C’est dans l’objectif d’identifier les voies et moyens pour la prévention de l’extrémisme violent dans la région Sahélo-Saharienne, notamment par le traitement des causes à l’origine de ce fléau, que se tient, depuis hier, à Alger, la 3ème édition des «Conversations régionales pour la Prévention de l’extrémisme violent» consacrée à la région sahélo-saharienne.
Un fléau qui, pour Larry Gbevlo-Lartey, représentant spécial de l’Union africaine (UA) pour la Coopération antiterroriste et directeur du Centre africain d’Études et de Recherches sur le terrorisme (CAERT), «gagne de plus en plus de force et de terrain» a-t-il averti d’emblée , lors de son intervention, hier matin, à l’ouverture des travaux de ce rendez-vous d’Alger, qui se sont poursuivis, à huis clos, pour se clôturer aujourd’hui, par l’adoption de recommandations. Intervenant pour le lancement officiel, hier, de l’Édition des Conversations d’Alger, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel a estimé que «le phénomène de la radicalisation et de l’extrémisme violent est aujourd’hui un fléau auquel est confronté un nombre croissant de pays», avant d’ajouter que sa progression dans certaines régions de l’Afrique est facilité» a-t-il souligné «par la combinaison de deux facteurs, venus s’ajouter à ceux que nous connaissons déjà», à savoir : d’une part, a-t-il indiqué «Internet, les réseaux sociaux, les plateformes cryptées et même le Darknet» et d’autre part, poursuit Messahel «l’intéressement financier de jeunes rendus vulnérables par la pauvreté et l’absence de perspectives socio-économiques».a-t-il rappelé. La 3ème édition des Conversations régionales pour la Prévention de l’extrémisme violent, consacrée à la région sahélo-saharienne, qu’abrite Alger, est organisée, pour rappel, avec le soutien du pays hôte, par le Bureau des Nations unies (ONU) pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), du Centre africain d’Études et de Recherches sur le Terrorisme de l’Union africaine (CAERT), de l’Institut international pour la paix (IPI) et le Département fédéral des Affaires étrangères de la Suisse (DFAE).
La rencontre d’Alger, intervient, après celles tenues, en 2017, à N’Djamena, capitale Tchadienne et à Dakar, Sénégal, en 2016. Relevant que la 3ème Édition d’Alger, des Conversations régionales par sa thématique et par la région à laquelle elle s’adresse, «s’inscrit pleinement dans l’action de sensibilisation, d’échange de bonnes pratiques et de partage d’expérience» il a rappelé, que «l’Algérie est engagée» sur cette voie, «à différents niveaux et dans différents foras» a indiqué Messahel. S’agissant de l’objectif final de ce genre de rencontres et d’initiatives, le chef de la diplomatie algérienne, indique, que celui-ci «vise à mobiliser l’effort collectif des pays» outre à renforcer, a-t-il ajouté «nos capacités respectives de lutte contre cette menace, qui ignore les frontières», en particulier, rappelle Messahel «dans cette région du Sahel avec laquelle l’Algérie partage de fortes relations historiques, humaines, culturelles, économiques et sécuritaires» a-t-il déclaré. Étaient présents à la rencontre des Conversations régionales pour la prévention de l’extrémisme violent, consacrée, dans son Édition d’Alger, à la région sahélo-saharienne, les ambassadeurs de pays accrédités à Alger, outre de plus d’une soixantaine de participants africains, responsables politiques, parlementaires, chercheurs, experts, représentants des forces de la défense et de la sécurité, de la société civile, et des autorités religieuses, venus d’Afrique Centrale, du Nord et de l’Ouest, ainsi que le représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies (ONU) pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, M. Mohamed Ibn Chambas, de l’ambassadrice de Suisse en Algérie, Muriel Berset Kohen, de Youcef Mahmoud, Senior Advisor de l’International Peace Institut (IPI).
Placées sous le thème «investir dans la paix et la prévention de la violence dans la région sahélo-saharienne» dans son intervention, le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, M. Mohamed Ibn Chambas a affirmé que «le terrorisme se propage encore et les groupes terroristes se sont adaptés», plaidant en faveur de davantage d’efforts des uns et des autres, pour répondre aux causes profondes à l’origine de ce fléau, notamment par le soutien « des acteurs locaux à s’approprier la prévention de la violence et de l’extrémisme», car, ajoute-t-il «ils (les acteurs locaux :NDLR) sont les plus concernés» ce qui conduira, sans nul doute à «son ancrage». Par ailleurs, que l’effort sécuritaire dans la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent «doit s’intégrer dans des approches politiques, économiques, sociales, culturelles et sécuritaire». Si dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’extrêmisme violent, relever les défis et les enjeux sécuritaires a et continue de connaître des avancées notables,, sur les plans local, régional continental et international, il est impératif, selon les intervenants, hier, dont Messahel, Mohamed Ibn Chambas et Larry Gbevlo-Lartey, de faire de même, pour les défis et les enjeux de la situation socio-économique difficile de certains pays, d’autant plus que le discours extrémiste et les groupes terroristes se nourrissent de ces conditions difficiles de misère et de pauvreté, pour le recrutement dans leurs rangs. Selon Messahel «s’il est indispensable, l’effort sécuritaire, doit nécessairement s’intégrer dans les approches politiques, économiques, sociales et culturelles à long terme» des approches qui ciblent, a-t-il poursuivis «les possibles facteurs d’exclusion, de marginalisation ou même d’injustice sociale qui peuvent exister dans la société et que la propagande terroriste exploite extensivement à son avantage».
Karima Bennour
MESSAHEL SUR LA LUTTE CONTRE L’EXTRÉMISME VIOLENT
«La promotion de la démocratie en tant qu’antidote au terrorisme»
Relevant hier, lors de son allocution d’ouverture de la 3ème Édition des Conversations régionales pour la prévention de l’extrémisme violent» consacrée à la région sahélo-saharienne, que la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent «est un défi qui nous interpelle individuellement et collectivement» Abdeklkader Messahel a tenu à souligner que «sa prise en charge adéquate exige la mobilisation de l’État, des institutions publiques, de la société civile et surtout du citoyen», comme elle nécessite, a-t-il ajouté «la mise en place de stratégies multisectorielles à long terme qui implique tous les secteurs d’activités».
Une voie sur laquelle notre pays «s’est engagé très tôt», a rappelé Messahel, hier, expliquant que c’est cette approche algérienne consistant, d’une part, a-t-il indiqué «à maintenir un haut niveau de vigilance des forces armées et des services de sécurité à l’intérieur du pays et sur les frontières», elle a permis d’autre part, «à la mise en œuvre de politiques globales centrées sur la promotion de la démocratie en tant qu’antidote au terrorisme et à l’extrémisme violent» a déclaré Messahel, hier.
Et de rebondir, dans cet même ordre d’idée, «sur le renforcement des leviers de l’État de droit, la promotion de la bonne gouvernance et de la reddition des comptes, sur le respect des droits de l’homme et des libertés individuelles et publiques» et d’ajouter aussi sur «la lutte contre les fléaux sociaux dans leur diversité ainsi que sur la promotion de la justice sociale et le vivre ensemble en paix» précise Messahel, hier, à Alger.
K. B.