Dans le tourbillon de peur que le nouveau coronavirus continue à provoquer à l’échelle mondiale, le ministère algérien de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière tente la carte de la sensibilisation.
Il tient également à rassurer les Algériens en vulgarisant ce qui est connu jusqu’à présent de ce qui, en Chine, est qualifié d’épidémie, ainsi qu’en communiquant sur les mesures prises pour parer à toute éventualité. Dans une conférence de presse tenue hier au siège du ministère, le directeur de la Prévention, M. Djamel Fourar, a énuméré, devant un parterre de journalistes, les consignes données notamment aux aéroports. « Nous avons pris toutes les mesures au niveau des aéroports internationaux pour se prémunir contre l’épidémie du Coronavirus », dira-t-il, assurant que des équipes médicales sont continuellement mobilisées pour la détection de potentiels cas. « En plus des examens qui s’imposent, on demande aux voyageurs de se rendre à l’établissement sanitaire le plus proche en cas de fièvre ou d’autres malaises », a-t-il ajouté, car il n’est pas sûr qu’on puisse, même avec caméras thermiques et autres contrôles médicaux, détecter toute personne porteuse du virus. M. Fourar a également fait savoir qu’une cellule de veille travaillant en étroite collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est mise en place au niveau du ministère.
Des vols à haut risque
À la question de savoir si c’est tous les voyageurs qui sont mis en examen, le directeur de la Prévention au ministère répondra par la négative. « Il n’est pas besoin de procéder à des examens rigoureux pour des vols en provenance de Francfort et de Paris, par exemple », dira-t-il, avant de citer « les vols à haut risque ». Il s’agit, entre autres, d’Istanbul, Dubaï et Doha. Concernant les pèlerins qui sont de retour de la Mecque après l’accomplissement de la « Omra », le conférencier fera savoir que des mesures particulières ont été prises. En plus des contrôles effectués au niveau des aéroports, une campagne de sensibilisation intense est menée auprès des concernés. La vigilance semble de mise surtout qu’on sait qu’une infirmière indienne travaillant en Arabie saoudite a été testée positive au coronavirus.
Taux de mortalité faible
Toujours dans la perspective de rassurer les populations, point sur lequel tous les présents parmi lesquels on a compté le directeur de l’Institut Pasteur, Dr Zoubir Harrat, M. Fourar a fait également appel au langage des chiffres. Il rappellera que sur les quelques 2 000 cas avérés, uniquement une cinquantaine (56 au moment où nous mettons sous presse) de décès ont été enregistrés. Loin de vouloir minimiser les risques d’un virus contre qui aucun vaccin n’est disponible pour le moment, il insistera sur la faiblesse relative de la mortalité. « On n’est vraiment loin du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) », dira-t-il encore.
Présents à la conférence, des cadres du ministère, se basant sur des études rendues publiques par l’OMS, ont, en outre, fait le profil des personnes qui succombent le plus au nouveau coronavirus : elles sont, pour la plupart, âgées de 49 ans et plus, et souffrent déjà de pathologies à l’instar du diabète et d’insuffisance rénale.
« Aucun pays n’est vraiment prêt à faire face à une épidémie de grande envergure »
Énumérant les symptômes principaux d’une contamination (fièvre et signes respiratoires de type toux ou essoufflement, détresse respiratoire aiguë dans les cas plus sévères, pneumonie…), les cadres du ministère de la Santé ont fait la liste des gestes et réflexes préventifs à adopter : hygiène, lavage des mains, utilisation des serviettes… À la question de savoir si l’Algérie est en mesure de faire face à une invasion du virus, le directeur de la Prévention au ministère dira : « aucun pays n’est préparé à faire face à une épidémie de grande envergure. Cependant, le dispositif mis en place est adaptable et modelable ».
Éviter de se rendre en chine
Le ministère de la Santé fera également savoir qu’il travaille en étroite collaboration avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ainsi que celui des Affaires étrangères pour apporter l’assistance nécessaire aux Algériens qui font des études en Chine. Il a été également recommandé aux Algériens, s’il n’y a pas urgence, de ne pas se rendre en Chine, car, s’accordent à dire les conférenciers, le nombre des contaminés – et probablement des décès – va certainement augmenter.
Hamid Fekhart