie royale pour le Front national? C’est ce que pensent certains responsables politiques de droite, comme Nathalie Kosciusko-Morizet, lorsqu’elle fait valoir que tout doit être fait pour éviter d’avoir un président FN dans une région». En Midi-Pyrénées par exemple, la liste de droite est arrivée derrière celle conduite par la socialiste Carole Delga. Si cette dernière reste tout à fait en mesure de remporter la triangulaire au second tour, un retrait de la liste Les Républicains lui aurait grandement facilité la tâche. Corinne Narassiguin, porte-parole du Parti, estime que l’alliance de la droite et du centre va payer l’absence de réserve de voix. Reste à savoir quelle stratégie vont adopter les dirigeants du Parti socialiste et du parti Les Républicains. La consigne sera-t-elle donnée de fusionner les listes, pour barrer la route au FN? A gauche, l’hypothèse a plusieurs fois été évoquée avant le premier tour, jusqu’au plus haut niveau de l’Etat. Le 12 novembre, Manuel Valls expliquait sur la chaîne Public Sénat que la question «se posera». Corinne Narassiguin a précisé ce dimanche que les décisions pour le second tour seront prises au PS «au niveau national», et non au niveau local. Une lourde responsabilité pour Jean-Christophe Cambadélis, qui a annoncé ce dimanche soir que les listes socialistes seront retirées «dans les régions à risque». A commencer par la région et Nord-Pas-de-Calais-Picardie.