Les États-Unis ont connu une recrudescence des grèves des travailleurs dans divers secteurs en 2024, organisant des manifestations pour la hausse des salaires aux questions liées aux conditions de travail difficiles.
Le pays a été témoin de 334 actions syndicales dans 515 localités vendredi dernier, poursuivant une tendance à la hausse des grèves ces dernières années, selon le Labor Action Tracker de la Cornell University School of Industrial and Labor Relations, une base de données sur les grèves et les protestations des travailleurs. L’une des grèves les plus marquantes de l’année a eu lieu chez Starbucks, où au moins 5 000 travailleurs de plus de 300 magasins dans 45 États ont quitté leur travail la veille de Noël, selon leur syndicat Starbucks Workers United. La grève, la plus importante jamais enregistrée dans la chaîne de cafés, a impliqué des travailleurs de 12 grandes villes, dont New York, Los Angeles, Boston et Seattle. Les travailleurs réclamaient des salaires plus élevés et des horaires de travail équitables, tout en critiquant les pratiques de rémunération des dirigeants de l’entreprise, en particulier la rémunération de 113 millions de dollars du PDG Brian Niccol. Quelques jours avant la grève de Starbucks, Amazon a dû faire face à ce que les grévistes ont appelé la plus grande grève jamais enregistrée pendant la période de pointe des achats de Noël. Alors que le syndicat a signalé que près de 10 000 travailleurs avaient rejoint le mouvement pour des salaires plus élevés et une meilleure sécurité au travail, Amazon a contesté ces chiffres, affirmant que les grévistes ne sont même pas des employés d’Amazon. Le secteur manufacturier a également été touché lorsque près de 33 000 machinistes de Boeing ont lancé une grève de sept semaines en septembre. Leur syndicat a accepté une offre de contrat en novembre et les grévistes ont repris le travail. La grève, qui concerne les ouvriers qui assemblent le 737 Max, le best-seller de l’industrie aéronautique, à Washington, a aggravé les difficultés de Boeing au cours d’une année mouvementée. Le commerce maritime a été confronté à des perturbations majeures en octobre lorsque près de 50 000 membres de l’Association internationale des débardeurs (ILA) se sont mis en grève dans les ports de la côte est et du golfe, affectant le flux des importations et des exportations du Maine vers le Texas. Le secteur de l’hôtellerie n’a pas été épargné par les grèves, puisque près de 10 000 employés du secteur ont fait grève dans plusieurs grandes destinations touristiques en septembre.
La protestation et les tensions restent élevées dans le secteurs des ports
La grève a touché 24 hôtels exploités par Marriott, Hilton et Hyatt dans des villes comme San Francisco, San Diego, Honolulu, Boston et Seattle. Le syndicat des employés de l’hôtellerie, Unite Here, a souligné des problèmes de sous-effectif, trois membres du personnel effectuant souvent le travail prévu pour quatre. Plusieurs facteurs ont contribué à la montée du militantisme syndical. Le ministère américain du Travail a signalé un doublement des pétitions de représentation syndicale, passant de 1 638 au cours de l’exercice 2021 à 3 286 au cours de l’exercice 2024. « Les syndicats continuent d’être plus populaires qu’à n’importe quel moment depuis les années 1960, avec 70 pour cent d’approbation publique », a déclaré Labor Notes, une organisation et un réseau pour les membres de la base des syndicats et les militants syndicaux de base. En outre, la conjoncture économique a joué un rôle crucial dans les mouvements de grève. Le taux de chômage est resté faible, ce qui a donné aux travailleurs davantage de poids dans les négociations.
L’essor du télétravail et les inquiétudes liées à la substitution technologique ont ajouté de nouvelles dimensions aux négociations collectives, les travailleurs cherchant à se protéger contre les pertes d’emploi dues à l’automatisation et aux progrès de l’intelligence artificielle. Ces questions sont devenues particulièrement pressantes dans les secteurs qui connaissent une transformation technologique rapide. Ce phénomène est apparu particulièrement clairement lors du récent conflit des travailleurs portuaires, où l’automatisation est devenue un enjeu central. L’ILA a déclaré que l’automatisation dans les ports pourrait coûter leur emploi à certains de ses membres. En outre, les mouvements de réforme au sein des syndicats ont également donné lieu à des menaces de grève efficaces. Alors que la date butoir du 15 janvier approche pour résoudre le conflit sur l’automatisation dans les ports de la côte Est et de la côte du Golfe, les tensions restent élevées, soulevant la possibilité d’une autre perturbation portuaire importante au cours de la nouvelle année.
R. I.
