Depuis la chute drastique des prix du pétrole, l’on entend parler que d’un unique point pour sortir de la crise, à savoir l’urgence de diversifier l’économie nationale, longtemps restée dépendante des hydrocarbures. C’est dans cette optique, que le Forum des chefs d’entreprise a organisé, hier, à l’hôtel El-Aurassi, à Alger, la quatrième édition de la Journée de l’entreprise sur le thème : «De l’urgence d’une politique de diversification de l’économie nationale». L’occasion a été donnée pour présenter les conclusions d’une étude relative à la stratégie de diversification de l’économie nationale en mettant en exergue le rôle moteur de l’entreprise dans sa définition et dans sa mise en œuvre. Réalisée par le professeur Brahim Benabdeslam, l’étude révèle un constat alarmant de l’économie qui peine à mettre un terme à cette dépendance. Ainsi, Benabdeslam s’est interrogé sur le fait que «si les prix du pétrole vont rebondir à long ou à moyen termes». «À mon avis, il faut se baser sur le fait qu’il ne s’agit pas seulement d’une conjoncture», a-t-il dit. «Beaucoup sont ceux qui pensent que le pétrole reprendra, mais il est à rappeler que le choc pétrolier de 1986 a duré plus de 5 ans. Nous avons dû attendre plus de 17 ans pour ne plus ressentir les conséquences sur le PIB», a-t-il rajouté, tout en rappelant que la croissance des importations est bien plus importante que celle du PIB. Afin d’y remédier à la situation, le Forum des chefs d’entreprise table sur trois secteurs essentiels. Il s’agit de l’agriculture, des énergies renouvelables et des télécoms. «Ces trois secteurs peuvent drainer le développement de toute notre économie», a déclaré le président du FCE, Ali Haddad, lors d’un point de presse organisé en marge de l’évènement.
Au volet de l’énergie, Ali Haddad a indiqué que le ministre de l’Énergie a promis d’ouvrir le secteur des hydrocarbures, notamment dans les services, la sous-traitance et la production d’électricité aux investisseurs nationaux. Il a précisé, dans ce sillage, que le ministre «nous a sollicités pour contribuer activement dans la promotion et le développement de ce secteur et veiller ainsi à diminuer la facture des importations des équipements, estimée à 4 milliards de dollars». Le président de l’organisation patronale s’est montré optimiste, quant à cette rencontre, en assurant que celle-ci constitue un pas dans l’investissement privé en Algérie. À l’occasion de la rencontre, le ministre a exposé le plan d’action du gouvernement pour le secteur de l’énergie. L’Algérie compte produire 4 500 MW d’énergies renouvelables en 2020, et veut porter la production à 22 000 MW à l’horizon 2030, selon les propos du ministre rapportés par Haddad. Il y aurait également un plan d’investissements à l’horizon 2030 dans l’industrie pétrolière et parapétrolière, selon Ali Haddad, qui ne précise pas les montants prévus par le ministre de l’Énergie. Cela dit, Salah Khebri a invité les acteurs privés à contribuer activement au développement du secteur. Selon Ali Haddad, le ministre de l’Énergie a souhaité que le FCE encourage et sensibilise les entreprises privées à investir dans le secteur, notamment dans le volet des services et de la production de l’électricité, car, a-t-il dit, «nous avons un grand déficit en matière d’électricité».
«La sécurité d’un pays c’est bien l’énergie et les TIC», a-t-il lancé, estimant que « tous les secteurs doivent être aujourd’hui ouverts aux privés, afin d’assurer un développement durable à l’économie nationale». S’agissant de l’agriculture, l’intervenant a indiqué que ce secteur constitue un levier pour l’économie algérienne, dont la main-d’œuvre représente une force majeure. De surcroît, pour ce qui est des télécoms, Haddad a rappelé que la coupure du câble sous-marin, reliant Annaba-Marseille, a coupé l’Algérie du monde, d’où l’urgence de développer ce secteur. D’autre part, Haddad a assuré que la règle 49/51 ne représente guère «un obstacle» pour les investisseurs étrangers, tout en assurant que les hommes d’affaires sont nombreux à solliciter des partenariats avec l’Algérie.
Lamia Boufassa