Une statue irakienne, détruite par le groupe jihadiste État islamique, a été reproduite et inaugurée mercredi à Trafalgar Square, à Londres, une initiative visant à célébrer la culture irakienne.
Cette statue d’un Lammasu, taureau ailé à face humaine, a été réalisée par l’artiste américain d’origine irakienne Michael Rakowitz, à partir de 10.500 boites de conserve de sirop de dattes. Elle mesure 4,5 mètres de haut et pèse six tonnes. Elle a été nommée «The invisible enemy should not exist» («L’ennemi invisible ne devrait pas exister»).
Il s’agit d’une réplique d’une statue élevée en 700 avant J.C., aux portes de la ville de Ninive, en Mésopotamie. Elle avait été détruite par le groupe État islamique en 2015 sur le site archéologique de Nimroud.
«Pour moi, cette statue représente beaucoup de choses», a expliqué Michael Rakowitz à l’AFP. «Cela évoque aussi bien la déshumanisation du peuple irakien que les pertes qu’il a subies». Cette réalisation s’inscrit dans un projet visant à reproduire 7.000 objets et oeuvres d’art volés dans les musées irakiens ou détruits depuis le début de la guerre d’Irak, en 2003. Le choix de boites de conserve de sirop de dattes a été fait pour représenter une industrie qui fut florissante en Irak, avant de décliner à cause de la guerre.
L’élévation de cette statue à Londres constitue «un acte de résistance» contre l’extrémisme islamiste, a estimé le maire de la capitale, Sadiq Khan. «Cela envoie un message clair: nous ne nous laisserons pas défier, effrayer ou intimider, nous resterons unis», a-t-il déclaré à l’AFP.
L’oeuvre a été installée pour deux ans sur un des quatre socles qui bordent la place de Trafalgar Square, celui qui, contrairement aux trois autres, n’a jamais été orné d’une sculpture permanente.
Depuis 1998, ce socle a été utilisé pour présenter temporairement des oeuvres d’art, notamment une maquette du bateau de Nelson enfermée dans une gigantesque bouteille en verre de l’artiste anglo-nigérian Yinka Shonibare ou une sculpture représentant l’artiste britannique Alison Lapper pendant sa grossesse, réalisée par l’artiste britannique Marc Quinn.