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FACE À L’AGRESSION MILITAIRE MAROCAINE ET LES PLANS DE DÉSTABILISATION DE SON ALLIÉ SIONISTE : « L’Algérie doit faire preuve de patience stratégique »

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Il ne fait aucun doute sur l’affaire ! L’acte terroriste commis récemment  sur trois routiers algériens, tués dans un bombardement des forces marocaines à Bir Lahlou, dans les territoires sahraouis libérés, porte l’empreinte d’Israël qui, à travers cette agression, vise la stabilité de l’Algérie dans le cadre du fameux plan chaotique visant à redessiner le Moyen-Orient et le Maghreb. Un fait en soi qui n’est pas nouveau à considérer à tout point de vue la série des agressions marocaines amenant l’Algérie à rompre ses relations avec son « voisin » de l’Est.

Si ce n’est aujourd’hui pour l’allié sioniste, qui bombe le torse depuis qu’il a intégré les accords d’Abraham sous les auspices de Trump, d’accéder à un niveau supérieur d’hostilité. Aller en effet au-delà de la classique campagne médiatico-diplomatique belliqueuse dirigée contre l’Algérie des années durant en optant pour le choix dangereux de l’escalade militaire dans laquelle il veut entrainer l’Algérie.
C’est là l’objectif recherché, a estimé, hier, l’invité du Forum du Courrier d’Algérie, Abdelhamid Larbi-Chérif, expert en questions sécuritaires et géostratégiques. «  Et ça ne s’arrêtera pas à l’assassinat de trois Algériens, ça va aller encore plus loin », met en garde l’orateur pour qui Israël, aujourd’hui, « prend le relais des Américains » après le retrait ou le désengagement de ces derniers dans la région. Et si l’Algérie en est une cible privilégiée, c’est parce qu’elle est, du moins dans la région, l’un des rares pays à continuer à soutenir le droit des peuples palestinien et sahraoui à l’autodétermination, au moment ou bien des pays arabes se sont désengagés pour choisir le camp adverse.
C’est dans ce contexte de tension auquel s’ajoutent les crises au Mali et en Libye qu’évolue l’Algérie. Et pour cause, si la normalisation marocaine avec Israël est assumée publiquement, d’autres pays, comme le Niger ou la Mauritanie, bien qu’ils le soient moins, mènent sous la table des relations avec l’entité sioniste. La campagne de normalisation ne s’arrête pas là, puisqu’aux dernières nouvelles, confirme Larbi-Chérif pour la Libye, le fils de l’ancien Guide libyen, Saif Islam Kadhafi ainsi que Khalifa Haftar se sont rendus secrètement en Israël en pleins préparatifs des élections présidentielles.

« La riposte passe par l’armement des Sahraouis  »
Dans ce lot de « trahisons », l’Algérie reste l’ennemi à abattre pour Israël qui « craint pour ses intérêts économiques dans le bassin méditerranéen. » Autrement, le grand retour diplomatique de l’Algérie dans la région et la puissance de ses forces armées compromettraient les approvisionnements maritimes israéliens. D’où l’acte d’agression de l’Algérie à travers l’assassinat de trois civils algériens par lequel « Israël cherche à entrainer l’Algérie dans un conflit armé en le poussant à riposter au Maroc », avertit l’invité du Forum, précisant qu’un tel scénario amènerait la communauté internationale à intervenir et de-là « faire oublier » la question d’autodétermination du peuple sahraoui et dire que c’est « une affaire algéro-marocaine ».
Une raison pour laquelle, suggère ce colonel de l’ANP à la retraite pour éviter l’escalade face à l’agression, « l’Algérie doit faire preuve d’une patience stratégique, car riposter n’est pas dans nos intérêts ». En revanche, Larbi-Chérif pense à une autre riposte consistant à « armer les Sahraouis avec drones et missiles pour chasser le Maroc et son allié sioniste ». Car, pour lui, il n’y a que la lutte armée qui pourrait libérer le peuple Sahraoui du colonialisme marocain. « On est dans la contrainte d’aller vers une guerre indirecte », recommande Larbi-Chérif.
Une escalade militaire n’arrange pas l’Algérie, malgré son potentiel prouvé dans le domaine. Pour preuve, les programmes de modernisation de l’ANP, son expérience puisée dans la guerre de libération nationale contre la France coloniale et sa lutte contre le terrorisme. En face, « c’est le Maroc qui est perdant car il n’a jamais mené un affrontement direct. Il n’a pas les moyens de mener la guerre. Malgré qu’il dispose de 74 chasseurs F16 américains, il n’a pas les moyens de pilotage, ni économiques pour permettre des heures de vol de ses avions, même les pays puissants ne peuvent se le permettre », affirme-t-il.

Le front intérieur et la riposte économique
Abordant la situation interne au pays dans le giron du développement géopolitique qui cerne l’Algérie, Larbi-Chérif estime aussi que la « riposte » à l’ennemi ne peut se suffire de l’engagement sans faille sur le plan militaire et à travers l’Armée nationale populaire notamment. Pour ce faire, « le renforcement du front intérieur à travers le renforcement des liens entre les institutions et le peuple est capital, car la situation actuelle n’est plus comme avant », suggère-t-il. « On ne peut pas convaincre le peuple d’une vraie agression marocaine, si le citoyen n’arrive pas à subvenir à ses besoins en pomme de terre », illustre-t-il ses propos, histoire de montrer la nécessité du développement socio-économique dans la défense de la souveraineté de l’Algérie.
D’ailleurs, il déplore le fait que l’Algérie n’a pas su tirer des leçons de la décennie noire dont il cite la loi sur la Réconciliation nationale qui n’a pas su réhabiliter les militaires qui se sont pourtant sacrifiés contre le terrorisme dans leurs droits. « L’Etat se construit par les institutions et non pas par les hommes », estime Larbi-Chérif, appelant à dépasser la vision d’allégeance comme on l’a connu durant le règne de Bouteflika, pour orienter le pays résolument vers le développement qui passe par l’accompagnement réel de sa jeunesse, en quête d’une vie décente stable.
Sur ce plan « il faut sortir de l’économie dirigée, libérer les initiatives dans l’administration qui doit être au service des citoyens et non le contraire. Il faut aussi ouvrir les portes aux jeunes algériens au lieu de les noyer dans la bureaucratie. « Le danger est aussi d’ordre économique », met en garde l’orateur pour qui les responsables doivent dépasser la langue de bois et répondre sur le terrain pour résoudre les problèmes des Algériens. Pour ce faire, ceci doit passer par la volonté politique, la mise en place d’une stratégie économique basée sur une ambition future et des objectifs à réaliser dans un plan d’action. En somme faire le tout possible pour faire adhérer le peuple au projet national. Larbi-Chérif veut pour exemple l’Egypte qui « en 2030, ce pays deviendra première économie africaine et arabe et l’un des plus importants marchés ».

« On ne peut pas ignorer la France  »
Interrogé sur la crise diplomatique entre l’Algérie et la France, dont les propos provocateurs du président Macron ont accentué des tensions déjà en présence, Larbi-Chérif pense qu’il faut adopter une attitude réaliste et pragmatique vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale. « On a une communauté importante en France, il faut y réfléchir », répond-t-il pour qui, « il faut réviser les accords (algéro-français) selon une vision souveraine et sur la base des intérêts de notre pays. On ne peut pas ignorer la France… »
À ce titre, Larbi-Chérif, qui défend une vision pragmatique à adopter dans les relations avec la France, donne l’exemple du blé. « Si on arrête l’importation du blé (français), cela va développer la production nationale en la matière. Dans deux ans, on peut même en exporter », a-t-il suggéré.
Farid Guellil

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