À l’initiative du Collectif des journalistes algériens solidaires du peuple sahraoui (CJASPS), l’auteur et journaliste, Mahdi Boukhalfa, a présenté, hier, devant la presse nationale, au siège de la mission sahraouie à Alger son dernier ouvrage à succès sur le Maroc intitulé « El Makhzen», Maroc, retour aux années de plomb (D’El Khettabi, Ben Barka à Zefzafi) en vente dans les librairies depuis le 2 novembre dernier.
Dans cet ouvrage, dédié aux droits de l’Homme, l’auteur qui a séjourné au Maroc en tant que correspondant de l’Agence nationale de presse (APS), dénonce le retour aux années de plomb au Maroc. Dans «El Makhzen» – une police auxiliaire ou une sorte d’entité politico-administrative au Maroc, qui a des oreilles et des yeux partout-, selon les explications de l’auteur, porte un regard vu de prés sur l’histoire politique tourmentée du Maroc contemporain: du Protectorat français jusqu’à celui du roi Mohammed VI.
L’auteur revient dans cet ouvrage sur la négation des droits de l’Homme au pays de sa Majesté le roi depuis les années d’Abdelkrim El Khettabi, à la révolte des Rifains en 2016-2017, avec l’emprisonnement de ses leaders dont Nasser Zefzafi en passant par l’opposant Ben Barka, assassiné en France par les barbouzes marocains. L’auteur a mis à nu ainsi les violations flagrantes des questions des droits de l’Homme par le régime marocain mais relève surtout la soumission de presque toute la classe marocaine à la volonté du Roi, détaille la nature et les différentes formes de gestion, d’administration et de contrôle, que ce soit en finance, en politique ou sur le plan spirituel (religion), dans la gestion des affaires par le palais royal et le roi.
Le retour aux années de plomb s’effectue, selon l’auteur, sous couvert d’une démocratie de façade. Ce retour signifie également, ajoute la même source, l’effondrement de tous les espoirs nés de l’arrivée du roi actuel au trône marocain. En effet, dans cet ouvrage, l’auteur met au grand jour le volt-face politique spectaculaire en 2011 de Mohamed VI, « baptisé » quelques mois après son intronisation « roi des pauvres » sur lequel est reposé beaucoup d’espoir qui s’est finalement avéré n’être que le porte flambeau de la ligne répressive tracée par son père. L’instance éthique et réconciliation qui s’est soldée par la libération des prisonniers, et le recueillement des témoignages sur cette période sombre n’étaient au final, explique l’écrivain journaliste que de la poudre aux yeux et que beaucoup de questions, estime-t-il, restent posées notamment sur la disparition tragique de Ben Barka, alors que le dossier a été clos en 2007. Les prisonniers indemnisés, le reste est passé sous silence et la répression reprend de plus belle dans la désillusion totale, assure l’auteur comme en témoignent les évènements de 2011-2016- et 2017.
Face aux revendications légitimes des jeunes marocains et des militants des droits humains qui réclament plus de liberté le roi montre son vrai visage et choisit la répression des militants du 20 février 2011 pour faire taire la manifestation et fait appel à la manipulation en proposant Constitution, qui ouvre grandes les portes au parti islamiste du « PJD », explique l’auteur dans « El MAKHZEN ». Ce dernier remonte dans les années 60 et retrace comment la monarchie, a exploité en 2010 l’islamisme politique et utilisé ce courant idéologique pour sauver son règne, et contrecarrer par la même l’opposition, notamment celle de l’extrême gauche et sortir indemne de la vague du Printemps arabe à travers la mise en place d’une nouvelle Constitution confectionnée « sur mesure ».
Dans son ouvrage, l’auteur revient également sur la répression qui s’est abattue sur les manifestants d’Al Hoceima (2016-2017), une région du Rif réfractaire au pouvoir du Palais royal, qui protestait contre la marginalisation et la pauvreté.
« Ces évènements ont montré le vrai visage du roi. Celui d’un oppresseur », a déclaré l’auteur qui affirme qu’à cause de son caractère rebelle la région du Rif est jusqu’à aujourd’hui marginalisée.
Le dossier de décolonisation du Sahara occidental est également abordé par cet ouvrage, qui lui consacre un chapitre (Sahara occidental : Une plaie ouverte), à travers les terribles évènements de Gdeïm Izik en 2010, près de Laâyoune, dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc.
L’ouvrage revient par ailleurs sur certains dossiers politiques non encore résolus des années 1960-1970, dont l’enlèvement et la disparition du leader de la gauche marocaine Mehdi Ben Barka, la république du Rif d’Abbdelkrim El Khettabi, ou le début du terrorisme après les attentats-kamikazes de mai 2003 à Casablanca.
À noter que l’ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, Mustapha Ait Mouhoub coordinateur du CJASPS, Saida Bouneb, et bien d’autres invités étaient également présents dans la salle.
Brahim Oubellil