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DERNIER VIRAGE DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE AVANT LE JOUR «J» : Qui aura le dernier mot ?

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L’Algérie vit les dernières heures de la campagne électorale avant l’élection présidentielle de ce jeudi 12 décembre. Un scrutin précédé par le 42ème acte de mobilisation du Mouvement populaire et citoyen, qui a marqué massivement, vendredi dernier, la dernière marche avant le rendez-vous électoral. Entre temps, les candidats ont fait leurs dernières apparitions publiques, dans un débat télévisé – le premier du genre dans l’histoire de l’Algérie – pour convaincre les électeurs.

Ils sont cinq candidats à se disputer la magistrature suprême du pays: Azzedine Mihoubi, Ali Benflis, Abdelmadjid Tebboune, Abdelaziz Belaïd et Abdelkader Bengrina. Au demeurant le suspense demeure entier, quoique le candidat du RND soit présenté comme favori de cette élection, et le véritable challenge de cette présidentielle est ce face-à-face entre les pro-élections d’un côté et les anti-élections de l’autre.

Un Hirak qui pèse plus de neuf mois de contestation
Depuis l’avortement du cinquième mandat du président déchu, la présidentielle a été reportée par deux fois. Le scrutin a été initialement prévu en avril, mais il a été reporté au 4 juillet et ensuite pour le 12 décembre, après le déclenchement du Mouvement du 22 février. Cependant, après près de dix mois de l’avènement de ce mouvement de protestation, rien ne semble persuader les manifestants de rentrer chez eux. Le boycott est le mot d’ordre des hirakistes. Les candidats sont ainsi devenus la cible et les symboles de ces élections.
Décriés pendant les marches de mardi et vendredi, et raillés sur les réseaux sociaux, les candidats ont éprouvé du mal à tenir leurs campagnes et rassemblements populaires dans plusieurs wilayas. Dans la capitale, à titre d’exemple, il est difficile de tomber sur un panneau d’affichage avec les portraits des candidats accrochés. Mais la méfiance des électeurs se manifeste aussi dans le fait qu’aucun candidat n’a réussi à remplir la salle réquisitionnée pour animer son meeting. Nous n’avons pas vu encore un candidat réussissant à remplir une salle comme Harcha Hassane.

Une confrontation télévisée entre les candidats
La campagne électorale a été marquée notamment par la soirée de vendredi dernier. Dans un débat télévisé unique et le premier du genre en Algérie, les cinq candidats ont été présentés dans un show médiatique face aux téléspectateurs algériens qui ont eu à jauger de la spontanéité des candidats.
C’est une première en Algérie, mais malheureusement le show n’a pas, semble-t-il, réussi à attirer l’attention. Pendant près de trois heures, les cinq candidats n’ont pas réussi à se démarquer sur les thèmes proposés, se contentant de relier des promesses et des engagements ne sortant pas du cadre de souhaits et d’intentions. Point de véritables analyses politiques et de mesures précises pour surpasser la crise multidimensionnelle en cours dans le pays. Non plus des mesures pour rassurer le Mouvement populaire. En termes de performance, Azzedine Mihoubi a montré particulièrement une attitude et une maîtrise de son sujet de par son réalisme par rapport à ses concurrents.

Une campagne qui navigue à vue
Les cinq candidats se sont exprimés sur plusieurs points, mais sans réussir à séduire le Mouvement populaire, comme par exemple leurs réponses sur les mesures à apporter au problème du chômage. Abdelmadjid Tebboune, candidat indépendant, s’est engagé à créer des postes d’emploi à travers plusieurs politiques visant à intégrer les jeunes dans l’économie du savoir, et à encourager la création des start-up, et de construire une économie « forte » qui ne repose pas beaucoup sur les rentes et qui répond aux besoins sociaux des citoyens. Sur fond de procès des deux anciens Premiers ministres ainsi que des ex-ministres et de trois hommes d’affaires en cours, Tebboune, qui a brillé par ses déclarations sur le comment de la restitution de l’argent dilapidé et transféré à l’étranger, s’il était élu, intrigue plus qu’il en rassure. En effet, dans le cas contraire, c’est-à-dire s’il ne serait pas élu, va-t-il dévoiler ses informations et collaborer avec la Justice pour restituer ces fonds, ou rester silencieux, ce qui s’assimilerait à une complicité dans ce crime ? Le candidat Abdelaziz Belaïd s’est engagé, en cas de victoire, à faire recruter les quelque 400 000 diplômés/an qui sortent des universités à travers le renforcement des secteurs de l’Agriculture et du Tourisme, en promettant de réserver 54 000 hectares à convertir en assiette foncière pour des projets touristiques susceptibles de créer 100 villages touristiques. De même, le candidat Ali Benflis a promis de réduire le taux de chômage chez les jeunes universitaires, estimé à 30 %, considérant que la relance économique pourrait, à elle seule, faire face au problème du chômage. Il faudrait, selon lui, mettre un terme à « la politisation » de l’économie, et à la bureaucratie, et veiller, en revanche, à l’instauration d’un climat des affaires « sain et propre », à l’encouragement des entreprises, à la création d’une banque spéciale pour le financement des PME, au soutien des jeunes chômeurs.
Pour l’autre candidat, Azzedine Mihoubi, le taux de chômage en Algérie a prouvé que la machine économique est « en panne » et incapable de créer des postes d’emploi, promettant de traiter économiquement cette question et non socialement. Pour sa part, Abdelkader Bengrina a indiqué qu’il traitera « la situation catastrophique » dans laquelle se trouve l’économie nationale qui enregistre des indicateurs négatifs et ce à travers l’investissement dans le capital humain et l’entreprise qui crée la richesse et favorise la croissance, notamment dans les énergies renouvelables, l’agriculture et le tourisme.
Le candidat du parti islamiste se distingue notamment par ses déclarations à la limite du comique. Sur les réseaux sociaux, Bengrina a bien réussi à faire tourner ses propos en ridicule.
Ses vidéos sont visionnées et partagées largement sur les réseaux sociaux, au grand bonheur des Youtubeurs et vidéastes. Il est à signaler aussi qu’aucun des cinq candidats ne s’est déplacé à l’étranger pour animer sa campagne auprès de la diaspora nationale. Hier, premier jour du début de vote en avance pour la communauté algérienne à l’étranger, des manifestants ont envahi plusieurs centres de vote en France, Malte et Espagne notamment pour exprimer leur refus de ce scrutin.
Hamid Mecheri

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