Face à un mouvement de protestation qui ébranle le système et le gouvernement et remet en cause sa politique, l’opposition, à travers ses partis politiques et les personnalités nationales qui la compose, s’engouffre dans la brèche, où chacun de ses acteurs porte la prétention d’être la locomotive de ce soulèvement pacifique.
Néanmoins, après avoir vu les Ali Ghediri, Louisa Hanoune et Moussa Touati, hués par les manifestants lors des précédentes marches de vendredi, les Algériens se demandent quelle figure de l’opposition qui pourrait incarner au mieux le mouvement de la rue. En l’absence d’un sondage sérieux et bonne et due forme, chacune des personnalités politiques se voit le leader en mesure de mener les aspirations de la rue.
Abderrazak Makri: «Le peuple nous a redonné espoir»
« Ils ont dit : “Makri n’a pas été chassé des manifestations parce qu’il était parmi ses militants. ”Soit ! Si nous avions autant de nombre de militants mobilisés pour protéger leur leader, alors notre Mouvement est vraiment grand», a écrit hier, sur son compte facebook, Abderrazak Makri, président du MSP. Dans ce qui semble une réaction à ceux qui ne se montrent pas très convaincus des images qu’il postait sur Facebook, le montrant dans la rue avec des jeunes en train de manifester avec les marcheurs. Il renchérit : « Cela fait de longues années que nous sensibilisions les citoyens contre les conséquences de la corruption, la trahison et la mauvaise gestion du pays ». « Et à un moment de relâchement, en voici le grand peuple que nous aimions et qui nous aime, nous redonne espoir », a-t-il conclut.
Sofiane Djilali: «Jil Jadid refusera toute tentative de détournement de la volonté populaire»
Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, défend la position de son parti comme étant le premier à avoir appelé à la mobilisation et protester dans la rue. « Jil Jadid a contribué, sans conteste, à la prise de conscience populaire, à la mobilisation citoyenne et à l’affranchissement de la peur », a-t-il indiqué, dans un communiqué diffusé dimanche soir. « Jil Jadid refusera et dénoncera toute tentative de détourner de la volonté populaire et agira exclusivement avec honneur, dans l’optique de faire aboutir les exigences citoyennes », a poursuivi Djilali. En guise de solution à la crise, ce dernier préconise des mesures dans une sorte de feuille de route : reconnaissance du Président Bouteflika à travers « une lettre présidentielle » de son incapacité à gouverner, annulation de la Présidentielle du 18 avril prochain, la mise en place d’un « Forum national », chargé de constituer un gouvernement neutre et de préparer les conditions d’une véritable élection présidentielle dans un délai raisonnable de 12 mois.»
Ali Benflis: «Quatre mesures pour aboutir à une issue »
Ali Benflis, président de Talaïe El Hourriet, a mis en avant, lui aussi, ses propres propositions pour une sortie de crise. « Quatre décisions, si elles viennent d’être décrétées, le peuple sortira dans la rue pour applaudir des loueurs d’une issue proche ; renoncement du cinquième mandat, démission du gouvernement, dissolution de l’Instance de surveillance des élections (HIISE) et la démission de président du Conseil constitutionnel », a suggéré Benflis, dimanche soir. « Personnellement, je suis pour une solution consensuelle, pacifique et graduelle, afin de bâtir un nouveau État et jeter les bases d’une véritable légitimité », a-t-il souligné.
Le surprenant appel à l’Armée d’Abdellah Djaballah
« Le peuple a appelé à reconquérir ses droits au pouvoir et à la richesse, en toute légitimité, justice, droit et humanité. Il a revendiqué cela à travers des marches pacifiques et propres, qui ont imposé le respect de tout le monde », a écrit hier, Abdellah Djaballah, président du FJD-El-Adala. « Mais, le pouvoir ne lui a pas répondu et n’a manifesté aucun signe d’apaisement pour calmer le peuple et lui redonner confiance en son avenir. Cette entêtement du pouvoir l’a poussé à une grève générale et massive pour que nous nous réveillons le lendemain, 10 mars, avec la fermeture de la totalité des magasins et des services », a ajouté Djaballah. En considérant que le peuple attend toujours une réponse à ses revendications, il estime que « l’institution militaire, avec ses capacités et son aura dans la société, est invitée aujourd’hui à réagir positivement à la mobilisation du peuple, en retirant le dossier de candidature de Bouteflika et reporter les élections ».
Hamid Mecheri