Accueil Culture+ ENKI BILAL : Rétrospective du géant de la bande dessinée de science...

ENKI BILAL : Rétrospective du géant de la bande dessinée de science fiction

0

Ceux qui aiment la bande dessinée, la grande, et spécialement Enki Bilal, sont comblés. C’est même à toute une rétrospective Enki Bilal qu’ils ont droit. Elle est présentée à Landerneau (France) par le Fonds Hélène & Edouard Leclerc pour la culture, jusqu’au 4 janvier 2021.

Né à Belgrade en 1951, l’artiste français a construit une œuvre protéiforme sur le thème du dérèglement. Qu’il soit politique, climatique ou technologique, le chaos bilalien s’articule autour d’une vision du monde souvent triste voire, anxiogène, mais tempérée par des bouffées de poésie, d’humour et de dérision. L’univers bilalien est à la fois complexe et magnétique, situé aux confins du fantastique, où les humains sont tissés dans un univers où passé et présent se télescopent parfois. Et cette œuvre attachante est à la fois poétique et fantastique, jamais ou rarement violente, pleine de symboles aux référents philosophiques complexes. Plus que d’explorer le temps, cette œuvre est une réflexion sur le temps à travers des mondes « passé, présent, futur [qui] sont toujours intimement liés ». D’abord, prémonitoire, dans les années 1980, Enki Bilal a traité du futur comme étant la fin du communisme, avant d’aborder l’obscurantisme religieux dans les années 1990 ou le changement climatique au début des années 2010. Bilal évoque souvent le thème de la mémoire. Dans la série Le Sommeil du monstre, par exemple, le héros utilise sa mémoire pour remonter dans le temps et se rappeler jusqu’aux premiers jours de son existence. Bilal qui travaille sur la mémoire et livre des bribes du futur, a annoncé en avril 2019, que d’après lui la science-fiction n’existe plus. Ne sommes-nous pas dans un univers où tout est science fiction ? Le dessinateur croit que tout créateur doit avoir une sorte de don de prescience, ou simplement, une capacité d’anticiper l’avenir, d’avoir une avance sur l’actualité. C’est ainsi qu’il a comme « prédit », dans ses albums de bande dessinée, des événements étant réellement survenus, tels que la chute du bloc soviétique (aux côtés du scénariste Pierre Christin) ou les attentats du 11-Septembre. Mais il a beau avoir des images du futur, Bilal n’avait pas vu venir la pandémie de Covid-19. Cependant, dans ses bandes dessinées il est beaucoup question de virus informatique.
Dans Bug (éditions Casterman) – deux tomes parus en 2017 et 2019 –, Bilal imagine un bug informatique généralisé à l’ensemble de la planète qui dévitaliserait l’Internet et viderait l’intégralité des disques durs. Tout en travaillant sur le dessin du troisième volume de cette fable futuriste, il vient de finaliser, avec l’écrivain Dan Franck, le scénario de son adaptation en série télévisée, le petit écran étant une nouvelle tentation pour ce prodige du dessin. Puisque Bilal a aussi sorti des films : Bunker Palace Hôtel (1989), Tykho Moon (1996) et son plus beau et plus poétique, Immortel, ad vitam (2004).
Ali El Hadj Tahar

Article précédentChaâbane Merzekane, directeur sportif du NA Husseïn-Dey : «Monter une équipe compétitive»
Article suivantCovid-19 : Traçage et tests pour éviter une 2e vague