Dans les prochaines décennies, que retiendra-t-on à l’évocation de son nom: ses exploits de joueur, à l’image de son doublé historique en finale du Mondial-1998, ou son incroyable triplé en Ligue des champions sur le banc du Real Madrid ? «Zizou» a écrit samedi une nouvelle page de sa légende… dans le rôle le moins attendu!
Encore un coaching gagnant pour lui: Bale a marqué en finale samedi trois minutes après son entrée en jeu…
Et dire que sa nomination à la surprise générale à la tête de l’équipe première du Real, en janvier 2016, avait suscité de grandes interrogations. Pour ne pas dire sarcasmes…
Moins de trois ans après le début de sa première expérience de coach d’une équipe professionnelle, Zinédine Zidane (45 ans) a réalisé l’exploit de détrôner au palmarès tous les plus grands entraîneurs de l’histoire de la compétition européenne. Edifiant ! Trente ans après le mythique AC Milan d’Arrigo Sacchi, vainqueur en 1989 et 90, et moins d’une décennie après le FC Barcelone de Pep Guardiola (2009 et 2011), c’est au tour du «Real de Zidane» de marquer définitivement son époque. Qui aurait pu prédire un tel destin en voyant le jeune «Yazid», comme l’appellent ses proches, pousser ses premiers ballons au pied des immeubles de la Castellane, cité de Marseille occupée à l’origine par des dockers et rapatriés d’Algérie arrivés dans les années 1960 ? Pour son adversaire Jürgen Klopp, une partie de la réponse se trouve justement là: «Quand vous grandissez à Marseille, dans le quartier où il a grandi, vous devez être un battant. Ce n’est qu’au moment où vous le voyez jouer que vous pensez qu’il n’a pas besoin de l’être, parce qu’il était tellement meilleur que tout le reste», avait expliqué l’entraîneur de Liverpool, la veille de la finale perdue par les Reds (3-1).
Coups de tête
La vie du garçon réservé, issu d’une famille de cinq enfants aux parents originaires de Kabylie, a basculé le soir du 12 juillet 1998, quand deux buts de la tête ont porté l’équipe de France sur le toit du monde (3-0 face au Brésil). A 26 ans, «Zizou» devient l’idole d’une foule en liesse sur les Champs-Elysées. Le porte-drapeau de la triomphante génération «black-blanc-beur». Alors qu’il rêve de finir sa remarquable carrière de joueur sur un énième chef d’oeuvre après avoir hissé les Bleus en finale de Coupe de monde 2006, il connaît la plus grande déception de sa vie de champion au plus mauvais moment.
Quelques minutes après avoir manqué d’un rien un nouveau doublé de légende, il assène un coup de boule sur le torse de Marco Materazzi, synonyme de carton rouge, de fin de carrière… et de défaite de la France aux tirs au but contre l’Italie.
Reconversion
Après une «coupure» de quelques années avec le milieu du foot pour digérer ce triste épisode, Zidane a décidé de revenir dans le milieu en juillet 2011 dans un nouveau rôle: directeur sportif du Real Madrid. Pour endosser au mieux son nouveau costume, «ZZ» se lance dans une formation de cinq ans, d’abord de «manageur», puis… d’entraîneur à la surprise générale. «Lorsqu’on est allé au FC Bruges, avec les éducateurs, on faisait des mises en situation. Les éducateurs devaient prendre le pouls des joueurs avant et ils ont remarqué que lorsque Yazid avait pris l’équipe, chaque joueur avait augmenté sa fréquence cardiaque de 15 pulsations !», racontait à l’AFP Guy Lacombe, l’homme qui l’a fait éclore au centre de formation de l’AS Cannes à la fin des années 1980… avant de devenir son formateur au métier de coach près de 30 plus tard. «Je ne dis pas que c’est pareil avec les grands joueurs qu’il entraîne, mais ça signifie quelque chose. Je ne suis pas sûr que des entraîneurs aguerris puissent avoir un effet pareil (rires)», ajoute-t-il. Conscient de son aura et de son potentiel de meneur d’hommes, Florentino Perez le propulse à la tête du Real en 2016 pour remplacer Rafael Benitez en cours de saison.
La suite ? Une métamorphose en entraîneur à succès, voire imbattable en coupe d’Europe avec trois C1, donc, mais aussi une Liga en 2017 ! Taiseux devant les micros à son époque de joueur, il devient un as de la communication, à coup de sourire mystérieux et phrases toutes faites. Plus connu par sa virtuosité balle au pied que pour ses théories tactiques, il impressionne même les observateurs par ses «coaching gagnants» et ses innovations dans le jeu.
Sous le maillot du club madrilène (2001-2006), il avait déjà gagné la Ligue des champions en 2002 avec une reprise de volée légendaire en finale contre le Bayer Leverkusen (2-1). Il a fait mieux sur le banc dix ans plus tard…