D’aucuns croiraient à une déclaration coup d’éclat pour mobiliser ou à défaut démobiliser l’électorat pour ou contre son parti, dans la foulée d’une campagne électorale en manque d’attraction. Aussi morose que des animateurs parmi les chefs de partis politiques font parfois dans le délire pour faire le buzz. Sauf que, l’appel n’a pas été lancé devant la foule et en plein meeting électoral, mais dans une tribune médiatique exclusivement destinée à la consommation de l’opinion nationale.
Abdelaziz Belaid, le président de Front El Moustakbal (FEM), puisque c’est de lui qu’il s’agit, fera à nouveau parler de lui pour avoir plaidé une amnistie générale dans le pays. Intervenu hier sur le forum du quotidien arabophone « El Hiwar », l’ex-candidat à l’élection présidentielle de décembre 2019 passe par-delà les prochaines élections et relance le débat sur détenus responsables de corruption et de détournement des biens publics derrière les barreaux. Un deuxième rebondissement, faut-il le rappeler, en l’espace de quelques mois.
Belaïd fait d’emblée un retour sur les 20 ans de règne du président déchu, Abdelaziz Bouteflika, pour décrire une situation de confusion générale dans le pays qu’il était difficile pour lui de distinguer entre « la légalité » et « l’illégalité ». Une raison qui fait dire à l’orateur que « nous sommes tous victimes d’un système corrompu ». Et à lui d’aller droit au but par s’interroger : « les gens (membres de la Issaba, ndlr) qui ont bénéficié de crédits bancaires, les ont-ils obtenu par la force ou la violence ? » Et de répondre : « Pour eux, ils ont bénéficié de cet argent dans le cadre de la loi. C’est pour cela qu’il se passait beaucoup de choses qu’on considérait légales. »
Le chef du FEM a enchainé pour évoquer le bardage du foncier industriel pour s’interroger davantage si les personnes incriminées ont en eu accès par la force. « Il leur a été accordé des milliers d’hectares dans une conjoncture caractérisée par des pratiques illégales mais devenues légales du point de vue général », dira-t-il à ce propos. A partir de ce constat, estime Belaïd, « on doit réparer » ce qui s’apparente, selon lui, à une sorte d’« injustice », « tourner la page et ouvrir une autre, mais sans pour autant oublier » histoire de dire qu’il faudrait tout juste tirer des leçons.
Farid Guellil